mercredi 28 août 2024

Génération Le bon coin

Avec les années, le site Le Bon Coin est devenu une véritable institution en France.

Cousin de eBay et autres sites de mise en rapport entre vendeurs et acheteurs, il a été plébiscité par nos compatriotes et brasse des milliers (millions?) d'annonces chaque jour, dans des domaines extrêmement variés.

Devenu un must pour les gens qui souhaitent acheter moins cher ou vendre d'occasion, sa simplicité et son caractère généraliste (on trouve vraiment de tout) lui ont permis de devenir incontournable.

Certains l'ont même détourné pour se faire des sous avec, que ce soit en faisant le grossiste ou en jouant tout simplement les spéculateurs.

Personnellement je me suis mis à ce type de site pour deux raisons.

La première c'est que je cherche régulièrement des livres indisponibles dans le commerce, pas nécessairement précieux mais plutôt épuisés.

La seconde c'est que je déteste jeter quelque chose qui est encore utilisable, même si je n'en ai pas besoin.

J'ai déménagé, eu des enfants qui ont grandi, j'ai reçu des cadeaux dont je me sers pas, donc j'ai fait du stock de choses en trop, d'autant plus que la place est chère dans ma ville. Et du coup j'ai utilisé le bon coin pour me débarrasser d'un paquet d'entre elles.

Cela m'a permis de rencontrer beaucoup de gens et de me faire un panel de clients variés.

Je ne peux pas dire qu'il y ait un acheteur type, mais certaine catégories se sont dégagées.

La première, que je fuis comme la peste, c'est celle des négociateurs fous.

Certains commencent à vouloir un rabais dès leur réponse à l'annonce, même si, comme j'ai fini par le faire, elle contient la mention prix non négociable.

Je boycotte directement ce modèle-là.

Plus vicieux sont ceux qui vont négocier mais seulement le jour de la livraison, avec plus ou moins de conviction.

Je me rappelle d'un daron venu acheter un banjo-guitare à prix cassé qui m'a gratté quelques euros sous le prétexte d'un coin vaguement éraflé: c'était évident que de toute façon il aurait par principe trouvé quelque chose à redire.
 
Ayant du mal à me débarrasser de cet instrument, j'ai cédé.

Autre souvenir plus désagréable: j'avais un rendez-vous avec un type qui venait pour un petit meuble que je vendais pour une bouchée de pain.

Est arrivé un modèle parfait de racaille-islamiste qui, descendu avec un copain d'un énorme 4x4 aux phares cassés, m'a d'entrée demandé une réduction.

Curieusement, je n'ai pas refusé (!), et je me suis félicité d'avoir sorti le meuble de chez moi avant (c'est devenu une règle depuis).

Mon dernier souvenir de ce genre est une fille venue pour un vélo et m'annonçant sèchement que c'était trop cher et que ça ne l'intéressait pas.

Autre type de mauvaises expériences: les lapins. On se donne rendez-vous, on se pointe avec l'objet, et on se retrouve seul sans explication (je ne parle évidemment pas des retards, toujours possibles).

Curieusement, j'ai noté que c'était plus fréquent lorsqu'il s'agissait de dons.

Je proposais ainsi deux dictionnaires de petite école à qui le souhaitait et une bonne femme qui avait sauté sur l'annonce n'est tout simplement pas venue aux deux rendez-vous convenus avec elle, prouvant son absence totale de politesse et de respect.

Bon à côté de ça la personne qui me les a finalement pris s'est confondue en remerciements, et lors d'un autre don, j'ai même reçu une tablette de chocolat, l'acheteur étant trop gêné de ne rien donner en échange.

Un autre modèle d'acheteur c'est celui qui a tout prévu.

Par exemple l'homme qui m'a racheté mon lave-vaisselle est venu oreillette en place, avec sa checklist à vérifier, la camionnette et tout le nécessaire pour l'emmener.

Idem pour celui qui avait récupéré les barres de toit de ma 205, c'est limite s'il n'avait pas prévu le porte-barres-de-toit-de-205 dans son coffre.

Enfin j'ai également pu constater que l'adage qui dit que les femmes ont plus le sens du détail que les hommes est souvent vrai.

Le plus flagrant c'est quand j'ai voulu vendre mon porte-bébé dorsal.

Immédiatement j'ai eu plusieurs mères qui s'enquéraient d'aspects pratique comme de savoir s'il était muni d'un accessoire pour protéger du soleil.

A contrario un père divorcé qui sautait sur l'aubaine ne m'a posé aucune question (c'est à lui que je l'ai finalement vendu).

Enfin j'ai aussi constaté que pas mal des choses que j'ai cédées étaient destinées aux enfants de mes acheteurs.

Un homme m'a pris mon vieil ampli de basse pour sa fille qui désirait s'y mettre.

Une femme modeste est venue en RER avec ses deux petites filles pour me prendre deux vélos et les essayer (j'étais heureux que les montures de mes enfants poursuivent leur existence et de les avoir laissées pour pas cher).

Celui qui m'avait donné la plaque de chocolat avait récupéré la peluche panthère grandeur nature pour ses enfants.

Enfin, le plus surprenant était ce père qui construisait un salon de danse pour sa fille.

Il était donc intéressé par les miroirs géants qui parsemaient l'appartement que je venais d'acheter (au passage, j'ai découvert à l'occasion que ce genre de choses coûtait un bras).

Le bon coin est finalement l'occasion de se frotter à toutes sortes de gens, ce qui, au-delà de l'intérêt -principal !- du marché de la deuxième main, est un aspect sociologique intéressant.

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