jeudi 2 septembre 2010

Orthodoxes et schismatiques (6) - Le christianisme: les protestants

La deuxième grande division du christianisme fut la Réforme. On désigne par ce terme un mouvement de contestation de l'église catholique, de son organisation, de ses dogmes et de ses pratiques.

La réforme partit en 1517 des thèses de Martin Luther, un moine allemand, pour aboutir, après des années de guerres, à l'apparition d'une troisième aire chrétienne en Europe. Le protestantisme s'est ensuite répandu hors d'Europe via le colonialisme anglais (et, dans une moindre mesure, hollandais), le plus grand pays à majorité protestante du monde étant aujourd'hui les États-Unis d'Amérique.

Le protestantisme est radicalement différent des deux autres grandes confessions. Il déclare se baser sur la seule bible, que chaque fidèle est tenu de lire et d'interpréter sans intermédiaire.

Cette obligation de lecture entraina un mouvement visant à diffuser au maximum le texte sacré. L’imprimerie naissante fut mise à contribution, et l’on traduisit la parole divine en langues profanes, prenant le rebours d’une église catholique qui réservait l’étude de la bible à ses ministres (les conflits furent nombreux).

Cette nécessité de lecture de la parole divine entraina également un intérêt pour l’alphabétisation, que les puissances protestantes encouragèrent largement.


Les protestants rejettent également toute hiérarchie, le monachisme, ainsi que la tradition. Cette absence d’intermédiaire entre Dieu et les hommes a eu de nombreuses conséquences.

La première fut de faire trembler les ordres établis, à commencer par la monarchie de droit divin qui devenait un blasphème.

La seconde, lourde de conséquence, fut la multiplication des scissions au sein du monde protestant.


Le premier groupe de protestants fut constitué par les disciples de Martin Luther, encore marqués par le catholicisme au moins dans la forme.

La deuxième naquit peu de temps après, lorsqu’un théologien français, Jean Calvin, poursuivit le questionnement de Luther et élabora une nouvelle doctrine (qui fut d’ailleurs combattue dans un premier temps par les luthériens).


Suite à cela, le calvinisme suscita la naissance d’innombrables branches, mouvements, obédiences, ainsi que des mouvements sectaires ou syncrétistes qui ne sont plus considérés comme protestants.

Le monde protestant connaît périodiquement ce qu’on appelle des « réveils », qui se traduisent par un nouvel élan religieux, l’apparition de nouvelles églises, un désir de retour vers les fondamentaux de la foi, de régénérescence.

Notre époque connaît un de ces moments, avec les mouvements dits « évangéliques », dont les doctrines mettent beaucoup l’accent sur un rapport direct et émotionnel avec Dieu, certaines branches, notamment les pentecôtistes, ayant recours à la transe ou à l’imposition des mains.

Les églises évangéliques sont en plein essor sur la planète et envoient des missionnaires aux quatre coins du monde, y compris dans des zones non protestantes et non chrétiennes.


Leur zèle et leurs impressionnants moyens financiers leur valent des succès certains. Ils ont ainsi notamment doublé en une dizaine d’années le nombre de protestants français et ont dépassé en nombre les catholiques au Guatemala.

Mais cette expansion entraine également de nombreuses frictions avec les autres religions, notamment en Inde ou dans le monde musulman.

Ainsi c’est suite à leur action que certains états musulmans du Nigeria ont imposé la Sharia et que des lois sanctionnant le prosélytisme ont été adoptées en Algérie.


Voici quelques exemples emblématiques du foisonnement des églises protestantes :

1. les amish

Rendus célèbres par le film « Witness », l’aspect le plus spectaculaire de la doctrine de cette branche du calvinisme est le refus de la modernité dans ce qu’elle a de technique.

Habillés comme à l’époque de leur émigration aux Etats-Unis d’Amérique, les amish (du moins la branche radicale) n’ont ni télévision, ni ordinateur ni voiture, vivent de façon rurale et communautaire, et parlent même souvent le dialecte hollandais que leurs ancêtres avaient amené avec eux.


2. les puritains

Avant de devenir un synonyme de bigot, sectaire, opposé au plaisir et à la jouissance, puritain désignait une forme de calvinisme apparue en Angleterre au début du 17ième siècle.

Le mouvement puritain, qui est à la fois religieux et politique et ne constitue pas vraiment une église (eux-mêmes ne se désignant pas ainsi), est né en réaction aux principes de l’église d’Angleterre affirmés par les souverains : les puritains jugeaient son organisation et ses dogmes trop proches de ceux du catholicisme honni. Cette opposition vira vite au conflit ouvert.

Une partie des puritains alla alors s’installer dans les colonies d’Amérique, notamment les célèbres « Pilgrim Fathers » dans leur navire le « Mayflower ». L’empreinte qu’ils laissèrent est une des composantes majeures de la mentalité et des mœurs politiques et religieuses des Etats-Unis.

L’autre partie se révolta et fit partie de ceux qui portèrent Oliver Cromwell à la tête de l’Angleterre, la fin de son règne initiant la paix religieuse et leur intégration dans le pays.

3. les quakers

Le mouvement quaker, où « Société religieuse des Amis », est également né au Royaume-Uni, comme une branche dissidente du protestantisme.

Les quakers refusent tout dogme et credo, considérant que la foi est une expérience personnelle, et rejettent tout clergé et même l'autorité absolue de la Bible, considérant qu'elle n'est qu'une partie de la révélation, laquelle est permanente. Pour cela, ils furent souvent en butte aux persécutions des autres protestants.

L’imagerie populaire connaît des quakers le costume noir et le large chapeau, mais celui-ci n’était que l’illustration du désir de modestie des quakers, qui rejettent toute mode ou ostentation au même titre que la hiérarchie ou les sacrements.

L’état américain de Pennsylvanie a été fondé par un quaker et s’est fait connaître pour son rejet précoce de l’esclavage des noirs et son égalitarisme vis-à-vis des amérindiens. Le pacifisme et la non violence sont également au cœur de leurs idées.

4. l'armée du salut

Plus qu’une église, l’Armée du salut est une œuvre de charité et d’aide aux pauvres.

Initiée en Angleterre par le pasteur William Booth, cette œuvre s’est organisée selon le modèle militaire, dans un souci d’efficacité, avec drapeau, uniformes, grades et règlement, et a « déclaré la guerre à la misère », intervenant partout où il y a des pauvres, offrant gite et couvert, collectant des fonds.


Début: Orthodoxes et schismatiques (1) - Introduction
Précédent: Orthodoxes et schismatiques (5) - Le christianisme: les orthodoxes
Suivant: Orthodoxes et schismatiques (7) - Les autres christianismes

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire