vendredi 15 mai 2015

Trash

Depuis toujours j'éprouve une certaine fascination pour le côté sombre et animal de l'être humain.

Cette facette peut s'exprimer de nombreuses façons, l'une d'entre elles étant le spectacle, qu'il s'agisse de théâtre, de musique ou de cinéma.

Dans ce domaine, il y a certains "artistes" pour qui faire sauter les ultimes tabous semble une raison d'être, une façon d'exister, de s'exprimer. Leur œuvre veut secouer, marquer, repousser les limites, pour des motivations qui m'échappent mais semblent impérieuses pour eux.

Dans le monde musical, le chanteur américain Iggy Pop en est un exemple. Avant de devenir l'icône mainstream qu'il est aujourd'hui (à juste titre car il chante très bien) il a en effet été connu pour ses performances live démentielles et sans limite.

Sur scène, il explosait littéralement et faisait preuve d'exhibitionnisme, finissant souvent nu, autant que d'auto destruction ou de tendance à l'absurde comme lorsqu'il se roulait dans des tessons de bouteille ou se couvrait de beurre de cacahouète.

Au final, les gens retenaient surtout ça de lui, et il faillit en mourir avant d'être en quelque sorte récupéré par David Bowie et de voir sa carrière relancée.

Aujourd'hui sexagénaire clean et musclé, il continue à officier torse nu. Et le parfum de souffre de sa légende pousse encore des fans qui pourraient être ses petites-filles à lui montrer leurs seins pendant les concerts...

Cependant l'iguane s'est dès ses débuts (1969) inscrit dans le rock, dans un circuit identifiable et il possède un réel talent.

Ce n'est pas forcément le cas pour tout le monde. Il existe en effet des scènes bien plus obscures où les gens vont encore plus loin, et là je décroche. Je citerai deux exemples.

Jean-Louis Costes est un Français de Saint-Denis dont j'ai découvert l'existence dans un magazine provoc trouvé je ne sais plus dans quel contexte.

Interprète de chansons aussi minimalistes que crues, son univers mêle porno, scatologie et pur provoc dans des spectacles dont le but semble être de choquer et de révulser.

Ses titres ("Livrez les blanches aux bicots", "Même les ptits oiseaux chient", "Dans le cu du cochon", etc.) donnent une idée du produit de ces divagations...

Cet extrémisme, associé à quelques bouquins qu'il a écrit, a fini par lui valoir une certaine notoriété: on l'a même vu chez Ardisson.

Aux US, GG Allin, mort d'une overdose en 1993, avait en commun avec Costes un goût démesuré pour le trash.

Célèbre pour chier pendant ses concerts (il prenait apparemment des laxatifs -en plus des drogues- avant chaque représentation), il y finissait nu, roulant après coup dans ses excréments et se blessant à loisir.

Suite à sa promesse de se suicider sur scène pour un Halloween, une clique de fans morbides le suivait, attendant l'événement avec impatience.

J'ai beaucoup de mal à comprendre ce genre de délire...

Côté cinéma, il y a l'étrange réalisateur John Waters, prince du bizarre de Baltimore très axé lui aussi sur le répugnant.

Son "chef-d'oeuvre" dans le genre est le film Pink Flamingoes, qui raconte la compétition féroce que se livrent plusieurs cas sociaux pour remporter le titre de personne la plus répugnante de la planète.

Cet OVNI, devenu un classique du cinéma underground, est notamment célèbre pour la scène où l'acteur favori de Waters, le travesti obèse Divine, mange en direct la crotte qu'on voit faire un chien la scène précédente...

Tous ses films ne sont pas aussi extrêmes, Serial Mother a été primé et je me souviens avoir plutôt apprécié son Hairspray (vu il y a bien longtemps), mais il y a toujours ce goût étrange et un certain jusqu'au-boutisme qui me met plutôt mal à l'aise.


Difficile de conclure ce post. Provoc, folie, dénonciation, anticonformisme, envie de se démarquer? Ces gens ont en tout cas un parcours étrange et leurs oeuvres dérangent au sens premier du terme, jouant avec la répulsion et la bienséance jusqu'à provoquer le malaise le plus profond.

Ils correspondent pourtant bien à une facette de l'humanité et il y a un public pour ça.

PS: j'ai eu l'occasion de voir Salo et les cent vingt journées de Sodome, ultime réalisation de l'étrange Pasolini, et peu de films m'ont autant répugné et choqué.

Cette oeuvre, qui se veut artistique et engagée, n'a pas le côté proprement trash de ce que j'ai précédemment évoqués (bien filmé, vrais acteurs, vrai budget, etc), mais beaucoup des scènes montrées (torture, ondinisme, scatophagie) sont à la limite du soutenable.

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