Le temps que nous passons à travailler dans une vie est énorme.
Une fois déduits le sommeil et l’alimentation, c’est même probablement l’activité à laquelle nous consacrons le plus de temps, depuis l’entrée à l’école, qui constitue un pré-travail, jusqu’à la retraite, du moins dans les pays où celle-ci existe.
C’est dire l’importance du "boulot".
Celui-ci influence de manière centrale l’existence de chacun, tout d’abord par le revenu qu’il génère, qui conditionne le reste de la vie.
Ce revenu peut être le salaire, le chiffre d’affaire, les avantages en nature, etc. et de lui dépend ce qu’on peut s’offrir ou offrir à sa famille, et parfois plus tragiquement si l’on va manger ou pas.
Le travail structure aussi l’organisation pratique d’une vie.
Qui travaille en trois huit, la nuit ou les week-ends devra s’adapter en conséquence : pas de courses le samedi, peu de sorties avec les autres, enfants gardés en décalé, etc.
Idem pour les gens qui travaillent en lien avec l’éducation nationale : pas de RTT possible, et pas de latitude sur les dates de vacances.
La question du lieu de travail est aussi déterminante.
Les gens qui travaillent sur des chantiers ou qui doivent voir des clients/des collègues lointains sont souvent absents de chez eux.
Ceux dont l’employeur est éloigné de leur domicile ou ceux qui font des prestations chez des clients (comme les femmes de ménage), doivent consacrer un temps non négligeable aux transports, dont la durée peut changer une vie.
A l’inverse l’apparition du télétravail change la donne : être loin de son travail est gérable si l’on n’y va que ponctuellement. On voit ainsi des gens employés en Ile-de-France qui repartent ou s’installent en province, concentrant les déplacements sur quelques jours.
A mon échelle, je suis passé de dix heures de RATP par semaine à quatre, et les six heures libérées sont une petite révolution pour moi.
Le travail a aussi des impacts sur la santé et l’espérance de vie. Diverses pathologies sont renforcées voire déclenchées par tel ou tel emploi : la silicose pour les mineurs, les tendinites pour les utilisateurs de souris, les escarres pour les routiers, etc.
Il expose aussi la plupart du temps à un milieu particulier, avec certaines origines sociales et/ou ethniques sur représentées, comme la noblesse chez les officiers, la grande bourgeoisie avec les diplômes afférents pour les cadres dirigeants et les hauts fonctionnaires, les ultramarins pour les premiers échelons de la fonction publique, les tailleurs juifs, les vigiles africains, les femmes de ménage maghrébines ou philippines, etc.
Chacun a aussi ses habitudes, ses règles, et tout n’est pas toujours économiquement rationnel, loin s'en faut.
Certaines corporations, comme les cheminots, sont ultra politisées et plus attachées à la défense coûte que coûte de leurs avantages qu’à la bonne marche de la SNCF, et je me suis rendu compte que dans mon domaine il y avait régulièrement des effets de mode parfaitement illogiques mais suivis en masse quelles que soient les éventuelles conséquences.
Dans la série de posts que j’entame ici, je vais évoquer quelques-unes des expériences professionnelles que j’ai vécues ou vues, ainsi que les réflexions qu’ont pu m’inspirer les longues années que j’ai déjà consacrées au travail.
Fatalement, je parlerai de ce que je connais le mieux, c’est-à-dire le monde du tertiaire.
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