La France fut longtemps qualifiée de fille aînée de l’Église.
En effet, à partir du baptême de Clovis selon l'historiographie officielle, notre état se construisit sur et par le christianisme, progressivement instrumentalisé, confisqué ou contrôlé par le pouvoir politique.
Selon les périodes, plusieurs confessions cohabitèrent, mais c'est le catholicisme qui finit par avoir la primauté.
Il s'imposa de manière inflexible et combattit toutes les alternatives, les détruisant définitivement comme dans le cas des ariens, des cathares ou des jansénistes, ou de manière incomplète comme dans celui des protestants.
En parallèle, la religion mère du christianisme, le judaïsme, exista toujours sur le territoire français, ses fidèles, très minoritaires, étant plus ou moins tolérés et régulièrement persécutés, mais ne disparaissant jamais.
Notons aussi la persistance de superstitions et d'autres traditions issues d'anciens cultes, souvent en milieu rural, qui furent combattues ou intégrées par la religion majoritaire.
Notons enfin une parenthèse musulmane lorsque les armées arabes eurent conquis une partie du sud du territoire, avant d'en être chassés.
Malgré ces petites exceptions, on peut cependant dire que jusqu'à la révolution française, l'église catholique constitua l'ossature administrative et spirituelle de la France.
Son calendrier rythmait la vie communautaire, villes et villages étaient construits autour de ses églises, elle avait en charge l’ancêtre de l'état civil, sous la forme de registres paroissiaux, s'occupait des hôpitaux et de l'éducation, etc.
Lorsque l'Ancien Régime fut renversé, la république eut pour projet d'arracher le peuple à l'église catholique.
Au début le combat fut frontal et très violent: mise en place d'un culte de l'Etre suprême, d'un calendrier révolutionnaire, d'un baptême civil, et dans un sursaut du gallicanisme, obligation pour les prêtres de prêter serment à l'état.
Devant les résistances, une impitoyable répression fut menée contre les récalcitrants, dont certains comme les chouans, avaient pris les armes, les catholiques se retrouvant ironiquement dans la position des cathares et des camisards qu'ils avaient combattus les siècles précédents.
La dictature de Bonaparte mit fin à cet épisode sanglant en instaurant un nouvel équilibre religieux.
L'empereur confirma que l'Etat passait avant tout, mais aussi que le catholicisme était la religion de la majorité des Français, lui donnant une primauté implicite.
En parallèle il obligea Juifs et Protestants à s'organiser de façon à lui fournir des interlocuteurs.
Cet équilibre dura un petit siècle, avant que la fin du Second Empire et l'avènement de la troisième république ne relancent les hostilités avec l'église catholique, hostilités qui aboutirent à la mise en place du régime laïc, cette incongruité sur notre planète souvent mal comprise et caricaturée.
En gros, l'Eglise perdit tous ses pouvoirs temporels en France, son bâti d'avant la loi de séparation devint propriété de l'Etat, qui leur en laissa le droit de jouissance, ses curés ne furent plus fonctionnaires, à l'exception de ceux qui avaient été ordonnés avant la loi, et plus rien de régalien ne leur fut laissé (même s’ils purent conserver une partie de l’éducation).
Le changement fut difficile et les résistances nombreuses, mais l'équilibre se rétablit avec la Première Guerre Mondiale, quand tout le monde se retrouva d'abord français face à l'ennemi.
Depuis lors s'est installé le modus vivendi que nous connaissons encore.
A côté de ces aspects légaux, on constate que la France vit une déchristianisation progressive mais massive, le nombre de gens se déclarant sans religion augmentant sans cesse avec les années.
Il semble même que sous le double effet de cette désaffiliation et d’une immigration majoritairement non chrétienne, la part catholique du pays soit récemment passée pour la première fois sous les 50%.
Quelques autres pays d'Europe, comme le Royaume-Uni, sont dans le même cas (cf. cette enquête) et d'une manière générale le retrait de la religion progresse sur notre continent.
Ce constat n'efface cependant pas la trace profonde du christianisme sur l'Europe et de sa version catholique sur la France.
C'est pourquoi l'opposition à la mention des racines chrétiennes de l'Europe dans le préambule à la constitution de l'UE m'avait semblée absurde.
Jacques Chirac, le président français de l'époque, avait même poussé la malhonnêteté jusqu'à revendiquer des racines musulmanes à la France (!).
Si la France et le monde musulman ont des liens très anciens, la religion de Mahomet y a été anecdotique et sans influence jusqu'au moins le milieu du vingtième siècle.
Ce n'est ni stigmatisant ni discriminant de le rappeler, ça ne présage pas de la suite, ça ne veut pas dire que l'islam n'a pas sa place, c’est juste un rappel de la réalité.
Cette position de la France d’alors va dans le sens de cette tendance étrange de l'Occident au reniement de son héritage, comme si le futur ne valait que si l'on faisait table rase du passé et que ce dernier était uniformément noir, condamnable, honteux et à jeter.
L’élan présidentiel chiraquien n'est d'ailleurs pas unique, les préconisations de Bruxelles de débaptiser les fêtes chrétiennes ou de promouvoir le voile vont dans le même sens.
Cette espèce d'iconoclasme et de xénophilie dévoyée me semblent profondément malsains. Avec ses bons et ses mauvais côtés, le christianisme fait partie de notre héritage. Pourquoi faudrait-il le renier, le cacher ou faire comme si ce n'était pas le cas?
Et pourquoi faudrait-il moins s'indigner quand on s'y attaque? Parce qu'on constate aussi que les violences anti chrétiennes font rarement la une des medias et sont systématiquement minimisées, qu'elles aient lieu à l'étranger, comme si ces minorités-là ne comptaient pas, ou sur notre sol.
Cette vidéo souligne l'ampleur du phénomène en France, et le quasi silence qui l'entoure inexplicablement, comme si l'on considérait que ces étaient fatals, sinon "normaux".
Quand il s'agit de meurtres, comme ceux du père Hamel et du père Panon (encore que pour ce dernier le mobile religieux est plus flou), on a quelques petites news, mais on ne s'étend guère, comme généralement lorsque c'est motivé par l'islam ou le fait de musulmans, qu'il s'agisse du Pakistanais s'exhibant sur un autel, du vandalisme criminel d'églises (à Rilleux-la-pape, à Paris ou à Marseille), des cimetières tagués en Dordogne ou à Castres, ou encore des provocateurs priant Allah dans des églises comme cet influenceur de Strasbourg.
Tout comme nous sommes majoritairement blancs de peau, nous sommes majoritairement d'ascendance catholique, et cette religion a imprégné nos lois, nos habitudes, notre urbanisme, nos constructions et jusqu'à notre langue.
Pour la plupart des gens il n'est plus question de considérer que pour être Français il faut être blanc et catholique, et c'est heureux, mais cet héritage est une réalité, pour quelle raison ne pas l'admettre, pourquoi le rejeter et ne pas le défendre quand c'est le cas?
Cette attitude est d'autant plus stupide à notre époque de revendications identitaires, et nous ferions bien de prendre garde à ce que le christianisme abandonné ne soit, comme avant lui le patriotisme, récupéré que par les extrémistes.
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