Une nouvelle fois, la bande de Gaza s'embrase.
Le coup d'envoi est un massacre de civils méthodiquement planifié, mené par un parti islamiste radical dont le projet de société ressemble à celui de mouvements comme al Qaeda ou Daesh.
Bien sûr, ils recrutent à Gaza, dans les rangs de ce peuple palestinien dominé, nié, étouffé, méprisé et instrumentalisé depuis 1948, où la rage et le désespoir dominent devant la cynique politique de colonisation israélienne, aussi constante que non réprimée et condamnée.
Mais je ne vais pas évoquer aujourd'hui ce conflit aussi interminable que désespérant, même si par ailleurs il y en a tant d'autres qui lui ressemblent et font souvent moins parler.
Je m'intéresserai plutôt aux réactions qu'il suscite un peu partout, et singulièrement dans le monde musulman.
Là-bas, c'est l'indignation généralisée, la haine violente, le ressentiment qui explosent.
L'identification aux temps du colonialisme se mêle au vieil antijudaïsme musulman, et peut-être aussi à la colère de végéter dans des pays bloqués depuis tant d'années, un peu dans la lignée des printemps arabes ou du hirak algérien.
Et en Europe, qui est désormais une partie de l'Oumma, nous assistons pour la énième fois à la récupération de cette légitime colère par des mouvements sectaires, et à de nouvelles manifestations violentes des adeptes de la face sombre de cette religion (évidemment niée pour la énième fois par les habituels clientélistes et autres orphelins de la Révolution).
Le drame palestinien est de nouveau un prétexte à mille provocations et intimidations, lesquelles grossissent la liste des meurtres et des violences un peu partout, qui visent les représentants et les symboles de l’État et du mode de vie occidental (enseignants, salles de concert, cimetières, lieux de culte, restaurants), la société civile et jusqu’aux malheureux curés qu’il reste encore dans ce continent si largement déchristianisé.
Avec le temps et la multiplication de ces actes, on a presque l’impression que les Européens, Français en tête puisque nous avons une triste avance dans le domaine, s'habituent à ce que des cinglés hurlant Allah u akbar foncent dans le tas à la moindre occasion.
On dirait qu'on a intégré ce recyclage par de redoutables idéologues à l’agenda bien préparé de tout ce que les diasporas musulmanes comprennent de tarés, de frustrés, de fanatisés, de racailles ou de revanchards auxquels s'ajoutent un paquet de convertis qui croient se trouver une vie en les suivant.
Dans ce contexte, je repense au livre "Vous n'aurez pas ma haine".
Pour rappel, il est écrit par un journaliste qui a perdu sa femme et la mère de son très jeune enfant en 2015, pendant l'attaque du Bataclan, voici déjà dix ans.
Son message semble être une sorte de catharsis face à l'horreur de ce qui lui est arrivé, une volonté de ne pas s'intéresser aux terroristes qui ont brisé sa vie.
Cela peut sembler très beau, courageux et très élevé.
Je ne juge évidemment pas son attitude. Au nom de quoi le ferais-je ? Qui sait comment je réagirais dans son cas ?
Mais je ne peux m’empêcher de me demander ce qui se passera si tout le monde se désintéresse des auteurs de ces massacres.
Les tueurs d'Allah existent, ils ont un plan qu'ils mettent méthodiquement en application. Chaque branche a sa manière et sa méthode, mais toutes ont le même but, qui est tout sauf bienveillant pour nous.
La réislamisation des diasporas, souvent dans une version sinon conquérante, du moins difficilement compatible avec l’altérité est un fait, et force est de constater que les impensables horreurs qui arrivaient hier en Algérie ou en Afghanistan se produisent désormais sous nos cieux.
Une tension permanente et palpable s'est insidieusement installée entre notre vision de la société et notre mode de vie d’une part et cette version shariatisée du monde qui se répand rapidement (il n'y a qu'à voir les sondages sur les jeunes musulmans) d’autre part.
De ce fait l'évitement, qui est généralement l'attitude de nos contemporains, devient de plus en plus délicat et coûteux, et vues les projections démographiques, ça ne va sans doute pas s’arranger avec le temps.
Tôt ou tard, nous allons nous retrouver en face d'un vrai problème, sans possibilité de repli, et plus ce sera tard, plus ce sera difficile, voire impossible de réagir.
Depuis des décennies, nous cherchons une explication (une échappatoire ?) sociologique, en phase avec nos idéologies, nous cherchons aussi à rester convaincus que notre vérité est LA vérité, même s’il est de plus en plus évident que ce n’est pas le cas.
Nous, les Occidentaux, sommes sans doute habitués depuis trop longtemps à donner le la au monde.
Nous pensons avoir converti les humains à notre modèle alors qu’il s’agit plutôt d’un rapport de force trop longtemps en notre faveur pour qu’on se souvienne que tel n'est pas le cas.
Rappelons-nous qu’en Amérique latine, continent d’ascendance majoritairement européenne et donc qui nous ressemble, la guerre d’Ukraine est largement vue comme une attaque de la Russie par l’OTAN.
Souvenons-nous aussi qu’un peu partout hors de l’Occident, le sang définit la personne, bien plus que le sol, y compris dans des pays aussi développés que le Japon ou la Corée.
Notre vision du monde n’est donc pas LA vision du monde, et il faut admettre qu’au-delà de toutes les explications sociologiques, il y a des gens, parfois riches, intelligents et cultivés (Oussama Ben Laden par exemple), qui nous haïssent, qui ne nous croient pas, dont l’agenda est de nous battre sinon de nous détruire, et qui n’ont aucun état d’âme.
Alors il faut peut-être les haïr, comme hier on a pu haïr les nazis ou les communistes, frapper fort, être sans pitié.
N'oublions pas que l’histoire est pleine de catastrophes qui auraient pu être évitées avec de la fermeté au bon moment, et que le refus du combat ne l’a jamais empêché d’avoir lieu.
Il sont nos adversaires, qu’on le veuille ou qu’on ne le veuille pas, et on n’y échappera pas tout simplement parce qu’ils ne veulent pas qu’on y échappe.
Il faut donc qu’ils sachent qu’ils rencontreront partout une résistance implacable, une tolérance zéro, que ça leur coûtera cher. Mais pour qu'ils le sachent, ça il faut qu’on le sache aussi.
Et du coup peut-être faut-il qu’ils l’aient, notre haine. En tout cas ils ont la mienne.