jeudi 16 janvier 2020

Cinéma (22) : Ben-Hur

Ben-Hur.

Ce nom fait partie de ceux qui m'évoquent instantanément beaucoup de choses.

Un livre, un film, ma mère, dont c'était l'une des œuvres favorites, l'épopée, l'antiquité, le christianisme, les chars et les galères...

Je commence ce post alors que je viens juste de revoir l'immortel film de 1959, devant lequel j'ai retrouvé l'émotion intacte qui m'avait saisi la première fois, voici au moins 20 ans.

A l'origine il y a le livre Ben-Hur : A Tale of the Christ, écrit par l'Américain Lewis Wallace (dont la vie semble également avoir été un roman) et qui a été le roman le plus vendu aux États-Unis dans tout le 19e siècle.

Ce succès lui a valu de faire l'objet de plusieurs adaptations cinématographiques, la plus célèbre étant celle dont je vais parler aujourd'hui.

Le film Ben-Hur a été tourné par William Wyler, un Américain juif né dans l'Alsace allemande, et il a été le long métrage de tous les records: plus de 3h, 11 Oscars et des scènes entrées dans la légende, comme une course de char devenue un classique du cinéma.

Il raconte les tribulations d'un prince juif de Judée, Juda Ben-Hur, dont le chemin croise plusieurs fois celui de Jésus-Christ, ce qui l’amène à peu à peu se tourner vers la nouvelle religion inspirée par ce dernier.

L’histoire commence par les retrouvailles du prince et de son ami d’enfance Messala, un Romain devenu officier et revenu en Judée pour y prendre un haut poste militaire.

Bien vite, la relation entre les amis tourne à l’affrontement, leurs buts et idées s'avérant être devenues opposés, et sous un faux prétexte, Ben-Hur est envoyé aux galères par Messala, qui emprisonne aussi sa famille.

Doté d’une force de caractère peu commune, le jeune Juif parvient à survivre à plusieurs années d'enchaînement au banc de rame, où sa dignité préservée lui vaut d'impressionner l'officier romain qui commande sa galère.

Le bateau est coulé lors d'un affrontement avec des pirates, et Ben-Hur parvient à sauver cet officier du naufrage. Celui-ci le remercie en l'affranchissant, en l'adoptant puis en lui donnant la citoyenneté romaine.

Le héros passe alors quelques années à Rome aux côtés de son nouveau père, pendant lesquelles il rencontre des personnalités de l'empire et devient un champion de course de quadriges réputé.

Mais il garde toujours au cœur le désir de rentrer en Judée pour se venger et retrouver sa famille, et finit par retourner dans sa province natale, désormais administrée par Ponce Pilate.

Il va y affronter Messala dans l'arène, rêver de révolte juive, retrouver son amour de jeunesse et devenir finalement chrétien.

Ce film est marquant pour plusieurs aspects.

C'est tout d'abord un très grand spectacle: costumes somptueux, reconstitutions soignée, scénographie grandiose et performances techniques et visuelles impressionnantes.

Les décors en surimpression et les batailles de maquettes ont vieilli, mais ça ne choque pas, et soixante ans après, la légendaire course de chars qui oppose le héros à son ex-ami d'enfance reste haletante.

Le tournage de cette scène emblématique a d'ailleurs été une véritable prouesse, impliquant pas moins de 61 chevaux, 78 jours de tournage et cinq mois de préparation.

Je n'ai pas vu le film au cinéma, mais cela doit être fantastique. Il a d'ailleurs été tourné en utilisant des techniques particulières.

La distribution est également de très grande qualité, avec notamment Charlton Heston qui y gagna ses galons de superstar.

Ensuite il y a le monde antique, qui continue à fasciner 2.000 ans plus tard.

L'empire romain ne connut pas d'équivalent en Europe, tant en termes de durée que d'étendue. Le Saint Empire Romain Germanique, les Byzantins ou les Carolingiens, voire les Ottomans essayèrent en vain de recréer cet ensemble, dont l’influence et le rayonnement furent énormes et traversèrent les siècles.

On sait ainsi que la monnaie "dinar" qui existe encore aujourd'hui dans plusieurs pays est la descendante du "denier" romain, que le mot tsar en usage dans les pays orthodoxes est une slavisation de César, le nom générique des empereurs, que le mot "roum" par lesquels les Maghrébins désignent les Européens vient du mot "romain", etc.

Malgré les millénaires, tous les pays d’Europe qui ont appartenu à cet empire en conservent des traces et des héritages, et la langue de l'empire, qui a longtemps été celle de la culture et de la connaissance, continue d’être enseignée aujourd'hui.

Enfin, il y a le christianisme.

Jésus, s'il apparait peu, est en effet au coeur de l'histoire. On le voit seulement dans quelques scènes, toujours de dos et ne parlant pas (ce qui a tout de même valu au film d'être interdit par les Saoudiens), mais ses deux rencontres avec Ben-Hur sont des moments charnière pour le héros.

La première a lieu pendant le transfert de ce dernier vers les galères. Enchainé et à bout de force, il est sauvé de la mort par le Christ, qui le fait boire contre l'avis du légionnaire qui l'accompagne.

Lorsque ce dernier fait mine de s'y opposer, il s'avère incapable de soutenir le regard du Messie et renonce.

La deuxième rencontre a lieu lors de la Passion du Christ. Ben-Hur reconnait l'homme qui l'a sauvé et tente, en vain, de l'aider à son tour lorsqu'il trébuche sous la croix. De nouveau les deux hommes s'échangent un long regard.

Par ailleurs, le film reprend plusieurs scènes des évangiles, telles que la Nativité, on voit également Joseph s'exprimer et plusieurs personnages chrétiens témoigner et relayer son enseignement .

Enfin il se termine sur un miracle qui guérit Ben-Hur de sa haine et de sa rancœur en même temps qu'il sauve sa famille.

A l'époque où j'ai vu ce film j'étais très croyant et cette apparition m'avait bouleversé.

Aujourd'hui on peut dire que j'ai perdu la foi mais j'ai tout de même été très touché en revoyant ces scènes, et pas seulement parce que cela remue des choses de ma jeunesse.

En fait, il me semble impossible de ne pas être ému par le calvaire de cet homme, qu'on croit ou non à sa nature divine, et aussi par son idéal, même si bien des aspects en sont irréalistes.

La parabole du bon Samaritain est un exemple de tolérance et d'humanisme, la compassion qu'il eut pour Zachée ou la femme adultère forcent le respect, et qui pourrait rejeter ce commandement qu'il a donné et qui efface tout le Lévitique et ses règles aussi alambiquées que parfois absurdes ou révoltantes: "Aimez-vous les uns les autres" ?

La Bible, que j'ai beaucoup lue, est un livre contradictoire, parfois obscur. Elle contient de véritables atrocités et la vision du monde et des lois qu’ont les Juifs de l’Ancien Testament fait penser à celle des Saoudiens d’aujourd’hui.

Mais a contrario, les évangiles font à mon avis partie des grandes œuvres de l'humanité et l'enseignement de Jésus-Christ a sûrement encore quelque chose à offrir au monde contemporain.

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