samedi 17 mai 2025

Comme ils disent (1)

Aujourd'hui je vais évoquer le sujet de l'homosexualité.

Entre les gay prides officialisées, le mariage homo légalisé, les coming out -volontaires ou forcés- dans tous les partis, de Philippot du RN à Delanoe du PS en passant par le macroniste Attal, les dizaines d'artistes qui assument ouvertement leur orientation, les combats LGBTQIAA++ où le G semble s'effacer face aux dites nouvelles sexualités, on pourrait penser que la discussion est close, que tout est réglé dans la question gay.

Ce n'est à mon avis pas le cas, et cela ne l'a certainement pas été pendant fort longtemps, à commencer par ma jeunesse.

Je ne sais plus quand j'ai appris l'existence de l'homosexualité mais c'était sans doute assez jeune, ne serait-ce que pour décrypter l'insulte PD, tellement commune quand j'étais enfant.

Tout garçon qui n'était pas assez mâle y avait en effet droit: les pleurnicheurs, les sensibles, ceux qui s'intéressent plus à la lecture qu'au foot, les efféminés, etc.

Je ne pense pas que les insulteurs aient réellement été homophobes au sens où ils auraient voulu exterminer les homosexuels, ni même qu'ils aient cru que ceux qu'ils insultaient l'aient été.

Mais traiter quelqu'un de PD était une humiliation, une marque d'infamie, et l'insulte était utilisée dans ce but.

Riad Sattouf le rappelle très bien dans ses livres aussi cruels que réalistes sur l'adolescence: les PD étaient le groupe des losers, des gars un peu minables et impopulaires, ceux qui devaient se garer quand arrivaient les stars et les dominants.

Du fait de cette ambiance, j'ai sûrement croisé des homosexuels, mais qui ne l'assumaient et préféraient probablement se cacher.

Signe que les temps ont changé, le village de mes parents s'est à moitié vidé de sa population (300 habitants quand j'y vivais), mais il comprend aujourd'hui au moins trois couples homosexuels déclarés, dont deux de lesbiennes.

Çà m'a fait pensé aux demoiselles, comme on appelait deux dames de la commune qui vivaient ensemble lorsque j'étais enfant.

Je n'y prêtais alors pas attention, mais aujourd'hui je me demande ce qu'il en était réellement de leur relation: il est tout à fait possible qu'elles aient été un couple homosexuel clandestin. 

Mais comme le dit ma famille ce n'était pas un sujet qu'on évoquait.

Dans mon lycée, il y eut aussi une histoire un peu sordide à l'internat. Deux garçons avaient été pris en flagrant délit, je n'ai jamais vraiment su de quoi exactement mais c'était clairement sexuel.

Ils avaient été exclus quelques jours et fini leurs scolarités là-bas avec l'étiquette PD gravée au fer rouge.

Je connus assez bien l'un d'entre eux, avec qui je n'évoquai jamais le sujet mais qui s'intéressait énormément aux filles et pour lequel je pense que cette histoire relevait de l'homosexualité dite de circonstance.

J'entends par là celle qu'on peut trouver à l'armée, dans les prisons, les bateaux ou justement les internats, quand privés de conjoints, les gens soulagent leur libido par des relations du même sexe.

Plus tard il y eut un étudiant de ma promo de fac, qui cochait toutes les cases du cliché et l'était réellement, mais je ne l'ai su que longtemps après avoir fini mes études. 

En tout cas, durant toute cette époque, c'est-à-dire quasiment mes 25 premières années, je ne rencontrai pas d'homo affirmé.

De ce fait, ils étaient un peu mythifiés.

On considérait souvent l'homosexualité comme une maladie, ou une perversion qu'il fallait condamner, souvent pour des motifs religieux et/ou moraux.

L'archétype de la folle faisait aussi beaucoup rire et on le rencontrait un peu partout.

Au cinéma il y avait la mythique Cage aux folles avec son Serrault survolté ou le Super résistant joué par Martin Lamotte dans Papy fait de la résistance.

A la télé on avait le Michou Bidou des émissions de Collaro et les sketches type le gay paysan de Michel Leeb.

Dans le cinéma franchouillard et notamment les films de bidasses, il y avait toujours une folle, un type généralement lascif, hystérique et maniéré.

Mais au final l'homo n'était jamais vu comme quelqu'un de normal.

On en riait, on pouvait lui pardonner, mais il devait rester à sa place, entre l'handicapé et le noir pour forcer le trait.

Je me souviens avoir commencé à me poser des questions plus sérieuses lors des paniques autour du SIDA, qui m'avaient beaucoup impressionné et mis les homosexuels en avant, souvent pour les accuser d'ailleurs (rappelons-nous des sinistres sidatoriums de Le Pen père).

Puis arriva le PACS, ce contrat de concubinage qui était aussi valable pour les couples homosexuels.

A cette occasion je découvris un peu plus l'histoire des homosexuels, leur longue pénalisation et l'accès récent à une majorité sexuelle alignée sur les autres (1981), le tribut qu'ils payèrent au SIDA, leur nombre aussi, notamment chez les artistes.

C'est peu après cette époque que j'ai rencontré mon premier véritable homo (expression étrange).

Je prenais le train tous les jours avec lui pour aller travailler et nous avions fini par sympathiser.

C'est justement en évoquant mon opposition au PACS (je trouvais un peu con de créer un énième statut plutôt que de généraliser le mariage) qu'il me confia être PACSé.

Quand je lui demandais pourquoi il ne s'était pas plutôt marié qu'il me dit que c'est parce qu'il était avec un homme.

Je me souviens d'un blanc, auquel il devait être habitué, et puis nous avons continué à discuter régulièrement.

Lui n'avait rien d'une folle, il aimait un peu s'écouter parler, mais au final, comme le dit Khojandi dans son excellent sketch sur le sujet, il était comme tout le monde.

Peu à peu les mœurs changeant, j'ai rencontré d'autres homos qui ne se cachaient pas, généralement sans en faire un combat. C'était surtout des hommes, j'avais l'impression que les coming out lesbiens étaient plus rares.

Le mariage pour tous fut une autre étape marquante.

Il montra à la fois la permanence de réticences vis-à-vis de l'homosexualité (souvenons-nous de la manif pour tous), et une plus grande acceptation puisque la loi est quand même passée.

Une fois cette étape franchie, on put néanmoins penser que les homos étaient désormais acceptés et fondus dans le paysage.

Si je reprends mon exemple, un bon ami à moi est homosexuel, plusieurs collègues le sont également, ainsi qu'un couple de voisins avec deux enfants.

Certains sont de droite, d'autres de gauche, certains aiment les huîtres ou les grosses bagnoles, croient ou non en Dieu, aiment le footing, etc.

Ce serait malheureusement trompeur de penser que tout est réglé.

Dans le monde, les homosexuels sont très souvent officiellement discriminés sinon réprimés, certains pays allant jusqu'à la peine de mort.

Ce n'est pas le cas en France, mais les gays y font toujours l'objet de rejets, notamment chez les immigrés et les religieux, ces rejets pouvant aller jusqu'à l'agression et au meurtre.

Sans compter que, comme pour le racisme, un certain activisme identitaire a poussé la lutte jusqu'à l'absurde, générant des rancoeurs qui s'exprimeront tôt ou tard.

L'hégémonie wokiste des dernières années a ainsi été exploitée sans vergogne par certains pour leur ascension, un peu comme il y a des juifs qui instrumentalisent honteusement la Shoah pour leurs propres intérêts.

Et comme ces derniers ont finalement revivifié un antisémitisme qui n'attendait que ça, les excès LGBT pourraient bien entrainer un jour un retour de bâton. Les actions du gouvernement américain actuel en donnent une idée.

C'est en ce sens que je dis que le chapitre n'est pas clos. Le sera-t-il jamais d'ailleurs? 

Je pense qu'on peut juste souhaiter très fort la poursuite de la banalisation de l'homosexualité et la réduction des inévitables extrémismes aux marges de la société.

Espérons aussi que les débats nécessaires sur la parentalité ou la GPA aboutiront dans la sérénité, que les dogmes religieux feront une juste place aux homosexuels et que les militants sectaires accepteront qu'il y ait des limites et admettront qu'haïr la différence c'est condamnable dans les deux sens.

On n'est donc pas au bout. Les dynamiques ne vont pas toujours dans le sens souhaité, mais en Occident il y a bel et bien un monde gay qui est sorti du placard, composé de gens dont la sexualité est une facette parmi d'autres mais qui ont inventé une sous-culture.

J'évoquerai ce que je connais de cette dernière dans un prochain post.

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