mercredi 19 février 2025

Chanson (22) : Déjeuner en paix

La chanson dont je vais parler aujourd'hui m'agaçait un peu quand elle est sortie, en 1991.

Il s'agit de Déjeuner en paix, sans doute le plus grands succès de Stéphane Eicher.

Celui-ci est un artiste suisse. qui compose, écrit et joue de toutes sortes d'instruments.

C'est également un chanteur multilingue, qui s'exprime en plusieurs langues et dont la voix, légèrement voilée, possède un timbre particulier.

A vrai dire, je le connais peu, et surtout pour ses chansons en français entendues pendant mes années top 50, celle-ci en tête.

Au-delà de ses arrangements (notamment des violons) et de sa mélodie, ce sont surtout les paroles de ce titre qui ont fini par me toucher.

Remarque: en rédigeant ce post j'apprends qu'elles ont été écrites par le romancier Philippe Djian, qui eut son heure de gloire dans les années 80, inspirant notamment le classique du cinéma 37°2 le matin.

Déjeuner en paix raconte l'histoire d'un homme horrifié par les nouvelles du monde qu'il lit dans le journal du matin (Internet n'avait pas encore tout remplacé en 91).

Celles-ci ne sont en effet qu'une succession d'horreurs, d'hécatombes et de catastrophes qui l'angoissent et dont il hésite à parler à sa conjointe.

On comprend ensuite que celle-ci, qui dort paisiblement puis se réveille joyeuse, a une approche plus philosophique du monde.

Elle a admis une fois pour toutes que la nature humaine est imprévisible, que l'homme est un animal et qu'elle ne peut rien face aux horreurs qu'il génère.

Et lorsque lui-même s'interroge sur le degré de catastrophe du monde, elle le ramène à sa vie, à la météo dont elle veut profiter et à son désir d'enfant.

Bref, elle souhaite simplement qu'il la laisse déjeuner en paix.

L'idée qui ressort de tout ça me semble être qu'il faut vivre, malgré l'horreur, malgré tout ce qui ne va pas, malgré ce qui se passe mal dans le reste du monde (qui a vu un journal des bonnes nouvelles d'ailleurs?).

Si l'on réfléchit, nos ancêtres ont vécu des vies plus âpres, des périodes bien plus dures que nous, mais ils ne s'empêchaient pas de vivre parce que le pays d'à côté était en guerre, que le climat changeait, qu'une maladie arrivait.

D'ailleurs s'ils l'avaient fait cela n'aurait rien changé, parce que c'est l'essence de la vie.

Alors sans vouloir se retrancher dans son bunker égoïste et sans renoncer à tout ce qui pourrait rendre ce monde plus vivable, je crois qu'il faut effectivement savoir s'abstraire de ce permanent bruit de fond catastrophiste, parce qu'y ajouter sa propre angoisse n'y change rien et ne fait que gâcher ce qu'il y a de bon dans sa vie.

C'est tellement vrai que l'on constate que sur la planète ce sont les générations occidentales actuelles qui sont les plus pessimistes, les moins confiantes en l'avenir, les moins enclines à faire des enfants et les plus angoissées par la pollution et la maladie.

Et cela alors même qu'elles n'ont connu que la paix et l'abondance sur une période extraordinairement longue.

C'est aussi vrai à l'échelle de mon couple, où mon épouse qui a vécu une jeunesse extrêmement dure dans un pays qui s'effondrait, possède cette capacité à me ramener au sol.

En fait, nous avons tous oublié de déjeuner en paix depuis bien longtemps.

Précédent: Chanson(21): Comme un damné

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire