mercredi 24 novembre 2010

Scènes de métro (3): Altercations

Lieu de brassage par excellence, puisque habitants des zones pauvres et riches et gens de différentes origines s’y rencontrent, le métro est un endroit idéal pour les conflits, la probabilité étant augmentée par la promiscuité et la surpopulation qui font qu’on ne peut que rarement y choisir son voisin.

En cinq ans de pratique, j’ai ainsi eu la joie d’assister à quelques scènes pénibles, se limitant fort heureusement à des échanges verbaux.

Néanmoins, elles m’ont à chaque fois plongé dans un profond malaise, car je me demande toujours à partir de quel moment je devrais me poser la question d’intervenir ou non (je n’ai heureusement jamais eu à le faire) et parce que ce spectacle me navre toujours beaucoup. Ces scènes m’ont également permis de voir que le racisme n’est pas mort, loin de là.

En voici quelques exemples.

Première scène :

Je suis monté un soir dans mon deuxième métro (ligne 7). Un noir m'a suivi, silencieux, modestement vêtu et portant un sac de nourriture, il s’est installé sur un strapontin.

Un autre bonhomme, de type maghrébin, vêtu d’un costume sans cravate est arrivé juste après lui et a commencé à l’agonir d’injures.

Il le traitait de « sorcier », se revendiquait comme israélien, et finit par lui promettre de lui baisser le pantalon et même par lui cracher dessus…mais après être descendu sur le quai et juste avant que la rame ne reparte !


Pour toute réponse du noir, je n’ai vu qu’un doigt dressé. Je n’ai pas compris le pourquoi du comment, mais ce racisme assumé (le « sorcier » est un « sale nègre » à peine déguisé) et cet esclandre m’ont pourri le voyage.

Deuxième scène :

Ça se passait dans une ligne moins populaire et plus cossue, la ligne 1. Il y avait là une bande de jeunes « dorés », petits blancs chicos avec des fringues de prix, des coiffures de minet, etc.

L’un d’entre eux était visiblement au bord du coma éthylique et les autres se disputaient pour appeler ou non un médecin.

Le plus branleur de tous jouait au chef et engueulait les partisans du médecin tout en tenant fermement la tête du gamin bourré et lui ordonnant de tenir. Le malheureux semblait à deux doigts de vomir ou de s'évanouir.


Moment pénible, où là encore je me suis demandé s’il fallait intervenir ou non (peut-être que le gamin était en danger?). En tout cas, je suis descendu avant eux.

Troisième scène :

L’alcool était également à l’origine de cette scène. Dans le train bondé du soir (ligne 1), un Noir entre deux âges, visiblement très aviné, emmerdait un adolescent blanc sans que j’en sache la raison ni que celui-ci ne sache quoi faire.

Il lui donnait des leçons, l’appelait « mon grand garçon », en rajoutait des tonnes dans le style « tu ne connais rien de la vie », « je suis ouvert et tu refuses le dialogue », etc. Çà a duré au moins dix stations...


Quatrième scène :

Cette dernière scène était plus comique que pénible.

J'étais assis sur un strapontin en face d’une jeune Asiatique très élégante perdue dans ses pensées quand est monté un vieux Tsigane armé d’un violon.

Il a commencé à jouer, tirant de son crin-crin d’épouvantables sons, ce qui amena l’Asiatique à discrètement se boucher les oreilles…


Ce mouvement n'avait pas échappé pas au Tsigane! Vexé, il se mit en effet à l’engueuler dans un mélange de roumain et de français, prenant à témoin le wagon qu’à cause d’elle il n’y aurait pas de musique et insistant sur le fait que le violon était « made in China » !!

La fille s’est alors énervée à son tour, disant qu’elle était violoniste et que le type la saoulait. Ce dernier finit par descendre au soulagement général…(j'ai oublié sur quelle ligne c'était).


Au cours de mes voyages, je suis également tombé :

- sur un Maghrébin agressif au nez pansé qui engueulait tout le monde parce qu’on ne lui donnait rien, en insistant bien lourdement sur le fait que c’est parce qu’il s’appelait Samir (ligne 7),

- sur un noir bourré qui a voulu jouer avec mon fils juste pour pouvoir se friter avec moi. J’ai pu désamorcer le truc en descendant avant lui (mais c’était moins une) (ligne 7),


- sur un Maghrébin vindicatif menaçant de viol une employée de la RATP parce qu’elle refusait de lui donner un papier (station Kremlin-Bicêtre),

- sur un jeune noir lisant avec ostentation un torchon raciste intitulé « La férocité blanche » et jetant des regards de défi appuyés aux blancs qui croisaient son regard (bus 323),

- sur un clochard venu emmerder cigare à la bouche les clients d’une agence RATP (place d'Italie),

- sur deux clochards avinés suppliant leur voisin coincé par la foule de leur donner une cannette du pack qu’il avait eu la malheureuse idée d’emmener avec lui (ligne 1),

- sur un noir se jetant sur un arabe à coups de poings avant que les deux ne soient heureusement séparés par d'autres musclés (ligne 9),

- sur un homme typé méditerranéen qui s'en est pris à un type en costume pour une raison indéterminée (ligne 7) en le traitant de « juif »,

- sur un « héros » engueulant comme plâtre un quinquagénaire parce qu’il avait demandé à une noire d’enlever ses paquets qui encombraient un fauteuil (ligne 7). Réaction d'autant plus incompréhensible que la dame s'était exécutée et n’avait rien dit !

- sur un musulman défoncé ou bourré qui a passé tout son trajet (RER B) à insulter un type qui lui avait demandé de quitter son strapontin vu que c'était l'heure de pointe. Je précise musulman parce que ce type disait qu'il avait fait le ramadan et traitait sa victime de sale gwère (orthographe à vérifier mais ça veut dire mécréant). Au moment où il allait en venir aux mains, plusieurs types se sont interposés et il est descendu.

- sur un quinqua chevelu bourré qui cherchait la merde à tous ses  voisins jusqu'à ce qu'un d'entre eux se rebiffe et lui propose de descendre (RER B),

Bref, beaucoup de moments de bonheur qui font que ça reste une joie sans égale de prendre les transports...dans le prochain post, je parlerais d’une autre de ces joies, puisque j’aborderais la question des grèves

Début: Scènes de métro (1): Introduction
Précédent: Scènes de métro (2): Réflexions sur le "look"
Suivant: Scènes de métro (4): Jours de grève

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