vendredi 12 mars 2010

Orthodoxes et schismatiques (1) - Introduction

La série de posts que j'entame d'aujourd'hui aura trait à un aspect de la religion, sujet d'actualité s'il en est.

Je vais parler du phénomène qui fait que des branches poussent de façon quasi-inévitable sur le tronc commun d'une religion établie.

Je parlerai surtout des religions "abrahamiques", mais ferai également quelques incursions dans d'autres mondes, je parlerai aussi des syncrétismes et également du communisme, dont le mode de fonctionnement idéologique a été très proche d'une religion.

Avant tout il faut se rappeler qu'avant de devenir une religion établie, une croyance est toujours quelque chose de nouveau, de subversif, qui propose une nouvelle vision du monde.

Puis peu à peu, de manière plus ou moins linéaire, autant par la violence et pour la recherche d'avantages que parce qu'elle séduit d'un point de vue philosophique, cette croyance, cette vision devient majoritaire et reconnue.

Commence alors la période de fixation de la doctrine, au cours de laquelle les querelles, les débats, certaines divergences doctrinales coïncident avec des intérêts plus prosaïques et masquent des luttes de pouvoir. A la fin de cette période est stabilisé un corpus, une doctrine officielle à l'aune de laquelle sera désormais jugée toute évolution.

Périodiquement, toutefois, des fidèles vont plus loin, proposant une nouvelle lecture de la religion, l'agrémentant de nouveautés issues de la confrontation avec d'autres doctrines ou remettant en cause le fonctionnement de ses institutions.

L'apparition de ces nouvelles tendances peut générer deux réactions.

La première réaction possible de la religion d'origine est l'affrontement, avec des résultats divers.

Tout d'abord, cette lutte peut entrainer la disparition des dissidents, des "hérétiques", comme ce fut le cas de tant de branches du christianisme (nestoriens, ariens, cathares, bogomiles, hussites, etc...).

Si la dissidence est toutefois trop forte, on peut assister à un "partage" des fidèles entre les hérétiques et les tenants de la religion d'origine (ainsi le monde chrétien s'est peu à peu découpé entre catholiques, protestants et orthodoxes, et le monde musulman entre sunnites des quatre écoles et chiites).

Enfin, les dissidents peuvent fuir et installer leur communauté sous des cieux plus cléments (les pères pèlerins fondateurs des USA ou les mormons installés dans l'Utah en sont un bon exemple).


La deuxième réaction de la religion majoritaire possible peut être d'intégrer la dissidence à la religion d'origine, en y suscitant des réformes ou en s'y adaptant.

Ce fut le cas des franciscains au sein de l'église catholique, ou du mouvement de réforme qui mena à Vatican II.

Paradoxalement, cette intégration peut également susciter l'apparition d'une nouvelle communauté, soudée autour du refus de ces réformes. C'est justement le refus de Vatican II qui amena la création du mouvement des catholiques intégristes.

Dans tous les cas, on a au final la coexistence d'un courant distinct issu d'un tronc commun, qui sont antagonistes tout en se reconnaissant un cousinage.

Par contre, si l'innovation religieuse est trop tranchée, on ne parle plus de courant, mais d'une nouvelle religion. Ainsi, on reconnait un tronc commun au judaïsme, au christianisme et à l'islam, mais il est très clair que ce sont des religions différentes. Idem pour le bouddhisme et l'hindouisme.

Je distinguerai enfin un dernier cas d'innovation religieuse, celui où les adeptes d'une religion sont durablement isolés du reste des fidèles, ce qui "pervertit" ou transforme leur doctrine, qui finit par être considérée comme différente par les adeptes de la religion dont ils se réclament. Les juifs ont souvent rencontré ce cas de figure.

C'est d''ailleurs par cette première religion abrahamique que je vais commencer mon étude dans le prochain post.

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