mercredi 27 novembre 2024

Tous violeurs

Récemment, j'ai regardé un film avec Bill Murray, et le lendemain un épisode de la série Netflix Mercredi, avec l'acteur Percy Hynes White.

Les deux acteurs, de génération et parcours bien différents, font l'objet d'accusations de viol/harcèlement sexuel/comportement inapproprié.

Cette coïncidence m'a fait réaliser qu'il est presque devenu impossible aujourd'hui de regarder un film ou une série dont au moins l'un des protagonistes masculins n'a pas des accusations de ce type aux fesses.

Ce constat est pour moi un peu perturbant, même s'il semble malheureusement assez logique, dans le sens où il prolonge les idéologies à la mode côté gauche, qui semblent parties en roue libre bien bien loin des justes combats qui les ont initiées.

J'ai déjà parlé de la lecture raciale obsessionnelle du monde où tout est expliqué et figé par l'origine.

Et bien il semble que les petites cases sectorielles qui organisent les rapports de domination selon l'identité se complètent désormais avec un axe genre et sexe, le catéchisme résultant s'appelant l'intersectionnalité.

Je me souviens de Clémentine Autain expliquant doctement cette classification savante et incontestable à un jeune Eric Zemmour dont le livre Le premier sexe venait de lancer le personnage: en tant que femme elle était chez les dominées, et en tant que blanche, chez les dominantes.

Elle n'avait pas sorti une de ces matrices Excel dont le monde du travail tertiaire est si friand, mais le coeur y était.

Tout ceci pourrait n'être qu'une mode ou une bien-pensance moderne, comme le féminisme d'aujourd'hui semble très souvent l'être, irritante mais pas grave en soi.

Malheureusement ça va plus loin que ça, et l'idée que l'homme est par principe un prédateur sexuel et la femme par principe une victime innocente, sans cesse diffusée et répandue par des lobbyistes, finit par avoir des conséquences.

Il est dit que le mouvement #MeToo a libéré la parole des femmes victimes de domination et de viol.

Rien à dire, c’est même très bien, mais ça ne concerne quand même qu'une très petite frange de la population, très médiatisée et dont le métier, actrice, joue beaucoup sur l'attirance sexuelle et la séduction.

Du coup son impact sur ce que subit Madame Tout-le-monde me semble plutôt limité.

Par ailleurs, j'avoue m'interroger comme beaucoup de personnes sur le fait qu'une femme puisse accepter un rendez-vous dans une chambre d'hôtel avec un producteur sans imaginer qu’il y ait là une arrière-pensée.

D'autant plus que dans le monde phallocrate qu'elles dénoncent elles ont forcément déjà croisé des prédateurs masculins, encore plus en étant belles.

Tout le monde n’a du reste pas joué ce jeu ambigu. Je me souviens de Lupita Longo disant avoir refusé et être rentrée chez elle en métro.

Ce genre de scénario ignoble et de guet-apens sexuel sur fond de liens de pouvoir existe depuis la nuit des temps et hélas existera toujours.

Il se produit d'ailleurs aussi dans les relations homosexuelles, et également dans l’autre sens, certaines femmes riches ou puissantes ne se gênant pas pour profiter de leur position.

Ces comportements dénoncés sont détestables et inexcusables, il faut les combattre, mais de là à condamner la gent masculine dans son ensemble et par principe, il y a quand même un gouffre. Du moins il devrait y avoir un gouffre.

En fait, cette grille de lecture imposée conduira et conduit fatalement aux mêmes abus que l’ordre patriarcal qu’elle dénonce, qui a bel et bien existé en droit (souvenons-nous de l’horrible affaire Tonglet-Castellano en 1974) et qui n’est pas mort dans les faits.

Précision : je ne parle ici que de l’Occident, parce que le droit patriarcal est bien toujours inscrit dans la loi dans plein d’endroits de ce monde.

On ne combat pas un excès par l’excès contraire, et les lois instaurées sur les campus américains qui font de la fille une victime systématique et oblige le garçon à être éloigné du campus sur simple accusation sont aussi injustes que ce qui les a inspirées.

Avec ce genre de législation, on risque d'arriver à une banalisation de situations aussi horribles que celle de Farid El Haïry, condamné à 20 ans de réclusion par une fille qui voulait protéger son violeur.

La question du consentement est par nature complexe et il existe une zone grise dans le désir.

Considérer que la fille, par nature victime, a toujours raison et que si elle décide que c’est un viol ce sera un viol est aussi épouvantable que ces hommes qui estiment pouvoir prendre toute femme considérée comme disponible sans lui demander son avis, parce qu’elle est pauvre, sans chaperon ou en situation de faiblesse.

Ces postures stériles et criminelles ne peuvent que généraliser la méfiance, l’aigreur et nous préparer à un violent retour de bâton.

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