mercredi 28 août 2024

Chanson (7): Lazy

Au lycée, beaucoup de mes amis étaient des "hardos", comme on disait alors, qui ne juraient que par les différentes déclinaisons du metal, death, trash, heavy, speed ou autre, ainsi que par le rock estampillé hard.
 
Comme tout membre d’une tribu, ils méprisaient les autres et mes goûts alternatifs étaient impitoyablement critiqués. Sans même parler de Balavoine, qui me valut l'étiquette d'irrécupérable, certains groupes de rock que j’aimais étaient aussi mis à l'écart.
 
C'était le cas de Scorpions, qualifié de Hard FM, mais aussi des Doors, découverts grâce au film éponyme et que j'avais tellement aimés que je m'étais procuré l'intégrale de leurs albums studio.
 
Pour me ramener dans le droit chemin, un de ces amis me suggéra un jour d'écouter Deep Purple: puisque ce groupe utilisait lui aussi un clavier, tel de vulgaires Doors, cela pourrait bien me plaire.
 
C'est nanti de cette recommandation que j'achetai un jour un exemplaire en cassette de Machine Head, l’un de leurs albums légendaires, celui qui contient notamment Smoke on the water, titre entré au panthéon du rock comme le Satisfaction des Stones, le Gloria des Them ou le Thunderstruck d’AC DC.
 
Pari gagné à moitié pour mon ami: si mon goût pour les Doors ne disparut pas, j'accrochai tout de suite à cet album qui devient un pilier de ma discothèque.
 
En revanche, je ne devins jamais un fan accompli du groupe.
 
Si les extraordinaires dialogues entre le clavier de Jon Lord et la guitare de Ritchie Blackmore me séduisirent immédiatement, les voix hauts perchées et hurlantes des chanteurs successifs, très dans le ton de l'époque, ne me plaisaient pas trop, et le côté progressif-symphonique dans lequel ils s'égarèrent souvent non plus.
 
Cependant Machine head reste un album indispensable pour moi, essentiellement pour l'incroyable titre dont je vais parler aujourd'hui: Lazy.
 
C'est un morceau très long qui commence lentement, par une sorte d'introduction en douceur sur fond de nappes de clavier qui font tout de suite entrer dans l'ambiance et laissent supposer une suite plus musclée.
 
Celle-ci arrive après deux phrases au clavier et à la guitare (la fameuse signature Deep Purple dont je parlais plus haut) qui se répondent comme en hésitant, avant que les deux musiciens ne se lâchent complètement et n’embrayent sur un magnifique dialogue croisé, dont le déluge de notes est un vrai régal pour les oreilles.
 
C’est après ce très long début que le chanteur entre en scène, balançant son histoire d'un type indécrottablement fainéant qui préfère son lit à tout.
 
Peu de paroles, alternées avec un harmonica puissant qui swingue, puis une deuxième dose de dialogue guitare/clavier, ponctué juste quand il faut par les cris du chanteur, pour aller vers une fin marquée par des petits ralentis/accélérés et qui atterrit comme on fait une révérence.
 
Il y a dans ce morceau, malgré une rythmique implacable (la basse ronronne comme jamais) un côté léger, aérien, qui fait décoller en douceur. C'est presque un peu coloré jazz mais sans que jamais ça fasse trop.
 
Lazy est clairement pour moi une chanson parfaite qui me donne toujours un sentiment de plénitude. Je l'écoute régulièrement et m'envole littéralement à chaque fois, et rien de ce que j'ai pu entendre de Deep Purple par la suite n'est arrivé à sa hauteur.

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