Mes fils, comme la plupart des jeunes de leurs générations, passent une énorme partie de leur temps en ligne.
Et moi, comme la plupart des parents, j’essaye de limiter ce temps et de les pousser à sortir, à se frotter au monde physique, à exister IRL aussi.
Tant qu'ils ne se ferment pas complètement sur leurs téléphones (ce n'est pas le cas), je ne suis pas inquiet outre mesure.
D’une part je me rappelle des polémiques de ma propre enfance sur la télé et d'autre part je me dis que si l’on n'a pas accès à n’importe quoi chez soi on y aura de toute façon accès ailleurs.
Du coup je pars du principe qu’à moins de devenir un père garde-chiourme, ce qui n'est pas meilleur pour le développement que l'hyper laxisme, je peux contrôler le temps qu’ils passent connectés mais guère le contenu de ce qu'ils regardent : il vaut donc mieux que je m’y intéresse pour accompagner et éventuellement expliquer.
C’est dans cette démarche que j’ai découvert le monde des influenceurs/youtubeurs.
J'ai ainsi connu Cyprien, Norman, Squeezie, Natoo, Michou, Le bouseux, Tibo In Shape, Léna Situations, Mister Beast, Jean-Fils, Enjoy Phenix et tant d'autres.
Le dernier en date est Inoxtag, dont mon second fils est un grand fan, et c’est son long métrage à succès, Kaizen, qui m’a inspiré ce post.
Pour les gens de ma génération et moi, qui avons vu le web se développer, les youtubeurs (on dit aussi vidéastes je crois) représentent une sorte d'aboutissement d'années d'évolution dans les medias.
Nous avons toujours connu les animateurs stars, radio ou télé, les monteurs de court métrage et les publicitaires, ainsi que les héros de séries.
Nous sommes également familiers de longue date avec les "people", ces gens qui semblent être célèbres parce qu'ils sont célèbres sans qu'on sache vraiment pourquoi et comment.
A leur suite, nous avons vu naitre la téléréalité, avec ses stars dont on ne comprend pas toujours très bien en quoi consiste le rôle qu'elles jouent et ce qu'elles font.
Nous avons également vu les usages du net évoluer, avec les blogs et les vlogs, mi travail créatif/documentaire mi journaux extimes, puis l'émergence des sociabilités en ligne avec les forums et les réseaux sociaux.
Nous avons enfin assisté au boom des smartphones, avec une connexion devenu illimitée, permanente et bon marché, et la photo et la vidéo accessibles à tous et tout le temps.
Les youtubeurs sont en quelque sorte issus d'une convergence de tout cela.
Ces gens créent en continu du contenu sur YouTube, dans le but d'agréger des communautés de fans qui les suivent et d'en générer un revenu, la plate-forme les payant selon certains critères, parfois parfaitement arbitraires (comme les opinions politiques), plus généralement financiers et liés à l'audience: ICI un descriptif intéressant de ce fonctionnement.
Publier sur YouToube est plutôt simple, mais il est très difficile d'y accrocher l'attention et encore plus d'y durer.
Beaucoup font dans l'humour, certains se spécialisent dans tel ou tel domaine, y devenant parfois très pointus (ainsi l' excellent arkeotoys sur le monde des jouets, de l'animation et des séries, ou la myriade de players de Fortnite et autres jeux en ligne), d'autres jouent la carte de la mode, du sexy, du trash.
Évidemment beaucoup de "vieux cons" critiquent cette nouvelle catégorie d'activité, avec la même absence de nuance que jadis leurs parents sur les nouveautés de leurs propres jeunesses.
Je me souviens ainsi de Thierry Ardisson, un des ex-rebelles de la télé, en train d'assassiner Squeezie en direct avec la fatuité des gens établis, évoquant irrésistiblement les bourgeois de Brel.
Je ne le suivrai pas dans cette facilité prétentieuse, mais il est clair que pour moi qui suis introverti et qui ai tendance a séparer mes vies, ces gens qui se montrent dans leurs intérieurs, qui parlent en ligne de leurs amis, famille, activités et opinions et qui semblent perpétuellement se mettre en scène me mettent mal à l'aise.
En même temps, est-ce qu'ils ne sont pas l'aboutissement logique de la montée de l'individualisme et du développement personnel qui sont les caractéristiques majeures de nos sociétés modernes depuis tant d'années?
Nos jeunes sont moins nombreux, plus désirés, plus seuls, plus accompagnés et infiniment plus contrôlés que toutes les générations qui les ont précédées.
De plus, ils sont depuis leur naissance habitués à être photographiés et filmés en permanence, et à être toujours entourés de plus d'adultes que de gens de leur âge.
Du coup les choses n'ont sans doute pas la même signification pour eux que pour nous qui avons grandi dans un monde où miroirs et photos étaient plus rares, les parents généralement plus lointains et surtout qui étions déconnectés toute notre jeunesse de la toile omniprésente.
Et moi, comme la plupart des parents, j’essaye de limiter ce temps et de les pousser à sortir, à se frotter au monde physique, à exister IRL aussi.
Tant qu'ils ne se ferment pas complètement sur leurs téléphones (ce n'est pas le cas), je ne suis pas inquiet outre mesure.
D’une part je me rappelle des polémiques de ma propre enfance sur la télé et d'autre part je me dis que si l’on n'a pas accès à n’importe quoi chez soi on y aura de toute façon accès ailleurs.
Du coup je pars du principe qu’à moins de devenir un père garde-chiourme, ce qui n'est pas meilleur pour le développement que l'hyper laxisme, je peux contrôler le temps qu’ils passent connectés mais guère le contenu de ce qu'ils regardent : il vaut donc mieux que je m’y intéresse pour accompagner et éventuellement expliquer.
C’est dans cette démarche que j’ai découvert le monde des influenceurs/youtubeurs.
J'ai ainsi connu Cyprien, Norman, Squeezie, Natoo, Michou, Le bouseux, Tibo In Shape, Léna Situations, Mister Beast, Jean-Fils, Enjoy Phenix et tant d'autres.
Le dernier en date est Inoxtag, dont mon second fils est un grand fan, et c’est son long métrage à succès, Kaizen, qui m’a inspiré ce post.
Pour les gens de ma génération et moi, qui avons vu le web se développer, les youtubeurs (on dit aussi vidéastes je crois) représentent une sorte d'aboutissement d'années d'évolution dans les medias.
Nous avons toujours connu les animateurs stars, radio ou télé, les monteurs de court métrage et les publicitaires, ainsi que les héros de séries.
Nous sommes également familiers de longue date avec les "people", ces gens qui semblent être célèbres parce qu'ils sont célèbres sans qu'on sache vraiment pourquoi et comment.
A leur suite, nous avons vu naitre la téléréalité, avec ses stars dont on ne comprend pas toujours très bien en quoi consiste le rôle qu'elles jouent et ce qu'elles font.
Nous avons également vu les usages du net évoluer, avec les blogs et les vlogs, mi travail créatif/documentaire mi journaux extimes, puis l'émergence des sociabilités en ligne avec les forums et les réseaux sociaux.
Nous avons enfin assisté au boom des smartphones, avec une connexion devenu illimitée, permanente et bon marché, et la photo et la vidéo accessibles à tous et tout le temps.
Les youtubeurs sont en quelque sorte issus d'une convergence de tout cela.
Ces gens créent en continu du contenu sur YouTube, dans le but d'agréger des communautés de fans qui les suivent et d'en générer un revenu, la plate-forme les payant selon certains critères, parfois parfaitement arbitraires (comme les opinions politiques), plus généralement financiers et liés à l'audience: ICI un descriptif intéressant de ce fonctionnement.
Publier sur YouToube est plutôt simple, mais il est très difficile d'y accrocher l'attention et encore plus d'y durer.
Beaucoup font dans l'humour, certains se spécialisent dans tel ou tel domaine, y devenant parfois très pointus (ainsi l' excellent arkeotoys sur le monde des jouets, de l'animation et des séries, ou la myriade de players de Fortnite et autres jeux en ligne), d'autres jouent la carte de la mode, du sexy, du trash.
Évidemment beaucoup de "vieux cons" critiquent cette nouvelle catégorie d'activité, avec la même absence de nuance que jadis leurs parents sur les nouveautés de leurs propres jeunesses.
Je me souviens ainsi de Thierry Ardisson, un des ex-rebelles de la télé, en train d'assassiner Squeezie en direct avec la fatuité des gens établis, évoquant irrésistiblement les bourgeois de Brel.
Je ne le suivrai pas dans cette facilité prétentieuse, mais il est clair que pour moi qui suis introverti et qui ai tendance a séparer mes vies, ces gens qui se montrent dans leurs intérieurs, qui parlent en ligne de leurs amis, famille, activités et opinions et qui semblent perpétuellement se mettre en scène me mettent mal à l'aise.
En même temps, est-ce qu'ils ne sont pas l'aboutissement logique de la montée de l'individualisme et du développement personnel qui sont les caractéristiques majeures de nos sociétés modernes depuis tant d'années?
Nos jeunes sont moins nombreux, plus désirés, plus seuls, plus accompagnés et infiniment plus contrôlés que toutes les générations qui les ont précédées.
De plus, ils sont depuis leur naissance habitués à être photographiés et filmés en permanence, et à être toujours entourés de plus d'adultes que de gens de leur âge.
Du coup les choses n'ont sans doute pas la même signification pour eux que pour nous qui avons grandi dans un monde où miroirs et photos étaient plus rares, les parents généralement plus lointains et surtout qui étions déconnectés toute notre jeunesse de la toile omniprésente.
Pour en revenir aux youtubeurs proprement dits, le marché où ils évoluent reste un marché. Il est extrêmement compétitif, tributaire des modes et des réputations.
Chaque vidéaste est un produit, une marque qui doit se vendre. Pour ça il leur faut avoir une actu à tout prix, et une actu qui attire.
Dans ce contexte des "clash" réguliers sont un moyen d'attirer l'attention et les indispensables vus, même si certains clash sont purement gratuits et que d'autres peuvent avoir des conséquences tragiques.
Norman est une ex-star démolie par des accusations sexuelles, pour lesquelles il a fini avec un non lieu mais qu'il trainera comme tant d'autres jusqu'à la fin de sa vie.
Tibo Inshape s'est fait traiter de fasciste pour son patriotisme et certaines blagues douteuses de ses débuts.
TK78 trimballe une image de pédophile pour avoir raconté une relation avec une fille de seize ans.
Etc.
Je n'ai pas la prétention de dire qui est coupable ou non devant la justice, et comme tout le monde certaines attitudes et opinions me choquent.
Mais le spectacle de ces meutes de justicier(e)s et d'aboyeur/ses montant à l'assaut sans connaitre la moitié des faits me fait toujours vomir (taper sur le bouc émissaire ou se moquer en masse dépasse bien sûr la question des youtubeurs, et cela n'a jamais été aussi facile et impuni qu'avec le web).
Tout ça pour dire que pour beaucoup la course aux likes vaut bien un clash parfois sans objet, ou la participation à un petit lynchage pour remonter sa visibilité.
A l'inverse on ne crache pas non plus sur la petite vidéo d'autocritique humiliante quand on est la victime d'une rumeur ou d'un buzz, quoi qu'il y ait derrière, histoire d'éviter la mise au ban et donc la perte de revenu.
Cette quête des likes peut aussi entrainer une surenchère morbide.
Pour générer du trafic, certains repoussent en effet les limites, comme le perturbant Nikocado Avocado et ses vidéos où il s'empiffrait salement, organisant méthodiquement son obésité, ou ces deux nanas allées en soutien gorge au restaurant pour pouvoir s'offusquer de n'y avoir pas été acceptées.
Au final, ce monde de YouTube me semble en plein dans ce mélange des genres qui me dérange, et on dirait qu'on s'occupe autant sinon plus de ce qu'est et de ce que pense ou vit le youtubeur que de ce qu'il fait.
Cette espèce de voyeurisme et d'essentialisme à toujours un peu existé mais semble décuplé à notre époque et dans ces domaines.
Ainsi Kaizen, le documentaire d'Inoxtag sur son ascension de l'Everest que j'ai donc regardé avec mon fils, m'a paru extrêmement égocentré.
On y voyait plus les tribulations et les états d'âme du protagoniste que l'ascension en elle-même ou que les paysages himalayens.
Entendons-nous bien, je n'ai rien à reprocher à Inoxtag.
Certes il nous ressort le couplet un peu démago d'aller au bout de ses rêves, mais un peu d'optimisme ne fait pas de mal par rapport à la critique permanente et la réduction aux origines qui caractérisent tellement de vieux de ma génération et des précédentes.
Et puis il n'oubliait pas non plus de parler de respect de la nature voire d'écologie, ni de rendre hommage à ses sherpas.
Mais j'ai quand même retrouvé dans ce documentaire ce quelque chose de nombriliste et de scénarisé qui me gêne dans le monde des youtubeurs en général.
Tout ça pour dire que pour beaucoup la course aux likes vaut bien un clash parfois sans objet, ou la participation à un petit lynchage pour remonter sa visibilité.
A l'inverse on ne crache pas non plus sur la petite vidéo d'autocritique humiliante quand on est la victime d'une rumeur ou d'un buzz, quoi qu'il y ait derrière, histoire d'éviter la mise au ban et donc la perte de revenu.
Cette quête des likes peut aussi entrainer une surenchère morbide.
Pour générer du trafic, certains repoussent en effet les limites, comme le perturbant Nikocado Avocado et ses vidéos où il s'empiffrait salement, organisant méthodiquement son obésité, ou ces deux nanas allées en soutien gorge au restaurant pour pouvoir s'offusquer de n'y avoir pas été acceptées.
Au final, ce monde de YouTube me semble en plein dans ce mélange des genres qui me dérange, et on dirait qu'on s'occupe autant sinon plus de ce qu'est et de ce que pense ou vit le youtubeur que de ce qu'il fait.
Cette espèce de voyeurisme et d'essentialisme à toujours un peu existé mais semble décuplé à notre époque et dans ces domaines.
Ainsi Kaizen, le documentaire d'Inoxtag sur son ascension de l'Everest que j'ai donc regardé avec mon fils, m'a paru extrêmement égocentré.
On y voyait plus les tribulations et les états d'âme du protagoniste que l'ascension en elle-même ou que les paysages himalayens.
Entendons-nous bien, je n'ai rien à reprocher à Inoxtag.
Certes il nous ressort le couplet un peu démago d'aller au bout de ses rêves, mais un peu d'optimisme ne fait pas de mal par rapport à la critique permanente et la réduction aux origines qui caractérisent tellement de vieux de ma génération et des précédentes.
Et puis il n'oubliait pas non plus de parler de respect de la nature voire d'écologie, ni de rendre hommage à ses sherpas.
Mais j'ai quand même retrouvé dans ce documentaire ce quelque chose de nombriliste et de scénarisé qui me gêne dans le monde des youtubeurs en général.
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