J'ai déjà parlé du bouleversement qu'a été l'irruption d'Internet dans ma vie, comme dans celle de tous les gens qui ont connu cet événement.
Petit à petit, ce réseau s'est installé au cœur de nos existences, au point qu'aujourd'hui il n'est désormais plus vraiment possible de vivre sans connexion et sans smartphone.
Il n'existe plus d'alternative à l'utilisation d'une application en ligne pour payer son ticket de parking, pour consulter les notes de son enfant, pour suivre les événements de son club ou pour déclarer au fisc l'utilisation faite de son patrimoine immobilier.
Il est désormais indispensable de réserver sa visite à tel ou tel musée ou expo, et cela n'est de plus en plus possible qu'en ligne.
Pour toutes ces raisons on finit par acheter un smartphone et l'abonnement associé.
Une fois que c'est fait, la fonction créant l'organe, on y stocke des pense-bêtes, des numéros, des photos, on utilise Google dès qu'on s'interroge sur quelque chose, futile ou non, on y écoute sa musique, on y calcule son chemin, etc.
Au final le réseau des réseaux et son terminal sont devenus une extension de notre vie, indispensable, indétrônable et omniprésente.
Ce qui en retour change aussi notre façon de vivre et de penser.
L'avènement de cet accès permanent 24h sur 24 fait par exemple que l'on ne sait plus attendre.
Le stockage illimité fait aussi qu'on n'imagine plus quelque chose sans son replay.
L’obsession du partage fait qu’on photographie ce qu’on est censés vivre pour le mettre à disposition sur les réseaux.
On s'habitue à commander ses voyages et ses cadeaux depuis sa chambre le soir en pyjama ou depuis son bureau, sans plus passer par les magasins ou les agences, qui disparaissent.
La vie en mode asynchrone (message / attente réponse) est tellement devenue la norme qu’on ne sait plus téléphoner ou convenir d’un rendez-vous physique.
De même, on ne s'étonne plus de discuter avec des IA de plus en plus perfectionnées quand on a besoin d'aide.
En parallèle, la sursollicitation permanente fait que l'on est de plus en plus rarement concentré à 100% sur ce que l'on fait.
Je me suis rendu compte avec perplexité que moi-même, quand je lis un livre ou que je regarde un film, je passe désormais une partie de mon temps à zapper sur le téléphone, transférant des punchlines qui m'ont plu, recherchant des infos sur un lieu, un acteur, etc.
Checkant connement mes messages aussi, comme si les lire ne pouvait plus attendre une heure ou deux.
Toutes ces nouveautés ont trait au présent, à la vie actuelle.
Mais avec le temps Internet digère aussi de plus en plus de choses du passé.
Qu'il s'agisse de vidéos, d'articles sur des sujets historiques, de références à de vieux objets ou à des événements passés, tout finit par être référencé, indexé et accessible sur le net, tout rentre tôt ou tard dans la matrice.
Enfin pas tout à fait tout.
Il m'arrive encore de trouver des gens, des livres, des acteurs, des films, des objets, des choses enfin qui laissent Google indifférents ou pour lesquels une recherche n'aboutit à rien.
Néant.
Je viens par exemple de terminer un livre que j'ai beaucoup aimé et qui existe à peine sur Internet.
J’ai en effet constaté que si je peux le racheter sur certains sites, je ne trouve aucun élément sur son auteur, ou auteure puisque je ne connais même pas son prénom (il n'y a que l'initiale "P" sur la couverture).
Pas non plus de date de sortie, et si je n’avais pas mis le nez dans une boîte à livres, je n’aurais jamais découvert cet ouvrage dont je ne sais donc presque rien aujourd’hui.
Il n’y a pas que les œuvres, certaines personnes aussi ne sont pas ou plus sur le web.
Je pense à la fille qui jouait l'ainée dans l'émouvant Cria Cuervos ou, à l'héroïne punk du film culte La brune et moi, ou encore à Bambi Woods, l’actrice principale du classique du X Debby does Dallas: ces trois personnes n’existent que dans l’œuvre qu’elles ont laissée.
Certes, elles ont disparu avant l’ère internet, mais le fait qu’elles l’aient fait semble extraordinaire à l’heure où tout semble référencé.
Qu'il existe des choses qui ne soient pas encore digérées par l’intelligence mondiale aurait en fait tendance à me rassurer.
J'aime quand il m'arrive de tomber sur un bec de ce genre, et quand je ne retrouve pas une personne sur les réseaux, je me dis que peut-être tout simplement elle vit surtout IRL, et cela est très bien.
Çà me réconforte en me rappelant la vastitude du monde et la profondeur de l'histoire, et en soulignant que dans les marges de la matrice peut encore exister un autre monde, du moins pour le moment.
L’autre pensée qui me vient est que je me demande ce qui sortira de cette époque inédite de compilation forcenée.
Qu'adviendra-t-il quand tout sera aussi (surtout?) dans le metavers, si cela arrive réellement un jour?
Serons-nous toujours vivants ?
Petit à petit, ce réseau s'est installé au cœur de nos existences, au point qu'aujourd'hui il n'est désormais plus vraiment possible de vivre sans connexion et sans smartphone.
Il n'existe plus d'alternative à l'utilisation d'une application en ligne pour payer son ticket de parking, pour consulter les notes de son enfant, pour suivre les événements de son club ou pour déclarer au fisc l'utilisation faite de son patrimoine immobilier.
Il est désormais indispensable de réserver sa visite à tel ou tel musée ou expo, et cela n'est de plus en plus possible qu'en ligne.
Pour toutes ces raisons on finit par acheter un smartphone et l'abonnement associé.
Une fois que c'est fait, la fonction créant l'organe, on y stocke des pense-bêtes, des numéros, des photos, on utilise Google dès qu'on s'interroge sur quelque chose, futile ou non, on y écoute sa musique, on y calcule son chemin, etc.
Au final le réseau des réseaux et son terminal sont devenus une extension de notre vie, indispensable, indétrônable et omniprésente.
Ce qui en retour change aussi notre façon de vivre et de penser.
L'avènement de cet accès permanent 24h sur 24 fait par exemple que l'on ne sait plus attendre.
Le stockage illimité fait aussi qu'on n'imagine plus quelque chose sans son replay.
L’obsession du partage fait qu’on photographie ce qu’on est censés vivre pour le mettre à disposition sur les réseaux.
On s'habitue à commander ses voyages et ses cadeaux depuis sa chambre le soir en pyjama ou depuis son bureau, sans plus passer par les magasins ou les agences, qui disparaissent.
La vie en mode asynchrone (message / attente réponse) est tellement devenue la norme qu’on ne sait plus téléphoner ou convenir d’un rendez-vous physique.
De même, on ne s'étonne plus de discuter avec des IA de plus en plus perfectionnées quand on a besoin d'aide.
En parallèle, la sursollicitation permanente fait que l'on est de plus en plus rarement concentré à 100% sur ce que l'on fait.
Je me suis rendu compte avec perplexité que moi-même, quand je lis un livre ou que je regarde un film, je passe désormais une partie de mon temps à zapper sur le téléphone, transférant des punchlines qui m'ont plu, recherchant des infos sur un lieu, un acteur, etc.
Checkant connement mes messages aussi, comme si les lire ne pouvait plus attendre une heure ou deux.
Toutes ces nouveautés ont trait au présent, à la vie actuelle.
Mais avec le temps Internet digère aussi de plus en plus de choses du passé.
Qu'il s'agisse de vidéos, d'articles sur des sujets historiques, de références à de vieux objets ou à des événements passés, tout finit par être référencé, indexé et accessible sur le net, tout rentre tôt ou tard dans la matrice.
Enfin pas tout à fait tout.
Il m'arrive encore de trouver des gens, des livres, des acteurs, des films, des objets, des choses enfin qui laissent Google indifférents ou pour lesquels une recherche n'aboutit à rien.
Néant.
Je viens par exemple de terminer un livre que j'ai beaucoup aimé et qui existe à peine sur Internet.
J’ai en effet constaté que si je peux le racheter sur certains sites, je ne trouve aucun élément sur son auteur, ou auteure puisque je ne connais même pas son prénom (il n'y a que l'initiale "P" sur la couverture).
Pas non plus de date de sortie, et si je n’avais pas mis le nez dans une boîte à livres, je n’aurais jamais découvert cet ouvrage dont je ne sais donc presque rien aujourd’hui.
Il n’y a pas que les œuvres, certaines personnes aussi ne sont pas ou plus sur le web.
Je pense à la fille qui jouait l'ainée dans l'émouvant Cria Cuervos ou, à l'héroïne punk du film culte La brune et moi, ou encore à Bambi Woods, l’actrice principale du classique du X Debby does Dallas: ces trois personnes n’existent que dans l’œuvre qu’elles ont laissée.
Certes, elles ont disparu avant l’ère internet, mais le fait qu’elles l’aient fait semble extraordinaire à l’heure où tout semble référencé.
Qu'il existe des choses qui ne soient pas encore digérées par l’intelligence mondiale aurait en fait tendance à me rassurer.
J'aime quand il m'arrive de tomber sur un bec de ce genre, et quand je ne retrouve pas une personne sur les réseaux, je me dis que peut-être tout simplement elle vit surtout IRL, et cela est très bien.
Çà me réconforte en me rappelant la vastitude du monde et la profondeur de l'histoire, et en soulignant que dans les marges de la matrice peut encore exister un autre monde, du moins pour le moment.
L’autre pensée qui me vient est que je me demande ce qui sortira de cette époque inédite de compilation forcenée.
Qu'adviendra-t-il quand tout sera aussi (surtout?) dans le metavers, si cela arrive réellement un jour?
Serons-nous toujours vivants ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire