mercredi 14 mai 2025

Chanson (27) : La visite

J'ai déjà parlé de mon rapport au Québec, cet endroit qui attire le "francophonophile" que je suis mais dont les productions culturelles me déçoivent trop souvent.
 
Le titre de ce jour vient contredire ce constat. Il vient en effet de la Belle Province et semble avoir été écrit pour moi: il s'agit de La visite, de Lynda Lemay.
 
J’ai découvert cette chanteuse via son live de 1996, qu’on avait prêté à ma femme, et j’ai tout de suite adhéré à son univers, à son sens de la formule et à son imparable humour.
 
J’ai beaucoup écouté Lynda Lemay, je l’ai  même vue en concert et puis comme pour beaucoup d’artistes, j’ai un peu perdu sa trace, occupé par une vie d’adulte de plus en plus dense.
 
Dans ce morceau, la chanteuse exprime son aversion pour les visites impromptues.
 
Avec son habituel talent, elle décrit par le menu toutes les obligations que celles-ci impliquent, de la maison qui doit être rangée aux réserves de cacahouètes ou de liqueurs, en passant par la relégation sur la chaise droite, la politesse obligeant à céder ses sièges les plus confortables aux visiteurs
.
Elle parle aussi du stress d'être surprise de manière impromptue en "queue de chemise", des films interrompus en plein milieu, de l’hypocrisie suivie des inévitables ragots, du temps passé à espérer un départ qui n’en finit pas d’arriver et sera de toute façon suivie tôt ou tard par une autre visite.
 
En parallèle, elle fantasme sur les moyens d’y couper, de la dissimulation de sa présence (voiture cachée, rideaux tirés) à se faire une réputation de sorcière insociable pour rebuter toute tentative.
 
En quelques couplets Lynda Lemay crée comme à l’accoutumée un univers plein d’images fortes auquel on peut facilement s’identifier.
 
C’est en tout cas mon cas : en effet je n’aime pas les surprises, l’imprévu me met mal à l’aise et lorsque je vois des gens j’aime que ce soit planifié et garder la main sur la durée et la fin.
 
Ma conjointe n’étant pas de ce modèle-là, j’ai subi moi aussi des visites à la Lemay et la torture qu’elle décrit me parle donc beaucoup !
 
Pour finir par le côté musique, le titre est assez simple.
 
C’est une succession d’accords un peu rythmés qui accompagnent la voix de la chanteuse, dont l’interprétation nous fait sentir la montée du désespoir et de l’exaspération jusqu’à une chute excellente, qui conclue merveilleusement bien ce petit bijou parano.
 
Sans hésiter je mets cette visite (qui m’aide à tenir lorsque je me retrouve piégé et que je la chantonne dans ma tête) dans le top 10 des morceaux de cette talentueuse canadienne.

 

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