vendredi 16 janvier 2015

Scènes de métro (9): incident voyageur

Il y a quelques temps j'évoquai les jours de grève du métro, leur ambiance et leurs conséquences. Aujourd'hui je complèterai ce post en parlant de l'autre grande cause de retard: les "incidents".

Ce terme fourre-tout, qui tient souvent lieu de justification facile, peut désigner tout un tas de choses.

Il peut s'agir d'une alarme, d'un malaise voyageur ou d'un suicide, d'une agression du conducteur ou de voyageurs, de gens sur la voie, bref, d'incidents liés à des usagers ou à des gens extérieurs.

Cela peut être également un problème technique: moteur en panne, caténaires inutilisables, voies gelées ou inondées, aiguillage défaillant, etc.

Cela peut être aussi un problème de personnel (panne de réveil, gueule de bois, négligence), même si ceux-là sont généralement tus.

Cela peut enfin être un acte terroriste réel ou supposé (alerte à la bombe) ou une décision politique (récemment la visite d'officiels chinois entrainé la suppression de certains trains).

Quoi qu'il en soit, on se retrouve avec au mieux un retard à gérer, au pire, un train supprimé pour une durée indéterminée.

C'est précisément ce qui m'est arrivé le troisième jour de cette rentrée 2015: en arrivant à ma station de RER, je me suis trouvé pris dans une masse de de voyageurs faisant demi-tour avec l'air anxieux.

L'affichage confirmait la suppression du train pour au moins une heure.

Comme à chaque fois, tout le monde se mit alors frénétiquement à chercher un plan B, une solution de rechange.

Dans mon cas, l'unique choix était de prendre l'un des quelques bus qui remontaient vers Paris, là où le réseau se densifie et permet toujours de rebondir (c'est dans ce genre de moment qu'on voit ce que signifie concrètement s'éloigner en banlieue: on est encore plus dépendant de systèmes de transport plus rares et boiteux).

Sauf que vu que c'était le choix de tout le monde, les deux arrêts de bus se sont vite retrouvés débordant de foules qui s'étalaient jusque sur la route, avec chacun fermement décidé à jouer des coudes pour monter à tout prix.

Bien entendu, les rares bus qui arrivaient étaient déjà complètement saturés et roulaient au pas (les bouchons n'aidant pas) et bien entendu, ça gueulait et ça grognait.

Dans ces circonstances, on retrouve les mêmes attitudes et personnages que ceux que j'ai décrits pour les jours de grève, mais l'éloignement et la pauvreté des alternatives rend le problème différent, plus dramatique en quelque sorte.

Du coup certains ont recours à un moyen que je n'imaginais pas: le stop !

En effet un tas de gens, pouces en l'air, essayaient de mendier une place dans les véhicules qui passaient, certains allant jusqu'à taper aux fenêtres des voitures à l'arrêt, voire à insulter les chauffeurs s'ils n'obtempéraient pas.

Et il ne s'agissait pas forcément de racailles sans gêne: il y avait au contraire pas mal de personnes habillées BCBG, cadres ou fonctionnaires. Le stress, la pression, tout cela met dans un état second où tout devient possible.

Au final, je m'en suis tiré avec trois quart d'heure de marche à pied (j'ai pu constater que j'allais aussi vite que le bus over-bondé auquel j'avais renoncé à et qui avançait en parallèle) + un quart d'heure de Vélib lorsque j'ai eu enfin atteint les communes frontalières de Paris + deux trams une fois que j'ai pu accéder au réseau.

J'ai donc mis plus du double de mon temps de trajet habituel. Et ma banlieue n'est qu'en petite couronne...

Bref, y a encore du boulot avant de me décider à renoncer à la bagnole.