Les raisons qui me font m'intéresser à un musicien sont variées.
Cela peut être son succès, même si l'artiste est a priori très loin de moi et de mes goûts, comme disons Taylor Swift, Beyoncé ou Booba.
Cela peut être sa légende et l'héritage qu'il a laissé, comme les inévitables Jimi Hendrix et Django Reinhardt.
Cela peut être les recommandations d'un proche qui en est passionné : Justin Bieber ou les rappeurs appréciés par mes enfants ou les Beatles par mon binôme étudiant.
Cela peut être un "coup de foudre" à l'écoute d'une chanson ou d’un album (Led Zeppelin I ou Benjamin de Florent Marchet).
Et cela peut aussi être l'univers de ce musicien.
J'ai en effet toujours admiré les gens qui créaient un monde autour d'eux, avec leur style et leurs références, inventant quelque chose de nouveau, parfois en rupture avec ce qui est connu.
Niveau international, je pense aux inimitables Queen, à Björk ou aux Cramps.
Niveau hexagonal, à Boby Lapointe, aux Rita Mitsouko, à Hubert Félix Thiéfaine...et à Richard Gotainer.
C'est d'un titre de ce dernier, Le youki, dont il va être question aujourd'hui.
Revenons aux années 80 et à mon enfance.
Même si cette décennie, dont je parlerai un jour, vécut la libération de la bande FM, les canaux de diffusion d’une chanson restaient bien plus limités qu'aujourd'hui.
Il y avait donc la radio, notamment quelques stations poids lourds, les disques et cassettes, et il y avait la télévision.
Celle-ci se résumait encore à un nombre réduit de chaines, toutes issues de l’ORTF, cette émanation de l’État français qui était très contrôlée.
Sur ces quelques chaines il y avait des émissions de divertissement, et y passer assurait à un artiste une visibilité sans pareille.
Je pense que c’est dans une émission de ce genre que j’ai vu Gotainer.
Le personnage m’a tout de suite attiré.
Il était décontracté et drôle, avait un coté enfantin, des airs un peu lunaires et donnait l'impression de se moquer de tout comme les gens cool le devaient.
Et puis il portait des lunettes.
Ce dernier point comptait beaucoup pour moi à l'époque.
Dans ma jeunesse en effet les binoclards étaient bien plus rares qu'aujourd'hui, et les artistes qui en portaient se comptaient sur les doigt d'une main (en fait je ne me souviens que de Nana Mouskouri).
Et ils étaient souvent caricaturés et stigmatisés: c'était les "têtards à hublots", les intellos, les nazes,les pas marrants.
Et moi qui souffrais d'une myopie précoce et très forte, on m'avait évidemment rangé dans le camps de ces losers.
Or voilà qu'apparaissait Gotainer, qui était tout le contraire de ça: du coup il m'attirait.
Ce chanteur travaillait aussi dans la publicité, domaine où il connut de grands succès, inventant des slogans qui faisaient mouche.
Quant à ses titres, tous étaient de petits univers, aux mélodies accrocheuses, aux clips et chorégraphies soignées.
Il y abordait des thèmes improbables (comme la passion des décalcomanies), flirtant avec l'absurde et la dérision, et il avait un goût pour notre langue et un côté joyeusement paillard dont je ne prendrais conscience qu'avec l'âge.
L'OVNI dont je me souviens le mieux était donc Le youki.
Dans cette chanson, il raconte l'histoire d'un chien, Youki donc, en utilisant la langue de neuneu avec laquelle certaines personnes s'adressent aux enfants ou aux animaux.
L'affection de ce chien est partagée entre ses deux maitres, mémère et pépère, qui rivalisent d'attention et de mots débiles à l'égard de cette bête qui montre sa queuqueue et ses papattes poilues et qui mange des bouts de caca.
Ce texte joyeusement absurde s'accompagnait d'un clip coloré où Gotainer jouait tous les personnages de sa chanson, dans un décor cubique et flashy avec des choristes/danseuses un peu sexy.
Je ne sais pas pourquoi mais la vision de cette vidéo ça avait profondément marqué le gamin que j'étais et ses images sont restées de longues années dans ma tête.
Je n'ai revu ce monument que bien plus tard, lorsque le web me permit tant de fructueux retours arrière, et quand je l'ai fait découvrir à mes enfants, j'ai senti avec amusement (et peut-être un peu d'émotion) qu'ils éprouvaient eux aussi ce mélange de vague inquiétude et de jubilation que j'avais ressenti en 1984.
Maintenant que ses œuvres sont pour moi accessibles à volonté je ne suis pas plus fan de Gotainer aujourd'hui qu'hier, mais je garde pour lui l'admiration respectueuse que m'inspirent les gens qui assument leur originalité.
Et puis la vision du clip du youki reste l'une des premières étapes de ma prise de conscience que la vie est une telle absurdité qu'il vaut souvent mieux en rire et que ne pas la prendre trop au sérieux est aussi indispensable que salutaire.
Précédent: Chanson(17): Smells like teen spirit
Cela peut être son succès, même si l'artiste est a priori très loin de moi et de mes goûts, comme disons Taylor Swift, Beyoncé ou Booba.
Cela peut être sa légende et l'héritage qu'il a laissé, comme les inévitables Jimi Hendrix et Django Reinhardt.
Cela peut être les recommandations d'un proche qui en est passionné : Justin Bieber ou les rappeurs appréciés par mes enfants ou les Beatles par mon binôme étudiant.
Cela peut être un "coup de foudre" à l'écoute d'une chanson ou d’un album (Led Zeppelin I ou Benjamin de Florent Marchet).
Et cela peut aussi être l'univers de ce musicien.
J'ai en effet toujours admiré les gens qui créaient un monde autour d'eux, avec leur style et leurs références, inventant quelque chose de nouveau, parfois en rupture avec ce qui est connu.
Niveau international, je pense aux inimitables Queen, à Björk ou aux Cramps.
Niveau hexagonal, à Boby Lapointe, aux Rita Mitsouko, à Hubert Félix Thiéfaine...et à Richard Gotainer.
C'est d'un titre de ce dernier, Le youki, dont il va être question aujourd'hui.
Revenons aux années 80 et à mon enfance.
Même si cette décennie, dont je parlerai un jour, vécut la libération de la bande FM, les canaux de diffusion d’une chanson restaient bien plus limités qu'aujourd'hui.
Il y avait donc la radio, notamment quelques stations poids lourds, les disques et cassettes, et il y avait la télévision.
Celle-ci se résumait encore à un nombre réduit de chaines, toutes issues de l’ORTF, cette émanation de l’État français qui était très contrôlée.
Sur ces quelques chaines il y avait des émissions de divertissement, et y passer assurait à un artiste une visibilité sans pareille.
Je pense que c’est dans une émission de ce genre que j’ai vu Gotainer.
Le personnage m’a tout de suite attiré.
Il était décontracté et drôle, avait un coté enfantin, des airs un peu lunaires et donnait l'impression de se moquer de tout comme les gens cool le devaient.
Et puis il portait des lunettes.
Ce dernier point comptait beaucoup pour moi à l'époque.
Dans ma jeunesse en effet les binoclards étaient bien plus rares qu'aujourd'hui, et les artistes qui en portaient se comptaient sur les doigt d'une main (en fait je ne me souviens que de Nana Mouskouri).
Et ils étaient souvent caricaturés et stigmatisés: c'était les "têtards à hublots", les intellos, les nazes,les pas marrants.
Et moi qui souffrais d'une myopie précoce et très forte, on m'avait évidemment rangé dans le camps de ces losers.
Or voilà qu'apparaissait Gotainer, qui était tout le contraire de ça: du coup il m'attirait.
Ce chanteur travaillait aussi dans la publicité, domaine où il connut de grands succès, inventant des slogans qui faisaient mouche.
Quant à ses titres, tous étaient de petits univers, aux mélodies accrocheuses, aux clips et chorégraphies soignées.
Il y abordait des thèmes improbables (comme la passion des décalcomanies), flirtant avec l'absurde et la dérision, et il avait un goût pour notre langue et un côté joyeusement paillard dont je ne prendrais conscience qu'avec l'âge.
L'OVNI dont je me souviens le mieux était donc Le youki.
Dans cette chanson, il raconte l'histoire d'un chien, Youki donc, en utilisant la langue de neuneu avec laquelle certaines personnes s'adressent aux enfants ou aux animaux.
L'affection de ce chien est partagée entre ses deux maitres, mémère et pépère, qui rivalisent d'attention et de mots débiles à l'égard de cette bête qui montre sa queuqueue et ses papattes poilues et qui mange des bouts de caca.
Ce texte joyeusement absurde s'accompagnait d'un clip coloré où Gotainer jouait tous les personnages de sa chanson, dans un décor cubique et flashy avec des choristes/danseuses un peu sexy.
Je ne sais pas pourquoi mais la vision de cette vidéo ça avait profondément marqué le gamin que j'étais et ses images sont restées de longues années dans ma tête.
Je n'ai revu ce monument que bien plus tard, lorsque le web me permit tant de fructueux retours arrière, et quand je l'ai fait découvrir à mes enfants, j'ai senti avec amusement (et peut-être un peu d'émotion) qu'ils éprouvaient eux aussi ce mélange de vague inquiétude et de jubilation que j'avais ressenti en 1984.
Maintenant que ses œuvres sont pour moi accessibles à volonté je ne suis pas plus fan de Gotainer aujourd'hui qu'hier, mais je garde pour lui l'admiration respectueuse que m'inspirent les gens qui assument leur originalité.
Et puis la vision du clip du youki reste l'une des premières étapes de ma prise de conscience que la vie est une telle absurdité qu'il vaut souvent mieux en rire et que ne pas la prendre trop au sérieux est aussi indispensable que salutaire.
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