La semaine dernière j’ai vu un film, Les Invasions barbares, qui se termine par un suicide assisté clandestin.
L’homme concerné souffre d’un cancer incurable et douloureux, il est suffisamment riche pour pouvoir se payer des soins palliatifs alternatifs et passer ses derniers instants dans une maison de campagne.
Il est par ailleurs bien entouré, de partenaires, d’amis, d’enfants, etc…
Dans ces conditions, il me semble difficile d’être contre cette idée de suicide assisté, qui suscite tant de débats aujourd’hui.
Quand la personne a toute sa tête, qu'elle souffre, qu’il n’y a plus d’espoir médicalement parlant, qu’elle souhaite mourir en connaissance de cause et n’a ni la force ni les moyens d’en finir elle-même, pourquoi le lui refuserait-on ?
L’autre cas où pour moi l'assistance à la mort est envisageable est celui d’une personne dans un état végétatif final, dans l'un de ces comas totaux avec le cerveau trop abîmé pour interagir avec le monde.
Dans ce cas, que les proches puissent intervenir pour décider de précipiter la fin ne me choque pas.
C'est néanmoins beaucoup moins évident de trancher dans ce cas, surtout si la personne est jeune, d'abord parce qu'elle ne peut pas s'exprimer, et aussi parce qu'on ne sait pas ce qu'elle pense et s'il reste ou non de l'espoir.
Le cas du footballeur Jean-Pierre Adams, mort après presque quarante ans de coma illustre bien le fait que cette question n'est pas triviale du tout: en autant d'années on pouvait avoir l'espoir que la science aurait pu faire quelque chose.
Personnellement, j’ai à peu près vécu les deux configurations.
D’une part mon frère quadragénaire a demandé d’arrêter les traitements et de basculer sous morphine jusqu’à la fin (qui a été très rapide) quand son cancer est arrivé à un stade insupportable.
D’autre part une personne âgée de ma connaissance a eu le cerveau détruit par un accident vasculaire sans espoir de retour arrière ni de pouvoir bouger, et sa famille a plus ou moins décidé de la débrancher.
Pour ces deux cas, qui sont peut-être un peu à la limite de la légalité dans notre pays, l’aide à la fin me semble justifiée.
En effet, à chaque fois l’échéance a juste été un peu accélérée, et l'on était dans des configurations où il n’y avait pas d’alternative et où ne rien faire aurait entrainé beaucoup de douleur.
Ces exemples militent pour la légalisation de la fin de vie assistée, comme certains pays l'ont fait.
Ainsi le Canada, où j’ai lu que désormais 5% des décès sont des suicides assistés. Là-bas cette solution semble bel et bien passée dans les mœurs et elle concerne aussi beaucoup de jeunes.
J’ai déjà parlé de l’envie de mourir qui m’a parfois traversé l’esprit comme à tant de gens, et des garde-fous qui m’avaient empêché de passer à l’acte, essentiellement les gens pour qui je compte, famille en tête.
C’est à cause de ce dernier point que l’euthanasie légale m’inspire aussi de grandes inquiétudes
La part de gens âgés est croissante dans nos sociétés, et ce n’est pas près de s’arrêter.
En effet non seulement l'espérance de vie augmente, mais une part croissante des personnes âgées n’a pas d’enfant non plus, et cette absence de descendance augmente le poids relatif des seniors.
J’ai vu avec mes grands-parents et désormais avec mes parents que pour la plupart des gens un moment arrive où l'on décline et où l'on n’arrive plus à s'en sortir seul.
Cet âge est différent selon les personnes, mais tout le monde ou presque finit par être concerné.
A ce moment-là, la solitude n'est pas seulement difficile à vivre, elle devient aussi un handicap au quotidien, quand faire ses courses, remplir ses papiers ou se laver devient une épreuve parfois insurmontable.
Dans les sociétés traditionnelles, dont la nôtre il n'y a pas si longtemps, on attend qu'au moins l'un des enfants s'occupe des anciens sur le déclin et les accompagne jusqu'à la fin.
Ce n'est évidemment ni parfait ni garanti, certains enfants maltraitent leurs vieux, ou bien les négligent, ou s'en occupent mal.
L’homme concerné souffre d’un cancer incurable et douloureux, il est suffisamment riche pour pouvoir se payer des soins palliatifs alternatifs et passer ses derniers instants dans une maison de campagne.
Il est par ailleurs bien entouré, de partenaires, d’amis, d’enfants, etc…
Dans ces conditions, il me semble difficile d’être contre cette idée de suicide assisté, qui suscite tant de débats aujourd’hui.
Quand la personne a toute sa tête, qu'elle souffre, qu’il n’y a plus d’espoir médicalement parlant, qu’elle souhaite mourir en connaissance de cause et n’a ni la force ni les moyens d’en finir elle-même, pourquoi le lui refuserait-on ?
L’autre cas où pour moi l'assistance à la mort est envisageable est celui d’une personne dans un état végétatif final, dans l'un de ces comas totaux avec le cerveau trop abîmé pour interagir avec le monde.
Dans ce cas, que les proches puissent intervenir pour décider de précipiter la fin ne me choque pas.
C'est néanmoins beaucoup moins évident de trancher dans ce cas, surtout si la personne est jeune, d'abord parce qu'elle ne peut pas s'exprimer, et aussi parce qu'on ne sait pas ce qu'elle pense et s'il reste ou non de l'espoir.
Le cas du footballeur Jean-Pierre Adams, mort après presque quarante ans de coma illustre bien le fait que cette question n'est pas triviale du tout: en autant d'années on pouvait avoir l'espoir que la science aurait pu faire quelque chose.
Personnellement, j’ai à peu près vécu les deux configurations.
D’une part mon frère quadragénaire a demandé d’arrêter les traitements et de basculer sous morphine jusqu’à la fin (qui a été très rapide) quand son cancer est arrivé à un stade insupportable.
D’autre part une personne âgée de ma connaissance a eu le cerveau détruit par un accident vasculaire sans espoir de retour arrière ni de pouvoir bouger, et sa famille a plus ou moins décidé de la débrancher.
Pour ces deux cas, qui sont peut-être un peu à la limite de la légalité dans notre pays, l’aide à la fin me semble justifiée.
En effet, à chaque fois l’échéance a juste été un peu accélérée, et l'on était dans des configurations où il n’y avait pas d’alternative et où ne rien faire aurait entrainé beaucoup de douleur.
Ces exemples militent pour la légalisation de la fin de vie assistée, comme certains pays l'ont fait.
Ainsi le Canada, où j’ai lu que désormais 5% des décès sont des suicides assistés. Là-bas cette solution semble bel et bien passée dans les mœurs et elle concerne aussi beaucoup de jeunes.
J’ai déjà parlé de l’envie de mourir qui m’a parfois traversé l’esprit comme à tant de gens, et des garde-fous qui m’avaient empêché de passer à l’acte, essentiellement les gens pour qui je compte, famille en tête.
C’est à cause de ce dernier point que l’euthanasie légale m’inspire aussi de grandes inquiétudes
La part de gens âgés est croissante dans nos sociétés, et ce n’est pas près de s’arrêter.
En effet non seulement l'espérance de vie augmente, mais une part croissante des personnes âgées n’a pas d’enfant non plus, et cette absence de descendance augmente le poids relatif des seniors.
J’ai vu avec mes grands-parents et désormais avec mes parents que pour la plupart des gens un moment arrive où l'on décline et où l'on n’arrive plus à s'en sortir seul.
Cet âge est différent selon les personnes, mais tout le monde ou presque finit par être concerné.
A ce moment-là, la solitude n'est pas seulement difficile à vivre, elle devient aussi un handicap au quotidien, quand faire ses courses, remplir ses papiers ou se laver devient une épreuve parfois insurmontable.
Dans les sociétés traditionnelles, dont la nôtre il n'y a pas si longtemps, on attend qu'au moins l'un des enfants s'occupe des anciens sur le déclin et les accompagne jusqu'à la fin.
Ce n'est évidemment ni parfait ni garanti, certains enfants maltraitent leurs vieux, ou bien les négligent, ou s'en occupent mal.
De Thérèse Raquin à Ces gens-là en passant par La route au tabac, les livres, les films et les chansons sont pleins de ce genre de cas (ceci pour rappeler que non, tout n'était pas mieux avant).
Dans nos pays riches c'est désormais l'état providence qui a pris le relais pour s'occuper des gens en fin de vie, de manière à compenser la raréfaction des enfants, leurs plus fréquent éloignement géographique et la montée de l'individualisme.
Là encore ça se fait avec plus ou moins de bonheur; selon les infrastructures et surtout selon les revenus, en escomptant que les enfants s'impliquent, surveillent, corrigent le tir et/ou complètent la vie par des visites, de l'argent, du contact humain, etc.
La tendance que je citais précédemment montre toutefois les limites de ce nouveau modèle.
Comme je le disais le nombre de personnes âgées qui n'ont personne va croissant, et le coût de leur prise en charge par la société avec.
Et du fait qu'en même temps on a de moins en moins d'enfants, un nombre également croissant de ces anciens se retrouvent seuls pendant leurs vieux jours, et donc complètement dépendants du bon vouloir des institutions.
Une autre conséquence de la baisse des jeunes est le recours massif à l'immigration, notamment pour les métiers plutôt ingrats qui sont liés à la prise en charge des personnes âgées.
Je ne critique évidemment pas les personnels d'origine étrangère en disant cela, mais fait le constat que leur présence s'accompagne d'une distance culturelle plus grande entre soignants et soignés, pas toujours facile à vivre à des âges où l'on craint souvent le changement.
J'avais été frappé dans un reportage sur des destins d'immigrés de France par une infirmière maghrébine racontant que sa présence rassurait beaucoup les chibanis pour lesquels elle travaillait. L'inverse est évidemment vrai aussi.
Tout ça pour arriver à ma conclusion.
Un nombre d'anciens qui augmente en valeur absolue et relative.
Un nombre croissant d'entre eux qui n'ont pas de descendance, augmentant leur solitude, leur incapacité à se prendre en charge et aussi leur déconnexion du monde, car on sait que fréquenter des gens plus jeunes maintient les capacités sociales et cognitives.
Des coûts de prise en charge qui se font de plus en plus lourds pour la société et les actifs, beaucoup de ces derniers n'ayant aucun lien avec les retraités.
Et à côté de ça un suicide assisté légal et facilement accessible.
Tout ça pour dire qu'il n'est pas difficile de craindre une sorte d'âge de cristal feutré où les dirigeants d'EHPAD, d'autres structures ou même l’État mettent une pression insidieuse pour pousser les anciens les "moins rentables" à signer pour leur euthanasie.
Quand on voit les scandales réguliers de la maltraitance en maison de retraite, les arnaques visant spécifiquement les seniors ou leurs agressions, cette idée ignoble ne semble pas si irréaliste.
En tout cas, c'est le bémol que je mets à cette idée de suicide assisté.
Dans nos pays riches c'est désormais l'état providence qui a pris le relais pour s'occuper des gens en fin de vie, de manière à compenser la raréfaction des enfants, leurs plus fréquent éloignement géographique et la montée de l'individualisme.
Là encore ça se fait avec plus ou moins de bonheur; selon les infrastructures et surtout selon les revenus, en escomptant que les enfants s'impliquent, surveillent, corrigent le tir et/ou complètent la vie par des visites, de l'argent, du contact humain, etc.
La tendance que je citais précédemment montre toutefois les limites de ce nouveau modèle.
Comme je le disais le nombre de personnes âgées qui n'ont personne va croissant, et le coût de leur prise en charge par la société avec.
Et du fait qu'en même temps on a de moins en moins d'enfants, un nombre également croissant de ces anciens se retrouvent seuls pendant leurs vieux jours, et donc complètement dépendants du bon vouloir des institutions.
Une autre conséquence de la baisse des jeunes est le recours massif à l'immigration, notamment pour les métiers plutôt ingrats qui sont liés à la prise en charge des personnes âgées.
Je ne critique évidemment pas les personnels d'origine étrangère en disant cela, mais fait le constat que leur présence s'accompagne d'une distance culturelle plus grande entre soignants et soignés, pas toujours facile à vivre à des âges où l'on craint souvent le changement.
J'avais été frappé dans un reportage sur des destins d'immigrés de France par une infirmière maghrébine racontant que sa présence rassurait beaucoup les chibanis pour lesquels elle travaillait. L'inverse est évidemment vrai aussi.
Tout ça pour arriver à ma conclusion.
Un nombre d'anciens qui augmente en valeur absolue et relative.
Un nombre croissant d'entre eux qui n'ont pas de descendance, augmentant leur solitude, leur incapacité à se prendre en charge et aussi leur déconnexion du monde, car on sait que fréquenter des gens plus jeunes maintient les capacités sociales et cognitives.
Des coûts de prise en charge qui se font de plus en plus lourds pour la société et les actifs, beaucoup de ces derniers n'ayant aucun lien avec les retraités.
Et à côté de ça un suicide assisté légal et facilement accessible.
Tout ça pour dire qu'il n'est pas difficile de craindre une sorte d'âge de cristal feutré où les dirigeants d'EHPAD, d'autres structures ou même l’État mettent une pression insidieuse pour pousser les anciens les "moins rentables" à signer pour leur euthanasie.
Quand on voit les scandales réguliers de la maltraitance en maison de retraite, les arnaques visant spécifiquement les seniors ou leurs agressions, cette idée ignoble ne semble pas si irréaliste.
En tout cas, c'est le bémol que je mets à cette idée de suicide assisté.