dimanche 22 septembre 2024

Chanson (10): Beyrouth

Depuis toujours, le monde arabe peuple mon imaginaire.

Les liens ancestraux de mon pays avec cette aire culturelle, l’héritage abrahamique qui fait que ses peuples ont longtemps ressemblé aux héros bibliques, la centralité du Maghreb dans la politique française depuis 1830, la Méditerranée qui nous sépare et qui nous lie, les racines communes du fascinant empire romain, l’empreinte de l’immigration croissante sur notre pays, la marque énorme dans notre étymologie, l’héritage de la religion qui fut notre ennemi historique, tout cela a sans doute joué.

Plus personnel, il y a le souvenir d’un grand-père émerveillé par son passage dans le Liban d’avant la seconde guerre mondiale, qui fait que j’ai toujours eu envie de visiter celui-ci.

Cette petite introduction m’amène au titre d’aujourd’hui, Beyrouth, d’Ibrahim Maalouf.

Cet artiste franco-libanais est le fils de Nassim Maalouf, un trompettiste connu pour avoir adapté la trompette (je crois en ajoutant un quatrième piston) à la musique arabe, qui intègre notamment des quarts de ton, spécificité, si j'ai bien compris de la musique orientale.

Ibrahim a pris la succession de son père, commençant très jeune et devenant lui-même un trompettiste accompli.

Avec son titre Beyrouth, il a créé une pièce magnifique, dédiée à la ville du même nom.

Très long et sans paroles, ce morceau commence par une ambiance feutrée, avec une trompette aérienne qui lance quelques notes solitaires et mélancoliques sur un fond très discret.

Lentement, elle va répéter ses motifs, les compliquer un peu, revenir, alterner ses phrases avec des silences et des respirations,  comme pour nous inviter à méditer et nous détendre.

Toutefois au fur et à mesure que l’on avance dans le temps, on sent la mélodie s’affermir, enfler et se complexifier.

Le morceau termine dans une explosion et laisse le relais à quelques mesures plus rock, déconcertantes mais finalement très bien vues et tout à fait à leur place.

La douce mélancolie du début finit ainsi en furie, comme une apothéose, un peu comme une étreinte amoureuse, une transe de derviches ou le sprint qui termine un marathon.

C’est magnifique, et j'en ressors toujours rasséréné, vidé dans le bon sens du terme, et les yeux pleins d’images nostalgiques d’un endroit que je n'ai jamais vu.

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