dimanche 5 octobre 2025

Next station: Trump

Cela fait neuf ans que Donald Trump a pris la tête des USA, avec une pause Biden entre ses deux mandats.

Sa première élection a stupéfait la grande majorité des acteurs qui donnent le la en terme d’opinions, de politique ou de bon ton.

On a avancé beaucoup d’explications plus ou moins convaincantes, pensé son passage en termes d’accidents, de magouilles ou d’interférences étrangères, mais quand il est passé une deuxième fois, et ce malgré ses casseroles, on ne pouvait plus parler d'accident.

On s’est alors rendus compte qu’il y a plein de petits Trump dans les pays occidentaux, et qu’ils sont doublés de mouvements à contre-courant de ce qu’on attend de la narration d’un Sens de l’Histoire, comme le Brexit ou les Gilets Jaunes.

Malgré les insultes, les invectives, la dissimulation sous les divers tapis et les grandes déclarations, cette tendance est profonde et loin de disparaître.

Je pense qu’hormis toutes les raisons économiques, on peut regarder ce qui se passe sous le prisme identitaire, comme la manifestation d’un retour du refoulé national, voire ethnique, que l’on a voulu considérer comme dépassé, du moins pour les communautés historiques de nos pays d’Occident (l’indulgence étant plutôt de rigueur pour les équivalents chez les minoritaires).

Mes lectures (Fractures françaises, Les yeux grands fermés, Une révolution sous nos yeux, L’archipel français et bien d’autres) et réflexions m’ont amené à distinguer une espèce de cheminement que nos sociétés semblent emprunter par rapport à la question des minorités, qui reste finalement très centrale.


Phase 1 : Minorités = objets

Pendant la première phase, les minorités sont des objets, dans le sens où elles n'interviennent pas directement dans le débat.

Elles deviennent un enjeu mais on ne les écoute pas, en quelque sorte on parle à leur place, on les voit comme dans un état provisoire dans le processus d’assimilation ou comme des gens seulement de passage. Plusieurs étapes jalonnent cette phase:

Etape 1 : le pays est plutôt homogène, avec une majorité reconnue et assumée comme telle, qui domine les autres et donnent la référence aux autres membres de la population, y compris aux minorités.

Etape 2 : il y a une prise de conscience du racisme et des discriminations que subissent les minorités.

Etape 3 : il y a une réaction, qu’elle soit violente ou symbolique, une remise en cause et des changements législatifs/de mentalité.


Phase 2 : Minorités = sujets

Commence alors la phase 2, celles où les minorités décident d’agir directement, et pas forcément en adhérant à ce que la majorité leur propose 

Etape 4 : il y a une prise de parole des minorités dans le nouveau contexte.

Etape 5 : cette prise de parole se matérialise par un débordement de la majorité, y compris celle qui voulait plus d’égalité. Cette majorité prend alors vraiment conscience de l’altérité, et notamment du fait que ce que veulent les minoritaires n'est pas forcément converger et s’assimiler.

Etape 6 : commencent à apparaitre des exigences communautaristes, favorisées par l’immigration massive, la jeunesse des minoritaire et souvent par la dérive du projet multiculturel des élites.

Ce projet a en effet pour effet pervers de ne pas définir de conscience commune, contrairement aux modèles qui l'ont précédé.

Devant ces mouvements, il y a une scission au sein des progressistes, entre ceux qui veulent garder une primauté intellectuelle et transmettre ce qu’ils estiment être des valeurs indépassables, et ceux qui entrent dans le credo du multiculturalisme complet.

Etape 7 : la majorité prend conscience que dans le nouveau système elle n’est plus la référence mais seulement la première et la plus avantagée des minorités, que ça ne plait évidemment pas aux autres, et que la démographie aidant, ça peut tout à fait ne pas durer.

Etape 8 : la majorité prend acte et se saisit des mêmes armes que les minorités pour se constituer en un groupe de pression équivalent.

Cela revient à un abandon de l’universalisme pour un parti des indigènes: puisqu’on n’assimilera pas toutes les minorités et qu'on raisonne en termes de droits des communautés et non plus des individus, constituons nous aussi une communauté.

Etape 9 : trouvons un champion décomplexé pour cette communauté


=> Phase 3 : Trump


C’est évidemment un schéma caricatural mais il ce cheminement est celui que j'ai pu constater depuis que je m'intéresse à la politique, à mon pays et son aire culturelle.

Personnellement je déplore de toutes mes fibres ce retour vers la tribu, mais je ne sais que faire à mon échelle, et quels politiques suivre pour empêcher cette sorte de cauchemar.

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