vendredi 11 septembre 2009

Réflexions sur la Foi...

Il y a quelques temps, j'ai assisté à une messe catholique traditionnelle, dite selon le rite grégorien et en latin à 99%, Cette messe avait lieu dans une chapelle au fond d'une abbaye normande, et était dite par des moines.

Seules concessions à l'époque, une citation biblique était dite en français, et les manuels mis à disposition comportaient une traduction.

Mis mis à part ça, tout était latinisant et chanté.

La ritualisation extrême de cette célébration était fascinante. L'installation des bougies, l'ordre d'entrée des moines, l'enchaînement des chants, le balancement de l'encensoir, les vêtements et les pas de chacun, tout avait l'air calculé, pesé, maitrisé, rien ne semblait laissé au hasard, tout paraissait avoir un sens.

Ce spectacle (bien sûr ce mot n'est pas à prendre dans le sens divertissement) allié aux vieux murs de la chapelle, donnait un sentiment d'éternité, d'importance extrême. Par bien des aspects c'était bouleversant. Bien que n'étant pas catholique et ne comprenant pas le latin, j'ai parfois senti une étrange émotion me toucher.

Quelque part, cela m'a fait aussi penser au Japon, aux codes du Nô, à la cérémonie du thé, à tous ces rituels où l'on se dit que la forme a fini par supplanter le fond.

Mais au fond, je crois que c'est justement cette sophistication, ce rituel, ces règles dogmatiques, cette "forme" qui finissent par faire sens.

Cela fait sens parce que le rite est essentiel dans une croyance. Le rite joue avec le besoin humain de solennité, de mystérieux, de "magique".

Ce besoin, essentiel mais sous-estimé dans notre Occident rationnel, se retrouve pourtant dans toutes les sociétés organisées, dans tous les systèmes: la chevalerie, la république, les grandes écoles, les régimes communistes ou d'extrême droite, la franc-maçonnerie...voire même dans des domaines où on ne l'attend pas, comme les arts martiaux ou les médecines traditionnelles.

Au final, à quelques exceptions près, la solennité et le sacré sont aussi naturels à l'homme moyen que respirer ou manger.

Je pense que l'angoisse diffuse de nos sociétés modernes vient beaucoup de la fin de ça, de l'excès de rationalisation, du fait qu'on a voulu rendre la vie fonctionnelle avant tout, en évacuer le sacré, le rituel.

J'ai toujours été frappé de constater que dans les villages traditionnels, quelle que soit la civilisation considérée, on sent une sensation d'harmonie qui a disparu de nos villes modernes. Malgré la pauvreté des moyens, il semble qu'on ait toujours cherché un équilibre, dans lequel les considérations métaphysiques n'étaient jamais absentes.

Chez nous, pas le moindre village qui n'ait son église au centre, par exemple. Nos lotissements de pavillons modernes ont perdu ça, tout comme les villes scientifiquement construites pour coller exclusivement aux besoins matériels de leurs habitants.

Dans ce contexte de déséquilibre, le retour du religieux auquel on assiste n'est pas étonnant. Le refuge dans un islam ostentatoire, dans un judaïsme orthodoxe exigeant ou dans la version entière du christianisme que représentent les églises évangéliques sont autant de façons de rééquilibrer un monde angoissant, technique, où tout semble se définir par sa seule valeur marchande, et d'y remettre du sacré, du sens, du désintéressement.

Cette expérience m'a amené à me poser la question de la nature de la Foi, à travers mon expérience, à travers celle d'autres personnes et tout ce que j'ai pu voir ou étudier.

Qu'est-ce que la Foi? Qu'est-ce que "croire" signifie, indépendamment de la croyance considérée? J'ai jeté ici en vrac les idées et images qui me viennent quand je pense à ce concept...

La Foi c'est un étrange sentiment, un mélange d'exaltation et de sérénité, de fébrilité et de plénitude. C'est la sensation d'être en communion avec quelque chose qui nous dépasse, en harmonie avec la création et les secrets du monde.

La Foi c'est le bonheur de s'abandonner à une force surnaturelle, c'est être persuadé qu'il y a autre chose que le décor dans lequel on évolue, autre chose que les rapports matérialistes et/ou animaux qui régissent nos vies, c'est savoir qu'on ne subit pas "tout ça" pour rien.

La Foi c'est un espoir, que ce soit celui d'une compensation dans un autre monde, celui de rétablir un équilibre ou celui d'échapper à un infernal cycle de réincarnations.

La Foi, c'est se mettre en paix avec l'injustice de ce monde, en se convainquant qu'elle a un sens, une explication et/ou qu'une revanche attendra les fidèles.

La Foi ça peut aussi être l'envie également de se retrouver "entre élus", entre gens qui savent.

La Foi est un puissant moteur, une motivation pour se détacher de ce monde ou s'y jeter à corps perdu dans l'action, qu'elle doit destructrice comme le terrorisme ou admirable comme ces gens qui consacrent toute leur énergie aux déshérités de toute sorte.

La Foi peut aussi être la source de névroses, quand l'impossibilité d'atteindre un modèle ou un idéal trop éloigné de la vie qu'on mène, trop difficile à atteindre entraine l'angoisse, la culpabilité et le désespoir.

La Foi peut enfin être un fond de commerce, quand des personnes utilisent celle des autres pour leur propre réussite matérielle.

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