Il y a pas mal d’années maintenant que la question du revenge porn est posée. L’affaire autour du site Is anyone up ? a été la première dont je me souvienne sur ce sujet.
Ce site, fondé par le détestable Hunter Moore, fut sans doute le plus médiatisé du genre. Le principe en était très simple : les gens déposaient des photos nues et/ou à caractère sexuel, voire des videos, de leurs ex contre leur gré, souvent pour se venger d’une rupture.
Cette pratique existait déjà pour les célébrités, via quelques magazines spécialisés dans l’exhumation de péchés de jeunesse type téléfilm érotique ou couverture de magazine. Mais le net permit à la fois de changer de braquet pour lesdites célébrités (voir celebjihad par exemple), et de toucher M. ou plutôt Mme tout-le-monde.
Les premières victimes se trouvèrent face à un vide juridique totale, et durent subir le cauchemar de se voir exposées sans espoir de retour arrière car Internet ne rend jamais sa proie : photos et vidéos peuvent y être reproduites à l’infini.
En plus Moore se faisait en parallèle une gloire du pouvoir que lui donnaient ces clichés, récoltant un temps le titre de personnalité la plus détestée d’Internet.
Le législateur finit cependant par intervenir. Un peu partout le droit à l’image fut renforcé et ces pratiques fort heureusement pénalisées.
Cela n’arrêta bien évidemment pas le revenge porn et les nudes circulant contre l’avis de leurs modèles.
C’est d’autant plus vrai depuis l’avènement des smartphones et des réseaux sociaux et surtout dans les populations adolescentes.
Combien de filles naïves, amoureuses ou se croyant rebelles se laissent avoir et se déshabillent en ligne contre une promesse de confidentialité jamais tenue ?
Et à cet âge débile, combien de bandes de crétins patentés utilisent ce moyen pour humilier, se moquer ou se venger ?
Rien que dans mon entourage je connais un nombre important de cas qui vont de la fille qui a accepté de se faire filmer en train de faire une fellation à un ex jusqu’à celle qui filme pour sa bande un garçon en train de se faire déshabiller de force.
Tout cela existe depuis que le monde existe, mais comme pour les malheureux mauvais artistes dont j’ai parlés dans cet ancien post, Internet empêche que la page soit jamais tournée, recyclant sans fin les moqueries et leurs causes, qui se répètent autant que tournent les images des malheureux et malheureuses qui se sont un jour fait piéger.
Hors la punition et de l’éducation, je pense qu’il n’y a malheureusement pas grand-chose à faire, à moins d’interdire les téléphones et l’accès au web, mais il faudrait être la Corée du nord pour ça…
Je le vois avec mes enfants, qu’on a essayé de sensibiliser très tôt à ces problèmes sans les brider, il faut le temps que jeunesse se passe et les dérapages sont ô combien faciles.
Paradoxalement, je me dis que l’IA pourrait être la solution.
En effet, parmi les applications de ce nouveau graal des entreprises, il y a de nombreux logiciels qui déshabillent les gens à partir de photos ou intègrent des visages dans des films porno.
Cette pratique immonde est d’ailleurs largement utilisée pour discréditer les gens : je me souviens de la journaliste Rana Ayub qu’on a cherché à démolir par ce biais.
Au début les résultats étaient grossiers, mais de nos jours certains sont carrément bluffants, au point que dans un futur proche il sera probablement impossible de déterminer si l’image ou le film est vrai ou faux.
Et s’il n’est plus possible de savoir si c’est ou non du fake et si tout le monde sait que c’est impossible, cela ne fonctionnera tout simplement plus.
Le moment de la diffusion sera certes désagréable, mais on pourra nier de façon crédible et enlever leur pouvoir de nuisance à tous les Moore du monde.
En attendant, il faut continuer à lutter contre cette pratique, et faire payer tous ceux qu’on peut.
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