lundi 28 juin 2010

Réflexions sur la démographie (2) : concepts

Mon premier post de la série introduira quelques concepts utilisés en démographie.

Pyramide des âges


Une pyramide des âges est une photographie de la répartition en classes d’âge d’un pays. 


Elle s’organise autour d’un axe temporel désignant la date de naissance en ordonnée, et du nombre de personnes de chaque sexe nées pour une année en abscisse.
 

Ce type de graphique était à l’origine une pyramide à cause de la configuration « peu de vieux / beaucoup de jeunes » qui lui donnait une large base et un sommet étroit, mais aujourd’hui, notamment dans les pays développés, cette forme est souvent différente, à cause de la fin de la transition démographique (cf. post suivant).

Classes creuses
 

On désigne par « classes creuses » les gens nés pendant une période de faible fécondité, reprenant le terme « classe » avec lequel on désignait les conscrits du temps du service militaire (on parle de la classe 36 pour les conscrits nés en 1936 par exemple).
 

Elles correspondent à un resserrement sur la pyramide des âges d’un pays, et ce qui est intéressant, c’est que ce resserrement se répercute sur la génération d’après. En effet, les enfants qui ne sont pas nés pendant la période n’ont pas pu avoir d’enfants à leur tour, propageant le manque sur la pyramide.
 

La première fois que j’ai entendu ce terme c’était pour parler des Français de la première guerre mondiale.

L’hécatombe des tranchées (la France fut en proportion de sa population le deuxième pays le plus touché du conflit) avait enlevé au pays un grand nombre d’hommes en âge de procréer, ce qui entraina une importante chute des naissances pendant l’entre-deux-guerres, phénomène inquiétant au plus haut point les autorités de l’époque.
 

On peut également appliquer ce terme à l’Afrique australe, où le SIDA a fait des ravages dans la classe d’âge qui aurait normalement dû faire les enfants des générations futures. Ces enfants ne naitront pas, et l’on constate un déficit démographique très marqué de ce fait.

Enfin, le troisième cas pourrait être celui de certains pays de l’Est, d’où une part très importante de la population, généralement jeune, est partie à l’étranger à la chute des régimes communistes. Ainsi la Roumanie aurait perdu 2.000.000 de personnes après 1989, ces Roumains ayant fait des enfants pour le compte de leur nouveau pays.

La notion de classe creuse est un bel exemple du fait qu’en démographie ce qui se passe aujourd’hui a des conséquences demain.


Baby boom / Papy boom
 

Le baby boom est un événement qui a caractérisé le monde occidental. Il correspond à une reprise assez forte de la fécondité, qui a commencé pendant la seconde guerre mondiale pour les plus précoces (la France) et s’est terminée dans les années 70.
 

Les gens nés pendant cette période constituent la génération la plus importante numériquement dans nos pays, et aussi celle qui a connu une évolution de ses conditions particulièrement favorables.

Leur présence dans la pyramide des âges, après avoir constitué un « pied » large à leur naissance, a transformé celle-ci en une pyramide ventrue, avant de devenir à terme un champignon.
 

En effet, l’arrivée massive de cette génération à la retraite va constituer ce qu’on appelle déjà le « Papy boom », et devrait entrainer une reprise de la mortalité dans les années qui viennent.

La gestion de cette classe d’âge est au cœur de bien des problèmes de nos pays pour repenser l'état providence, notamment sur la question du coût des retraites et de la couverture médicale.




vendredi 25 juin 2010

Le cimetière des technologies

Avec désormais plus d'un tiers de siècle au compteur et ayant passé la première partie de ma vie dans une de ces vieilles maisons de campagne où l’on ne jette rien, j'ai eu l'occasion de manipuler, voir ou utiliser un assez grand nombre d'objets, des plus anciens oubliés là jusqu’aux plus récents.

Cette expérience m'a inspiré ce dont je vais parler aujourd'hui, à savoir la place impressionnante qu'ont prise les applications concrètes de la science dans nos vies, leur perfectionnement croissant et la vitesse à laquelle elles sombrent dans l'obsolescence, ces technologies devenues dépassées peuplant chaque jour un peu plus ce que j'appelle (avec une ironie un peu facile) le cimetière des technologies.

Les générations précédentes (je pense à celles de mon père et de mon grand-père) avaient un rapport aux objets différent du nôtre. On y trouvait en effet un grand nombre de gens qui démontaient et réparaient un objet quand il ne fonctionnait pas ou plus, qui « regardaient sous le capot », parfois complétaient ou amélioraient ledit objet à leur guise.

Plus qu’une question de personne ou de mode de vie, ce rapport était dû à une question de technique. Jusqu’à une date récente, le fonctionnement des objets se voyait ou s’appréhendait plus facilement. Il était en effet généralement basé sur la mécanique, sur une utilisation simple de l’électricité ou de matériaux plus facilement accessibles ou manipulables (ainsi on utilisait aussi beaucoup plus le métal que le plastique).

Tout cela impliquait que quelqu’un d’un peu habile pouvait changer une pièce lui-même, voire, s’il était équipé, souder, fondre, rabouter, rebrancher, etc. Il était plus évident d’être bricoleur qu’aujourd’hui.

En effet, l’ère du plastique et surtout de l’électronique ont induit un premier changement des choses. Les nouveaux objets, moins chers et moins résistants sont plus hostiles : il est impossible de réparer un objet en plastique, et on est désespérément démuni devant un circuit électronique qui ne fait pas ce que l’on souhaite.

Du coup, en cas de panne, les seules solutions sont l’appel au spécialiste, et encore plus souvent le remplacement de l’objet défectueux.

Finies les machines à laver que l’on réparait soi-même et qui repartaient pour dix ans, terminés les moteurs de voiture retapés à la main, exit les radios remontées dans le garage...


Cette augmentation de la technicité et ce côté « boite noire » nous rend plus vulnérables, plus dépendants aussi de ce que Virgil Gheorghiu appelait les « esclaves techniques », dont on ne peut plus se passer mais qu’on ne maitrise pas.

L’étape suivante dans cet éloignement entre l'objet et son usager a été la généralisation du principe de « facility » au sens anglais, l’objet disparaissant derrière son usage, et l’usager payant quelqu’un ou utilisant quelque chose pour faire ce qu’il aurait jadis fait lui-même.

Ainsi le bois que l’on coupait puis rentrait pour l’hiver est remplacé par l’électricité immatérielle que l’on utilise à volonté.

Ainsi l'on mange des plats déjà préparés au lieu de se frotter aux ingrédients bruts.


Ainsi les locations de matériel et de moyens de transport non individuels se développent (vélibs de Paris et de province, voitures en leasing).

Ainsi l’on écoute de la musique lue directement sur internet, affranchie de tout support.

Ainsi on ne fait plus d’albums photos (qu’on ne développe plus soi-même) mais on les stocke sur un site internet, etc.


Ce qui m’amène à la dernière grande étape de ce mouvement qui est le passage à l’ère numérique, qui fait tout converger vers le réseau internet et les outils interconnectés.

Internet nous permet en effet de tout sous-traiter : livraison, photos, musiques, films, voyages, livres, téléphone, etc. Pour gérer tout cela, on n’a plus besoin d’équipements particuliers, plus besoin de se déplacer, plus besoin de rencontrer. A priori on peut tout faire via ce qui est devenu l’objet ultime, l'ordinateur connecté.

Le revers est évidemment une dépendance accrue et la disparition de tout un tas de savoirs, la fin d’une forme d’autonomie. Faut-il le regretter ? Difficile de répondre, mais la littérature et le cinéma sont hantés par des histoires où la civilisation technique s’écroule, révélant des hommes de nouveau nus face au monde.

Indépendamment de ces aspects un peu « philosophiques », il est frappant de constater à quel point la progression de la technique s’est accélérée, l’obsolescence étant de plus en plus rapide, et touchant parfois des standards avant qu’ils n’aient eu le temps de s’imposer.

Je vais illustrer cette tendance à mon échelle, en prenant l’exemple des supports utilisés pour écouter de la musique, voir des films et stocker des données informatique.

Si l’on fait abstraction du cylindre initial, le premier support musical à être popularisé a été le disque. D’abord en cire puis en vinyle, il a connu divers formats. Dans mon enfance, les standards de disque étaient les 33 et 45 tours.

J’ai vu des 16 tours et des 78 tours chez ma grand-mère, mais ils étaient déjà dépassés et impossibles à lire sur un équipement « moderne » de l’époque.


Le support phare de ma jeunesse était toutefois la cassette audio, la musicassette, au format compact, robuste, et surtout ré-enregistrable à souhait : à l’époque de mes petits moyens, la copie était en effet reine !

J'ai également pu rencontrer l’ancêtre de la cassette, la bande magnétique en rouleau, lue sur des lecteurs spéciaux par mes professeurs d’anglais.


A cette époque-là, la micro-informatique balbutiante connaissait la disquette « molle » de 5 pouces ¼, remplacée ensuite par la nouvelle disquette 3 pouces ½, plus petite et rigide, et dont la capacité fut d’abord limitée à 720 Ko, avant de passer à 1,4 Mo (on pouvait toutefois « ruser » et transformer une 720 en 1,4 Mo en la trouant judicieusement...).

Quant aux films, il fallait aller au cinéma ou attendre leur diffusion sur le petit écran pour les voir. On pouvait toutefois déjà faire ses propres films avec les caméras super 8.

Les années 80 virent deux importants changements.

La première nouveauté fut le Compact Disc, premier pas de la numérisation en marche. Ce nouveau support, vendu comme inusable (belle blague, mais tout le monde y a cru à l’époque), a mis une bonne décennie à tuer le vinyle, avec lequel il a longtemps cohabité.

Le transfert des œuvres du format analogique au numérique a été long et inégal, et je me souviens des trois formats désignant les parties du processus. AAD indiquait une simple numérisation du support d’origine (souvent avec souffle ou craquements de disque reproduits sur le CD !), ADD impliquait une phase de remasterisation, c’est-à-dire un travail de « nettoyage » de l’œuvre originale (donc restauration de l'œuvre et suppression des bruits parasites), et DDD faisait référence à un travail 100% numérique.

La cassette audio mit plus de temps à disparaitre. Quelques challengers furent proposés, qui moururent en route. Si le Minidisc existe encore, il est peu utilisé en occident (il semblerait qu’il ait eu plus de succès au Japon), et les alternatives à la musicassette ont fait long feu.

La cassette DAT, première tentative, n'a pas touché le grand publie. Elle a été reconvertie pour un usage professionnel (parfois informatique).

Par contre, plus personne ne se souvient de la cassette DCC, pourtant lancée à grand renfort de publicité en 1992 (les lecteurs étaient compatibles avec la cassette existante) pour être piteusement abandonné quelques années plus tard.


Parallèlement au compact disc apparut le magnétoscope. Cet équipement engendra une véritable révolution, car il permettait à tout un chacun de voir chez lui les films de son choix, achetés ou loués, et ça quand il le voulait. On pouvait également regarder la télévision en différé grâce à sa fonction d’enregistrement. Aussi le succès fut-il énorme.

Au début cohabitèrent cependant plusieurs formats de cassette (bien sur incompatibles entre eux), avant que le VHS ne finisse par s’imposer (du moins en France) et par reléguer ses concurrents au rayon obsolète.

Un autre support apparut à l’époque, le vidéodisque ou laserdisc, mais son encombrement (il faisait la taille d’un 33 tours) son prix, sa capacité limitée, le fait qu’on doive changer de face comme pour un vinyle et surtout l’impossibilité d’enregistrer soi-même, grand atout du magnétoscope, l’empêchèrent de connaître le plein succès.

De son côté l’informatique découvrait le CD-Rom, les lecteurs zip (sortes de super disquettes), suivi par les CD ré-inscriptibles et les clés USB, qui reléguèrent enfin la bonne vieille disquette aux oubliettes.

La principale révolution était toutefois à venir. Je parle bien sur de l’ère de la numérisation dans laquelle nous sommes entrés et qui fait peu à peu converger tous les supports vers des formats informatiques et une interconnexion généralisée.

Après avoir tué l’analogique (vinyle, cassette et maintenant radio et ondes hertziennes) le numérique et l’informatique se sont invités partout, et désormais on peut écouter de la musique, voir des films, consulter ses mails, stocker ses photos et téléphoner via un média unique, l’ordinateur, branché sur le réseau internet.

Les capacités de stockage semblent infinies, de même que les applications possibles. L’informatique pénètre tous nos objets, qui deviennent de plus en plus « intelligents », qu’il s’agisse de l’électroménager, des voitures, des téléphones ou d’autre chose, mais qu’on peut de moins en moins maitriser ou même comprendre.

Quand je regarde derrière moi, que je me souviens des voitures à starter, des bricolages électriques de mon père (notamment l’ajout d’un bouton de démarrage sur une voiture !), des cafetières métalliques à étages, des mange-disque, des yaourtières, des télévisions à antenne « râteau » aux écrans bombés et sans télécommande, des téléphones à cadran, des brosses à vinyle pour nettoyer les disques, des cabines téléphoniques à pièces puis à carte, des filtres à écran sur des ordinateurs pourvus d’un bouton « turbo », des appareils photo polaroids, des minitels 1 et 2, des composteurs SNCF orange qui trouaient les billets dans un « clac » sonore, ainsi que tous les objets déjà obsolètes à ma naissance, je me dis que le monde va vite, que le mouvement technologique est vertigineux et…que je vieillis !

jeudi 17 juin 2010

Réflexions sur la démographie (3): la transition démographique

Ce second post va présenter un concept clé dans l'étude de la démographie: le modèle de transition démographique.

Un modèle en quatre phases

On désigne par transition démographique un schéma général de l’évolution de la population. Ce concept est né en étudiant l’Europe, mais sa validité s'est vérifiée sur la plupart des pays de la planète. On considère ainsi qu'une population évolue en quatre phases.

1. Le régime démographique "traditionnel"

On pose comme postulat qu’une population commence par être caractérisée par une mortalité forte, due à différentes raisons (climat hostile, guerres, famines, pandémies, vie matériellement plus difficile...) et par une natalité également très forte.

Mortalité et natalité s’équilibrent donc, ce qui fait que l’accroissement naturel, c’est-à-dire l’augmentation du nombre de personnes composant la population est faible, parfois même négatif. Cet état, dit régime démographique traditionnel, précède la transition démographique.

2. Première phase: baisse de la mortalité

La transition démographique commence par une chute importante du taux de mortalité, et notamment du taux de mortalité infantile.

Les causes de cette chute peuvent être variées : amélioration de la sécurité alimentaire et de l’hygiène, stabilisation politique, progrès de la médecine, meilleures conditions de vie, climat plus favorable, etc. Par contre, le taux de natalité reste fort durant cette phase.

La combinaison de ces deux caractéristiques (mortalité faible + natalité forte) entraine un très fort accroissement naturel et une explosion de la taille de la population.

3. Deuxième phase: baisse de la natalité

La deuxième phase de la transition démographique commence lorsque le taux de natalité baisse à son tour, le taux de mortalité restant au niveau bas atteint pendant la phase précédente.

Cette baisse entraine tout d’abord une baisse parallèle de l’accroissement naturel, puis un vieillissement et une stabilisation de la population: on vit plus longtemps, on fait moins d’enfants.

Une fois cette deuxième phase achevée, la transition démographique est terminée.

4. Le régime démographique "moderne"

Après la transition démographique, la société concernée se retrouve un peu dans la même situation qu’avant la transition, à savoir avec des taux de mortalité et natalité assez voisins (d’élevés avant la transition ils sont devenus faibles après la transition) et un accroissement naturel faible, quand il n’est pas négatif.

Cet état post-transition démographique est dit régime démographique moderne.

Quelques exemples de transitions

Le modèle de la transition démographique peut s’appliquer à la majorité des pays sur la planète, avec des variantes, qu’elles soient dans la durée ou dans les facteurs la pondérant/modifiant.

- L’Europe et d’autres pays dits « avancés » (comme le Japon) sont entrés dans le régime démographique moderne, ce qui pose un certain nombre de problèmes, dont le renouvellement de la population.

- La durée du processus peut être très variable. Pour certains pays la baisse de la fécondité a été très progressive, pour d’autres brutales. Ainsi la transition britannique a duré 150 ans, alors que la sud-coréenne s’est effectuée en 50 ans.

- Au sein de l’Europe, le pays qui a connu la transition démographique la plus précoce est la France. Son cheminement a d’ailleurs été très particulier, puisque mortalité et natalité y ont baissé de façon assez concomitante, et cela dès le 18ième siècle.

Le poids démographique du pays était alors démesuré par rapport à ses voisins, qui l’ont rattrapé en deux siècles. Ainsi en 1750, le Royaume-Uni comptait 7,5 millions d’habitants, et la France 24,5 millions, pour aujourd’hui plus de 60 millions dans les deux pays.

Cette particularité française a eu des conséquences importantes sur la politique du pays, sur lesquelles je reviendrai plus loin.

Paramètres extérieurs influant sur le processus

Le modèle de la transition démographique est insuffisant pour caractériser l’évolution d’une population. En effet, il ne tient pas compte du fait que de plus en plus les sociétés sont ouvertes et que de ce fait fécondité, natalité et mortalité doivent être pondérées par les mouvements migratoires : immigration et émigration.

On peut ainsi constater que les pays d’immigration qui accueillent et assimilent chaque année une quantité importante d’immigrants modifient par là leurs caractéristiques démographiques de manière significative.

En effet, cet ajout de personnes augmente l’accroissement naturel. De même, la fécondité de ces migrants, souvent supérieure à celle des autochtones (on peut prendre l’exemple des immigrés maghrébins ou africains en France) fait augmenter mécaniquement les taux de natalité et de fécondité du pays, tout en ralentissant son vieillissement.

A l’inverse, les pays dont une grande partie de la population émigre ne connaissent pas les conséquences d’une hausse de population de manière aussi forte que si les gens n’en partaient pas. Prenons l’exemple du Maroc : ce pays compte plus de 30 millions d’habitants, pour une diaspora estimée à 3 millions de personne, ce qui représente 10% de la population en moins pour le pays, chiffre tout sauf anodin.

Conclusion

Aujourd’hui les démographes estiment que ce processus de transition démographique, engagé en Europe vers 1750, devrait connaître sa fin en 2050, les derniers pays ayant alors atteint la fin de la seconde phase.

Le taux de fécondité moyen sur la planète est d'ores et déjà descendu en dessous de 3 enfants par femme, le nombre de pays à la fécondité exponentielle baisse, la hausse de la population mondiale est en pleine décélération et plusieurs pays avancés sont même en train de perdre des habitants.

Si ces projections s’avèrent vraies, l’humanité ouvrira un nouveau chapitre de son histoire à la moitié de ce siècle, avec une stabilisation et potentiellement un début de baisse de la population.

Dans les posts à venir, je vais illustrer d'autres concepts, offrir une lecture démographique de plusieurs événements historiques, et montrer comment la démographie est ou a été au cœur de bien des politiques.



mardi 15 juin 2010

Réflexions sur la démographie (1) : Introduction

Aujourd'hui je vais commencer une série de post concernant un domaine que je trouve passionnant : la démographie.

Ce sujet m’intéresse pour différentes raisons.

La première raison c'est que la démographie et tous les indicateurs qui lui sont liés (fécondité, natalité, mortalité, flux migratoires entrants et sortants...) décrivent un pays à l'instant t, mais permettent également et surtout de se projeter dans le futur, d'avoir une idée de son visage dans vingt ou trente ans.

La démographie n'est bien sûr pas le seul paramètre à prendre en compte pour l'évolution d'un pays ou son état mais elle fait partie des éléments structurants à considérer.

La deuxième raison c'est que si l'on peut analyser de façon assez objective les raisons des taux de mortalité ou des départs d'un pays ou territoire, ce n'est pas du tout le cas pour les taux de fécondité qui ont plus à voir avec les mentalités, l’état d’esprit, les valeurs, toutes choses qui échappent par définition à une analyse vraiment rationnelle.

Enfin, la troisième raison est que l'histoire, proche ou lointaine, nous montre qu'il est très difficile, voire impossible, d'influer politiquement sur la démographie d'un pays ou d'un peuple. Elle nous montre également que la perception qu’on peut avoir d'une situation démographique peut être très éloignée de sa réalité.

Au fur et à mesure de mes articles, je vais donc donner différents concepts, aspects et illustrations de cette question démographique, tenter de dégager des règles générales, et parler naturellement un peu plus de la France, dont l'histoire en ce domaine est très singulière en Europe.

Suivant: Réflexions sur la démographie (2): concepts

dimanche 13 juin 2010

Humour (1): Humour du rideau de fer

Bien qu'étant relativement jeune lors de l'écroulement du bloc communiste européen, je me souviens avoir été marqué par cette époque, la guerre froide, où l'organisation du monde paraissait plus simple qu'aujourd'hui et où la menace russe structurait une bonne partie de la politique extérieure.

Par la suite, j'ai rencontré pas mal de gens qui avaient grandi ou vécu "de l'autre côté" et le récit de leur vie et de leurs relations avec ce régime oscillait entre le tragique et le comique, car ils étaient sensibles à l'absurdité du système dans lequel ils vivaient, piégés qu'ils étaient entre une vie de plus en plus dure, un arbitraire total et des discours ronflants et totalement déconnectés.

Ce post listera une série de blagues, toutes venues du monde communiste, inspirées à leurs auteurs (qui pouvaient payer très cher cette irrévérence) par la situation.

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Dieu est en train d'accueillir les nouveaux arrivants au paradis, quand il aperçoit dans la queue un démon. N'en croyant pas ses yeux, il regarde mieux, et se rend compte qu'en fait il n'y a pas un mais des dizaines de démons qui font la queue devant les portes du paradis !
Il se précipite vers le premier et lui dit:
- Mais qu'est-ce que vous faites là? Qu'est-ce que vous voulez ??!!
Le démon répond:
- Ben...c'est-à-dire que Staline est mort. Il est bien sur allé en enfer, et...euh...enfin, voilà: en fait nous sommes les premiers réfugiés politiques !

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 Un homme meurt et arrive en enfer. Il se rend compte qu'il y a deux entrées: l'enfer capitaliste et l'enfer communiste. Il va voir le premier et demande au démon de faction devant la porte:
- Qu'est-ce qui se passe ici?
- C'est simple, pour commencer on te fouette, après on t'écorche, ensuite on t'ébouillante et après on te coupe en petits morceaux !
- C'est horrible !!!
Et il file vers l'enfer communiste, devant lequel il y a une longue file d'attente. Il demande au démon de faction devant la porte:
- Qu'est-ce qui se passe ici?
- Et bien, pour commencer on te fouette, après on t'écorche, ensuite on t'ébouillante et après on te coupe en petits morceaux !
- Mais c'est horrible, c'est la même chose que l'enfer capitaliste ! Pourquoi y a-t-il cette queue alors?
- Et bien à vrai dire...quelques fois les fouets sont en rupture de stock, d'autre fois on manque de couteau à écorcher, et il arrive régulièrement qu'on n'ait plus d'eau chaude...

Blagues soviétiques:

C'est un Russe qui commande une voiture.
Il a rempli tous les obstacles, complété tous les formulaires, réussi à passer tous les entretiens, les enquêtes, graissé toutes les pattes qu'il fallait, etc.
Au guichet où il remet son dossier, on lui annonce qu'on viendra lui livrer la voiture...dans dix ans.
- Le matin ou l'après-midi?, demande-t-il.
Étonné, le fonctionnaire lui répond:
- Je vous dis dans dix ans, et vous me demandez le matin ou l'après-midi?! Mais pourquoi donc?
- Ben, en fait, c'est parce que ce jour-là le plombier vient le matin.

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Question: Qu'est-ce qui ne vibre pas et ne rentre pas dans les fesses?
Réponse: Un vibro-masseur made in URSS

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Un Français, un Anglais et un Russe sont au musée. Ils s'arrêtent devant un magnifique tableau d'Adam et Eve au paradis.
L'Anglais s'exclame:
- Regardez-les, ils se cachent pudiquement le sexe, ils ont l'air gênés: ce sont des Anglais !
A quoi le Français répond:
- Mais non, regardez, ils sont tous nus, ils ont l'air de s'aimer, ils sont beaux: ce sont des Français !
C'est alors que le russe déclare:
- Mais non, regardez bien, ils n'ont rien à se mettre sur le dos, ils n'ont qu'une pomme pour se nourrir, et on leur fait croire qu'ils sont au paradis: ce sont des Russes, bien sur !!

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Staline rentre chez lui après un meeting. Dans la voiture il discute avec son chauffeur:
- Alors camarade, n'es-tu pas heureux de la victoire du socialisme? N'es-tu pas mieux qu'avant la révolution?
- Honnêtement? Et bien, à vrai dire, avant la révolution j'avais deux costumes, aujourd'hui je n'en ai plus qu'un...
Staline répond:
- Mais voyons, de quoi parles-tu donc ! Imagine qu'en Afrique, ils sont si misérables qu'ils n'ont même pas de costume à se mettre !!
- Ah bon? Et à quand remonte leur révolution?

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C'est un homme qui va au restaurant dans les années 90. Il prend sa commande:
- Bonjour, je voudrais un bortj pour commencer, suivi d'un steak, d'une tarte et d'un café, s'il vous plait. Et vous me donnerez aussi la Pravda.
Embêté, le serveur lui fait remarquer:
- Vous savez, j'ai bien peur de ne pas pouvoir vous donner la Pravda, les temps ont changé et ce journal n'existe plus...
Il lui sert néanmoins le bortj. Le client mange, puis ravi, lui dit:
- Excellent ce bortj, vraiment ! Vous pouvez m'amener mon steak, avec la Pravda, s'il vous plait.
Le serveur lui redit:
- Euh...vous savez, je ne pourrais pas vous donner la Pravda. Le régime a changé et ce journal a disparu des kiosques, alors...
Pas de réponse. Il lui amène donc le steak, que mange le client avec appétit. Une fois qu'il a terminé, il rappelle le serveur et lui dit:
- Très bon, ce steak, vraiment ! Amenez-moi la tarte s'il vous plait, et aussi la Pravda, tant que vous y êtes.
Un peu agacé cette fois-ci, le serveur répond:
- Écoutez, vous ne m'avez pas bien compris, je ne peux pas vous amener la Pravda. Çà n'existe plus, les communistes sont partis, et leur journal avec!
Pas de réaction. Il file en cuisine et lui amène alors son dessert, que le client mange goulument avant de lui dire:
- Divine, votre tarte ! Amenez-moi donc le café, maintenant. Et apportez-moi aussi la Pravda!
Cette fois-ci le serveur explose:
- Mais c'est pas possible, je me tue à vous le dire !! Il n'y a plus de communistes, c'est fini, plus de Pravda, c'est terminé !!!
Alors le client:
- Je le sais, bien sur, mais vous savez, c'est tellement bon de vous l'entendre dire...

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Au goulag, trois zek se demandent mutuellement pourquoi ils sont arrivés là.
Le premier dit:
- J'arrivais chaque jour avec cinq minutes de retard au boulot: j'ai été condamné pour sabotage.
Le second dit:
- J'arrivais chaque jour avec cinq minutes d'avance au boulot; j'ai été condamné pour espionnage.
Et le troisième dit:
- J'arrivais chaque jour exactement à l'heure au boulot: j'ai été condamné pour possession d'une montre fabriquée en Occident (!)

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Brejnev lit un discours à la tribune des jeux olympiques d'hiver:
- Oh Oh Oh Oh Oh...
Rapidement s'approche un conseiller qui lui dit à l'oreille:
- Non, ça c'est juste le logo Camarade Brejnev !

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Une bande de moutons essayent de traverser la frontière pour fuir l'URSS.
Un douanier les retrouve et les arrête. Il leur demande:
- Pourquoi voulez-vous quitter l'URSS?
Les moutons répondent:
- A cause de la police secrète! Staline a ordonné d'arrêter tous les éléphants!
Le douanier, surpris:
- Mais vous n'êtes pas des éléphants!!
Les moutons, haussant les épaules:
- Oui, mais essayez d'expliquer çà à la police secrète...

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Une délégation de Géorgie est venue en visite auprès de Staline.
Au moment où elle s'en va, Staline se rend compte que sa pipe a disparu.
Aussitôt, il va voir Béria:
- Arrête immédiatement la délégation géorgienne et demande-leur qui a volé ma pipe!
Béria s'exécute immédiatement.
Cinq minutes plus tard, Staline retrouve sa pipe, simplement tombée sous son fauteuil.
Il va alors revoir Béria:
- Laisse tomber, j'ai retrouvé ma pipe !
- Trop tard, dit Béria, la moitié de la délégation a reconnu avoir volé ta pipe, et l'autre moitié est morte pendant l'interrogatoire...

Blagues tchécoslovaques (apparues après le printemps de Prague):

Question: Quel est le pays le plus neutre du monde?
Réponse: La Tchécoslovaquie, parce qu'elle n'intervient même pas dans sa propre politique intérieure...

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Question: Que sont pour nous les soviétiques? Nos amis ou nos frères?
Réponse: Nos frères, parce que ses amis, on peut les choisir !

Blagues roumaines:

C'est un employé roumain qui rentre de son travail en avance et trouve sa femme au lit avec son meilleur ami.
Tout de suite il s'écrit, fou de colère:
- Mais tu es folle !! Tu n'as pas entendu qu'il y avait une livraison de beurre à l'épicerie du coin?

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Deux Roumains font la queue depuis une heure. La queue est immense, n'avance pas et de nouvelles personnes s'agglutinent toujours plus nombreuses...soudain l'un des deux craque:
- Ce n'est pas possible, j'en ai marre de faire la queue, je craque ! Je vais aller tuer Ceausescu !!!
Et il part.
Deux heures plus tard, il revient et reprend sa place près de son ami. Celui-ci, inquiet lui demande:
- Alors, tu l'as tué???
- Ben non, la queue est encore plus longue...

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Pendant la visite de De Gaulle en Roumanie (en 1968).
Les De Gaulle atterrissent à Bucarest. En bas, les attendent les époux Ceausescu, habillés comme deux ploucs et aux yeux de rapace.
Yvonne De Gaulle, en les voyant, s'exclame:
- Mon dieu !
Immédiatement, Elena Ceausescu se tourne vers son mari, ravie:
- Tu as vu? Elle t'a appelé Dieu !

Blagues allemandes:

Deux employés allemands discutent:
- Sais-tu pourquoi alors qu'on manque de tout on a encore du papier hygiénique double feuille? C'est parce qu'on doit envoyer un double de tout à Moscou !

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Une blague de la fin des années 80:
On annonce qu'une grande expédition de renflouement du Titanic est lancée, financée à grands frais par le Royaume-Uni, les USA et la RDA.
Les Britanniques veulent récupérer leur navire.
Les Américains veulent en faire l'attraction phare d'un grand parc.
Les Est-Allemands veulent en savoir un peu plus sur l'orchestre qui jouait pendant que le Titanic coulait.

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