Je lis souvent des livres d'occasion, achetés en brocante ou chez des bouquinistes, ou encore trouvés dans les armoires familiales ou dans des boîtes à livre.
Du coup je récupère beaucoup d'ouvrages qui ont déjà eu une vie, changé de mains et/ou été lus et relus. Et il arrive régulièrement qu'entre leurs pages je tombe sur un bout de leur passé.
J'ai ainsi récemment lu un livre de Pierre Loti, Pêcheurs d'Islande, dont la première page comportait la dédicace "Prix de seconde 1954-1955 pour Josiane Cabrit".
Du coup je récupère beaucoup d'ouvrages qui ont déjà eu une vie, changé de mains et/ou été lus et relus. Et il arrive régulièrement qu'entre leurs pages je tombe sur un bout de leur passé.
J'ai ainsi récemment lu un livre de Pierre Loti, Pêcheurs d'Islande, dont la première page comportait la dédicace "Prix de seconde 1954-1955 pour Josiane Cabrit".
Je me suis demandé qui était cette fille qui avait probablement 15 ans en 1955, si elle vit encore, ce qu'elle a ressenti en recevant son prix, si elle a apprécié le livre, quels étaient ses enseignants et son lycée, etc.
Il est très probable que la plupart des protagonistes de la remise de ce prix soient morts et enterrés (ce qui expliquerait d'ailleurs que ce livre ait atterri dans une boîte), mais cette dédicace fait renaître un monde disparu que j'entrevois furtivement avec émotion.
J'aime beaucoup ce genre de découverte, qui m'émeut et me donne un peu l'impression d'ouvrir un paquet cadeau ou un coffre au trésor.
Je me souviens de plusieurs autres exemples de ces rencontres.
Ainsi lorsque j'ai lu La société du spectacle de Guy Debord (livre ardu s'il en est), l'édition de poche que j'avais récupérée je ne sais plus où était abondamment annotée au crayon, avec certains passages soulignés et commentés.
Là encore, qui avait fait ça? Etait-ce un étudiant, un fan ou un ennemi du penseur? En quelle année était-ce? Je n'avais aucune possibilité de le déduire.
Dans les vieilles maisons de ma famille, j'ai aussi pu exhumer d'autres ouvrages qui se rattachaient directement à mes ascendants.
Il y eut un livre japonais offert et dédicacé il y a maintenant un bon siècle, probablement à l'une de mes arrière-grands-mères maternelles.
Ou cet autre livre avec le tampon de l'entreprise de mon grand-père et son numéro de téléphone à seulement 6 (ou 4?) chiffres.
Ou encore tous ceux dont le propriétaire a maladroitement écrit ses nom et prénom à l'époque où il était enfant.
Au-delà de la dédicace, je tombe parfois sur des pubs d'époque, qu'elles aient été livrées avec l'ouvrage ou qu'elles aient servi de marque-page.
J'ai récemment découvert une réclame en pastel sur fond noir pour un produit de beauté probablement disparu.
De même, l'exemplaire de Enquête sur un crucifié de Lartéguy que j'ai chroniqué ICI provenait d'un abonnement, un truc genre "un livre par mois".
Il y avait un coupon de réabonnement avec une adresse, un numéro de téléphone plus court et un prix en francs.
Ces adresses fantômes sont d'ailleurs autant de fenêtres sur le passé.
Ces adresses fantômes sont d'ailleurs autant de fenêtres sur le passé.
Quand je tombe sur un bordereau à envoyer je m'imagine le faire en me demandant où il atterrirait, si la maison d'édition ou l'entreprise est encore là ou si elle a été remplacée et par quoi.
J'aime aussi regarder les mentions légales, qui donnent des adresses disparues ou parlent de pays qui n'existent plus (URSS, Yougoslavie, RDA) ou de régions qui sont devenues des pays, comme l'Algérie.
Et je souhaiterais qu'après ma mort mes livres circulent à nouveau, qu'ils passent dans d'autres mains et que ceux qui m'ont été dédicacés suscitent les mêmes questions émerveillés que je me pose.
Et je souhaiterais qu'après ma mort mes livres circulent à nouveau, qu'ils passent dans d'autres mains et que ceux qui m'ont été dédicacés suscitent les mêmes questions émerveillés que je me pose.
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