Quand Harry rencontre Sally avait tout du film que je n'aurais jamais été voir de moi-même et que j'aurais dû ne pas aimer.
C'est en effet une comédie romantique américaine qui parle de New Yorkais sophistiqués aux amours compliquées, donc de gens avec qui je n'ai a priori rien à voir, et qui étaient quasiment un repoussoir pour moi lorsque je l'ai vu la première fois, au vidéo club de mon internat campagnard.
Pourtant j'ai contre toute attente adoré ce film, que j'ai fini par revoir régulièrement, à chaque fois avec le même plaisir.
L'histoire est assez simple.
Deux étudiants qui ne se connaissent pas, incarnés par Billy Crystal et Meg Ryan se retrouvent à covoiturer pour des raisons financières sur le long trajet qui sépare Chicago de New York.
Dès le début l'antipathie est palpable entre l'homme, Harry, qui est une sorte de macho pontifiant très sûr de lui, et la femme, Sally, qui a un caractère indépendant et bien trempé.
Pendant le voyage ils se disputent sur différents sujets qui tournent tous autour de la relation homme femme. Au centre il y a l’idée défendue par Harry que l'amitié entre sexes est impossible du fait de la tension sexuelle, ce que Sally conteste.
Harry prétend également que les femmes jouissent toujours avec lui, ce dont Sally va réussir à le faire douter lors d'une de scène du film devenue légendaire : pour le convaincre elle va en effet simuler un orgasme en plein restaurant (!)
Une fois à New York ils se séparent sans regret.
Le film reprend quelques années plus tard quand ils se rencontrent à nouveau, On apprend que tous les deux sont en couple et que leurs mauvaises appréciations respectives n'ont pas changé.
Après quelques années supplémentaires ils se retrouvent à nouveau, mais cette fois-ci chacun vient de vivre une rupture douloureuse, et en plein doute existentiel et fragilisés tous les deux, ils vont commencer à se rapprocher.
Progressivement ils se revoient, discutent, s'apprécient et finissent par devenir de véritables amis et confidents l'un pour l'autre.
Chacun tentera même de caser l'autre, mais au final c'est entre le meilleur ami de Harry et la meilleure amie de Sally que le coup de foudre a lieu, les rapprochant encore.
Et puis ce qui devait arriver arrive: un jour ils couchent ensemble, puis en sont terrifiés, puis se brouillent, avant que Harry ne réalise qu'il est fou amoureux et ne se précipite pour déclarer publiquement cet amour à une Sally qui n'attendait que ça et lui tombe dans ses bras lors d’une scène très très comédie romantique américaine.
La trame est assez convenue, mais inexplicablement ce film a pour moi quelque chose de magique.
L'interprétation des acteurs, notamment une Meg Ryan plus irrésistible que jamais, y est sûrement pour beaucoup.
L'originalité du film tient aussi à sa structure: chaque période de la vie des héros est bornée par des témoignages de couples de tous âges et toutes origines qui racontent leur rencontre et donnent un bref résumé de leurs vies, le dernier couple étant celui formé par Harry et Sally.
Cette idée d'amour qui naît malgré soi est très touchante, les séquences d'humour et d'émotion sont bien alternées, et l'on s'attache vite aux histoires de ces deux cœurs perdus.
Célibataire comme je l'étais à l'époque, j’ai rêvé secrètement de rencontrer ma Sally et ce film mettait sans doute aussi le doigt dessus.
Quoi qu’il en soit je l'ai beaucoup aimé, et il rejoint les films de Rohmer au rayon de mes plaisirs coupables.
Je ne suis d’ailleurs pas le seul puisque ce film fit un carton monumental et qu’une suite a même été envisagée, pour l'instant non concrétisée.
En attendant je l'ai revu il y a un an, et 36 ans après sa sortie, le charme a encore opéré.
Précédent: Cinéma(30): Joies et surprises des doublages/traductions