vendredi 28 juin 2024

Hommes femmes mode d'emploi

Récemment mon fils le plus jeune m'a raconté ses souvenirs du voyage scolaire dont il revenait. Il avait beaucoup aimé, et parmi ses anecdotes est remonté un incident avec un animateur.

Celui-ci aurait été accusé de pédophilie pour avoir mal parlé à des élèves et les avoir tripotées, ce qui lui aurait valu d'être ensuite viré.

En creusant un peu, il semble qu'il aurait appelé ses victimes "ma belle" ou "ma puce" et qu'il leur aurait touché les fesses en les aidant à grimper sur une via ferrata ou pendant de l'accrobranche, en tout cas lors d'une activité nécessitant un accompagnement physique.

L'été d'avant c'était le directeur de la colo où ce même fils passait une semaine qui avait reçu la même marque d'infamie.

Dans les deux cas, il s'agissait d'hommes un peu vieux, au style ringard et qui semblaient vouloir faire copain-copain avec tout le monde.

En gros c'est ce qu'on aurait jusqu'à peu appelé des beaufs, des gens un peu lourds, parfois ambigus ou malsains.

Comme tout le monde j'ai pas mal croisé ce genre de types, qui m'ont toujours mis mal à l'aise, agacé et/ou saoulé, mais dont il ne me serait jamais venu à l'idée de les qualifier de pédophiles.

L'anecdote suivante me vient de mon épouse.

Embauchée dans une entreprise dont le siège était très éloigné de notre domicile, elle devait lorsqu'elle s'y rendait prendre une chambre d'hôtel.

Très impliquée et d'un naturel liant, elle s'est dès le début sentie ostracisée et un peu blessée que son chef ne lui propose pas de manger avec elle au moins un soir, y compris lors de ses premiers déplacements dans cet endroit qu'elle ne connaissait absolument pas.

Jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'en fait il le faisait, mais uniquement lorsqu'une tierce personne était disponible pour se joindre à eux.

Elle en eut la révélation en discutant avec le prof de sport d'un autre de ses employeurs, lorsque celui-ci lui expliqua qu'il annulait systématiquement son cours s'il n'avait comme élèves qu'une ou deux femmes, surtout si elles se connaissaient entre elles.

En fait le chef de ma femme n'était ni un mufle ni un manager inhumain, mais juste un homme qui se préservait de toute accusation potentielle de "conduite inappropriée", autre nom pour le viol dans les raccourcis saisissants des féministes d'aujourd'hui.

Dernier point pour en finir avec les anecdotes familiales, mon autre fils me confia un jour que s'il avait effectivement le désir de se marier et fonder une famille, il ne voulait pas tomber amoureux, pour ne pas se faire avoir/être en position de faiblesse.

Cette vision du couple comme un combat ou un piège semble assez répandue dans les nouvelles générations, chez lesquelles une étude a souligné une tendance étonnante et inédite: les femmes sont de plus en plus à gauche et les hommes de plus en plus à droite (sur le plan sociétal s'entend).

Pendant longtemps les opinions des deux membres d'un couple convergeaient généralement, mais il semble que ce ne soit plus le cas (lien ICI et ICI).

Est-ce un phénomène surmédiatisé? Est-ce réel? Si oui quelles sont les causes du raidissement masculin, dicibles (réaction au nécessaire rééquilibrage) ou indicibles (contrecoup de celles qui abusent, part croissante d'immigrés issus de pays traditionalistes dans cette génération)?

En tous les cas, la réalité est là: sous nos cieux hommes et femmes semblent de plus en plus s'opposer, ou a minima se méfier et ne plus se faire confiance.

La zone grise, qui a toujours été au centre des relations entre les gens, surtout dans le sexe et la séduction, est devenue minée. Les accusations de viol fusent quel que soit le contexte, cette époque où il faut être victime pour être digne d'intérêt encourageant le phénomène.

On en finit même par considérer à nouveau qu'hommes et femmes sont bel et bien des catégories humaines disjointes, d'essences différentes et quasiment incompatibles.

Je me souviens de l'effarement d'une ex-collègue quand je lui avais dit avoir aimer une BD de Florence Cestac.

Vu que je suis un homme, elle n'imaginait pas que je puisse goûter cet humour "féminin", comme si nous étions de mondes parallèles ou qu'il me fallait apprendre une langue étrangère pour ça.

A l'époque (c'était il y a une quinzaine d'années) j'avais été moi-même effaré qu'on puisse penser cela, mais aujourd'hui ça semble être devenu un réflexe répandu jusqu'à la caricature, valable pour le sexe, le genre, la couleur ou la religion d'ailleurs.

Pour en rester au genre, je citerai la militante Anne Coffin qui affirme ne s'intéresser qu'à des auteurs féminins, boycottant tout le reste, action politique jugée comme courageuse par un certain féminisme actuel (cet article du journal Madmoizelle en donne un bon exemple).

Cette démarche me semble pour le moins étrange.

Oui, la majorité de nos médias et de notre production est blanche, pour des raisons avant tout démographiques (désolé de le rappeler), et masculine, pour de bien mauvaises raisons, mais en quoi se refermer sur son groupe présumé/autoproclamé va-t-il améliorer les choses?

Est-ce qu'il ne faut pas plutôt laisser sa chance à tout le monde en s'attachant à ce que chaque artiste ait accès aux mêmes opportunités?

Personnellement je n'ai jamais choisi un livre ni regardé un film en me demandant à quoi ressemblait ou avec qui couchait la ou les personnes qui en étaient à l'origine.

En tous les cas, ces nouvelles variantes du progressisme ont pour caractéristique étonnante de converger avec les modèles religieux les plus archaïsants, poussant ironiquement vers un retour à la séparation des sexes.

Et je me dis que si ça se trouve on a bien fait de ne pas supprimer les frontons "École de garçons"/"École de filles" des bâtiments hérités de l'alphabétisation massive de la 3ième république: ils pourraient bien finir par reprendre du service.

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