mercredi 24 mai 2017

Joies et surprises des doublages/traductions

J’ai toujours été attiré par les langues étrangères, en premier lieu par l’anglais, tellement présent aujourd'hui.

J’ai ainsi très vite voulu comprendre ce qui se cachait derrière les mots inconnus et étrangers, à traduire tout ce sur quoi je tombais, en commençant par les titres de films ou de livres, généralement venus du monde anglo-saxon.

Or, avec l’âge et mon apprentissage de l’idiome de Shakespeare, je me suis rendu compte avec étonnement que ces traductions n’avaient parfois que peu à voir avec l’original.

C’est notamment le cas pour les titres de films, dont certaines VF valent leur pesant de cacahouètes.

Le présent post va donner quelques exemples de ces intéressantes divagations, qui ne sont d’ailleurs pas forcément liées à une méconnaissance de l’anglais, mais bien souvent à des considérations marketing.

« The deer hunter » (le chasseur de cerf), le classique de Cimino sur la guerre du Vietnam est ainsi devenu le plus spectaculaire « Voyage au bout de l’enfer » en traversant l’Atlantique, sans doute pour être plus percutant.

Le célèbre « Les dents de la mer » qui lança Steven Spielberg s'intitulait plus sobrement à l'origine « Jaws », c'est-à-dire Mâchoires.

Le long-métrage pro-Amérindien « Clearcut » (dont je ne suis pas sûr de la traduction), du Polonais Ryszard Bugajski, est connu en français et pour des raisons que j'ignore sous deux titres différents « La vengeance du loup » et « Terre rouge ».

Dans les films noirs nous avons « The asphalt jungle », où Marylin Monroe fit l'une de ses premières apparitions, devenu « Quand la ville dort » et le « North by Northwest » d'Hitchcock rebaptisé « La mort aux trousses ».

Etc.

Quelques fois on choisit d'alambiquer ou de compléter un titre, comme « Brokeback Mountain » qui se voit flanquer d'un « Le secret de (Brokeback Mountain) » en arrivant chez nous, ou les « Twelve monkeys » qui sont regroupés dans une armée en VF, devenant « L'armée des douze singes ».

D'autre fois, c'est parce qu'il y a une référence culturelle difficile à traduire, comme pour l'excellent « Un jour sans fin » qui s'appelle au départ « Groundhog day », soit le jour de la marmotte, du nom d'une coutume nord américaine inconnue sous nos cieux.

Notons que ce cas-là marche dans les deux sens puisque notre « 37°2 le matin » est devenu « Betty blue » dans le monde anglo-saxon, sans doute parce que les degrés Celsius n’y ont pas cours.

Enfin il y a un type de traduction un peu absurde, qui consiste à remplacer un titre anglais par un autre titre anglais, jugé plus compréhensible ou plus vendeur.

Je me souviens de deux exemples dans les années 90 : « Sexe intentions », adaptation un peu neuneu de nos « Liaisons dangereuses » nationales, et « Sex crimes », sympathique polar à tiroirs qu'une scène de partie à trois a rendu célèbre.

Et bien les titres originaux respectifs de ces deux films étaient « Cruel intentions » et « Wild things » ! Inutile d'expliquer le choix de ces pseudo traductions utilisant le mot « Sex »...

Le doublage peut également complètement changer une œuvre.

L'esprit de la mythique série « Starsky et Hutch » a ainsi été modifié par Jacques Balutin qui doublait le personnage de Starsky. Il semble qu’il ait en effet pris un malin plaisir à ajouter des blagues et des traits d’humour là où il n’y en avait pas, apportant à la série une dimension comique bien moindre dans l'original…

On peut trouver une autre bizarrerie dans « L’homme qui valait trois milliards » (qui ne valait que six millions en VO, à cause du rapport dollar/franc de l’époque). Le héros Steve Austin y est en effet décrit comme un homme bio-ionique, terme fantaisiste qui n’existe que dans la série et parce qu’en anglais on dit « BA-IO-NIC », soit une syllabe de plus que le « bionique » du français normal !

Autre élément intéressant: les voix des doubleurs et l’effet qu’elles provoquent.

Lorsqu’on regarde des films doublés on associe spontanément un acteur à la voix de son doubleur, qui est souvent le même dans tous les films.

Ces associations peuvent être si fortes et certaines signatures vocales si spécifiques que si le doubleur change on peut en être perturbé.

Ainsi que seraient Sylvester Stallone sans la voix d'Alain Dorval, Robert De Niro sans celle de Jacques Frantz ou encore les « noirs cool » d'Hollywood -comme Eddy Murphy- sans celle de Med Hondo ?

Terminons en soulignant ce paradis des traductions de titres qu’est le Québec, qui met en français absolument tous les titres de film, générant son lot de moments hilarants.

A lire :
- Dans ce post je parle de l'histoire hors du commun de la doubleuse roumaine Margareta Nistor
- Quelques tops de traductions ICI et ICI
- Quelques doubleurs célèbres ICI

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