Le titre que j'évoque aujourd'hui n'est pas un morceau complexe, ce n'est pas une chanson à message, elle n'a pas été avant-gardiste ni novatrice.
On pourrait même presque dire que c'est le contraire.
Il s'agit de Boys (Summertime love), un tube d'italo dance sorti en 1987, dont les paroles sont un hymne à la fête et à l'hédonisme estival.
La célébrité de ce titre entraînant et sans prétention est aussi beaucoup dû à la plastique de son interprète de 19 ans, la sculpturale Italienne Sabrina (de son nom complet Sabrina Salerno), plastique qu'elle dévoile généreusement dans un clip qui a fait date.
Il est en effet tourné dans une piscine, et tout le long de la chanson on voit Sabrina lutter (mollement!) pour que son légendaire bikini blanc ne descende pas trop bas lors de ses plongeons ou lorsqu'elle sort de l'eau pour siroter son cocktail.
Cet érotisme, rétrospectivement bien gentillet, lui valut d'être censuré par MTV et carrément interdit au Royaume-Uni.
Il a néanmoins hanté les jeunes de ma génération et beaucoup contribué à ce que Boys soit un hit.
J'y ai repensé en voyant le sympathique film Stars 80, lorsque Richard Anconina accueille Sabrina et qu'on voit dans ses yeux le regard des ados de l'époque devant ce clip.
En fait, avec ce film gentillet taillé pour les nostalgiques, et avec ce titre en particulier m'est revenue l'ambiance des médias et de la musique en France à cette époque.
Il y régnait alors une atmosphère joyeuse, spontanée et hédoniste, voire libertine.
Les femmes tombaient facilement le haut, y compris aux heures de grande écoute (cf. la playmate de Cocoricocoboy à 20h), le sea, sex and sun était à la mode, le clubbing, la flambe et le carpe diem des valeurs brandies bien haut.
Bien sûr le monde ne s'arrêtait pas de tourner et les problèmes n'avaient pas disparu, bien sûr tout cela était une vitrine, mais quand on compare avec aujourd'hui, il y a quand même une différence.
Clairement, nous avons changé.
Paillardise, déconnade et grivoiserie ne sont plus vraiment d'actualité, les religieux relèvent la tête, les rapports entre les sexes se judiciarisent et se procédurisent, à l'américaine, et le flirt est devenu une zone dangereuse.
Sans doute me dira-t-on que c'est un point de vue de vieux mec blanc et qu'une femme verrait les choses différemment, et sans doute y aura-t-il du vrai là-dedans.
Il est évident que la mise à l'index d'un certain harcèlement sexuel est notamment une excellente chose qu'il fallait absolument faire.
Il est évident aussi qu'il serait temps que la pression sur le physique baisse, mais je trouve que ce n'est pas le cas, voir que ça a empiré, ne baissant pas pour les femmes et augmentant pour les hommes.
Quoi qu'il en soit, et avec mon inévitable partialité de quinquagénaire, il reste qu'une grande partie de la musique, des émissions et du cinéma des années 80 dégage un parfum particulier, un mélange d'optimisme, d'amateurisme et d'hédonisme qui semble avoir un peu disparu et qui finalement n'était pas si mal.
Boys m'évoque en tout cas tout cela.
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