jeudi 23 juillet 2015

Cinema (4): Fight club, Daesh et la testostérone

Je viens de revoir le film Fight club, que j'avais été voir à sa sortie et dont je gardais un souvenir mitigé, entre fascination et sensation de m'être fait avoir.

Son revisionnage m'a fait un peu le même effet.

J'ai beaucoup aimé la description de l'aliénation du héros, victime consentante de la société de consommation (les premières scènes avec les meubles IKEA m'ont fait penser à Pat Bateman) dont la vie matérialiste est frustrante et vide sans qu'il en soit vraiment conscient.

J'ai trouvé intéressante la façon dont il se jette dans les groupes de soutien de gens malades pour enfin arriver à dormir.

La rencontre avec le magnétique Brad Pitt et la mise en place des fight club m'a également fasciné, tout comme cette schizophrénie qu'on devine peu à peu.

Mais comme la première fois le projet apocalyptique, la philosophie de bazar et la fin un peu facile m'ont déçu.

Il y a toutefois un aspect qui m'a un peu plus frappé qu'à mon premier visionnage: c'est la question de la virilité et de sa place dans notre monde occidental moderne.

Je pense que c'est l'une des clés de ce film, et aussi une vraie réflexion sur l'évolution de nos sociétés.

Aujourd'hui, les "couilles" sont en effet de trop.

Celui qui se bat a tort, on est censé résoudre les conflits par le dialogue, le consensus et la loi, il n'y a plus de guerre, d'honneur à défendre, de cause pour laquelle cogner. John Wayne et Jean Gabin sont des dinosaures, des has been.

Dans le film, Pitt le dit quand il parle d'une génération élevée par des femmes, d'une génération à qui il manque une Seconde Guerre Mondiale ou une Grande Dépression pour prendre sa mesure.

Ce manque est à mon avis réel.

Pour la plupart des hommes, il y a un moment dans la vie où le corps aspire au combat, au dépassement physique, à l'affrontement.

Un partie de nous a besoin de violence, de se battre, se sentir puissant, de faire jouer ses muscles.

Or la société est devenue confortable, aseptisée, la force physique y est de moins en moins importante: ascenseur, direction assistée, électronique généralisée, motorisation de tous les travaux où le muscle faisait la différence, besoin de diplôme pour tout.

Même les bastions de la masculinité comme la route, le monde de la mécanique ou l'armée se sont "ramollis", technicisés, féminisés. Il n'y a plus de guerre et de service militaire, plus de ces passages rituels un peu brutaux.

Dans un article de la BBC comparant les générations anglaises, le journaliste notait que les plus jeunes étaient plus raisonnables, moins bagarreurs, plus soigneux que leurs prédécesseurs.

Ils ajoutaient que même les nouvelles stars de la musique n'avaient rien à voir avec les groupes des années 60 et 70 qui saccageaient les hôtels et détruisaient leur matériel à la fin des concerts.

On peut aussi dire que la plupart des étudiants d'aujourd'hui, même les politiquement engagés, ne ressemblent plus vraiment à ces camelots du roi qui castagnaient volontiers et allaient jusqu'à gifler leurs profs pour une histoire d'honneur ou une mauvaise phrase.

Certains, comme le blogger Papacito ou Eric Zemmour, regrettent cette délégitimisation de la virilité et considèrent que c'est une catastrophe culturelle, voire civilisationnelle.

Leur analyse est vraie dans le sens où la testostérone est toujours là, où il n'y a aucune raison de penser que ce soit moins le cas qu'avant.

Il y a un besoin social de violence qui touche un certain nombre de personnes, c'est aussi simple que ça.

Le succès des fight clubs du film, ces lieux clandestins où des gens se battent jusqu'au sang pour se sentir exister, met précisément le doigt sur ça.

Nous avons tous croisé des gens qui cherchaient n'importe quel prétexte pour aller au baston, comme le chantait Renaud.

Cette quête peut s'habiller d'une cause, d'une idée, comme dans le hooliganisme, qui touche des gens de tout milieu, ou chez les skinheads.

La violence effrayante de Daesch est également ce qui peut attirer de jeunes hommes dans ce mouvement, ceux qui sont issus de cultures qui ont encore le culte du mâle mais aussi d'autres qui sont en manque de repères ou qui ont tout simplement envie d'en découdre.

Il y a sans doute du vrai dans la théorie du genre, mais il y a aussi la biologie, les hormones. Et je crois que si l'on doit de toute force souhaiter l'égalité et la promouvoir, la testostérone restera toujours et ses résurgences seront inévitables.

Finalement nous sommes peut-être à l'aube d'une question masculine...

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