mercredi 16 février 2022

Long is the road

Que ce soit pour moi ou pour mes enfants j'ai rencontré plusieurs professeurs de musique.

Tous avaient ou avaient eu une grande passion pour ce qu'ils faisaient, et sans doute des rêves de reconnaissance et de gloire.

Mais quand on discutait avec eux, on pouvait sentir la peur ou la frustration, plus ou moins marquées selon l'âge et le profil de la personne.

Frustration de devoir apprendre année après année les premières mesures de Jeux interdits à des gamins qui ne viennent qu'à cause de leurs parents, frustration d'y gaspiller le temps qu'ils auraient souhaité consacrer à leur art, éloignement des ambitions artistiques au fur et à mesure que,
comme pour tout le monde, la routine s'installe.

Peur de ne jamais percer, d'être toujours ce type un peu juste financièrement qui cavale après les cachetons entre deux cours, qui cherche des financements pour des albums que personne n'achète ou n'écoute.

Frustration aussi pour ceux qui ont cru y être arrivés et puis non, fausse alerte, c'est l'autre qui a percé, celui croisé dans le festival, celui avec qui on a fait le boeuf et qui n'est pas forcément meilleur.

Je n'ai pas connu de personne dans les cas suivants, mais il y a aussi la frustration du One Hit Wonder qui a connu son quart d'heure de gloire mais n'a jamais pu le rééditer, s'exposant aux sarcasmes de l'entourage, s'obstinant à rêver d'un retour ou essayant de se remettre.

Ou alors celle, courante aujourd'hui, des éphémères stars des équivalents télévisuels des radio crochets que sont les innombrables Star Ac, The Voice et autres Nouvelle star.

Je me rappelle même d'une émission qui recyclait les perdants des précédentes en donnant une seconde chance (je crois que c'était le nom du programme d'ailleurs) à ceux d'entre eux qui ne voulaient pas renoncer. Un peu triste...

En fait la route est longue, très longue et tortueuse, avant d'atteindre le succès, qui le plus souvent n'arrive jamais.

Cela est vrai pour la musique, mais également pour n'importe quel art. Combien de peintres, de dessinateurs de bédé ou d'écrivains qui végètent?

Dans une certaine mesure, cela peut également être vrai pour les entrepreneurs. Je me souviens d'une des têtes de turc de l'ordure qui me servait de premier patron, un mec qui avait tenté en vain de commercialiser un CD de sons marins ou un truc du genre et dont mon boss se moquait avec délectation, exhibant le prototype du CD en question pendant ses soirées.

Le point commun de toutes ces histoires, de tous ces parcours c'est une personne qui a voulu se lancer, en rêvant d'aller vers un mieux, qui est arrivé ou pas. Elle a pris un risque, en connaissance de cause ou non, assumé une ambition ou une passion, joué sans être sûre de gagner.

Quel que soit le résultat, c'est évidemment respectable et moi qui suis généralement un frileux, j'admire le courage (ou l'inconscience) de tous ceux qui osent se lancer.

Jean-Jacques Goldman, dans sa chanson Long is the road, parlait du rêve américain. Une des phrases marquantes qu'il utilisait pour le qualifier était "10 trains de losers pour un Rockfeller".

Il parlait des migrants aux USA, mais cela colle parfaitement pour clore mon sujet: Ecouter.

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