lundi 22 mars 2010

Orthodoxes et schismatiques (4) - Le christianisme: les catholiques

Les catholiques sont les plus nombreux parmi les chrétiens, et sont sans doute la confession religieuse qui a le plus de fidèles sur cette planète.

L'église catholique épouse un découpage territorial hérité de l'empire romain, elle est très hiérarchisée, avec à sa tête l'évêque de Rome, appelé Pape, qui réside dans un minuscule pays au coeur de la capitale italienne, le Vatican.

La religion catholique, très prosélyte, suivit l'extraordinaire expansion de l'Europe, portée tout d'abord par les empires coloniaux ibériques, puis par celui de la France. Aujourd'hui le centre catholique majeur du monde est en Amérique latine.

L'église catholique est très structurée et centralisée, et son histoire est remplie de schismes et d'hérésies, certaines évolutions étant intégrées, d'autres condamnées, voire les deux.

A plusieurs reprises se sont tenus ce qu'on appelle des "conciles", réunions visant à fixer une orientation doctrinale, certains suscitant des réactions de rejets et l'apparition de nouveaux courants.

Voici quelques exemples de courants religieux issues du catholicisme:

1. les vieux catholiques

Les églises vielles catholiques respectent le rite, la tradition et les sacrements de l'église catholique, mais rejettent certains dogmes récemment affirmés par la papauté, notamment au cours du concile de Vatican I. Ainsi, ils refusent la juridiction universelle de l'évêque de Rome, l'infaillibilité pontificale ou encore la condamnation systématique du modernisme.

On fait dater leur apparition à la déclaration d'Utrecht en 1889, qui est une sorte d'anti-Vatican I.

Organisés en églises indépendantes dont la majorité se réclame de cette déclaration, les vieux catholiques ont souvent des positions plus modernes que les catholiques, notamment sur le mariage des prêtres ou la contraception.

Ils seraient aujourd'hui un demi-million.

2. Les catholiques intégraux ou intégristes

On peut dire que les catholiques intégraux, (désignés comme intégristes par leurs détracteurs) sont le pendant conservateur des vieux catholiques.

En effet, si les vieux catholiques sont apparus suite au refus par certains fidèles du concile Vatican I, vu comme trop conservateur, les catholiques intégristes sont nés suite au refus du concile Vatican II, celui-ci étant cette fois-ci vu comme trop libéral et trahissant la véritable église catholique.

Les catholiques intégristes sont attachés au rite "tridentin" (c'est-à-dire issu du concile de Trente), ils ont leurs propres institutions (comme la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X en Suisse) et après une période d'excommunication par le papauté, ils sont en voie de réintégration au sein du courant dominant, ce qui ne va pas sans remous.

3. Les prêtres ouvriers

Dans les années 40, la papauté, pour répondre à une déchristianisation des milieux ouvriers, décida d'autoriser certains prêtres à avoir un emploi salarié. Ils feraient ainsi oeuvre de témoignage au sein de la communauté ouvrière. Dans le même esprit apparurent des prêtres marins.

Ces prêtres, vivant au contact des fidèles et dans les mêmes conditions (cela pouvait aller jusqu'aux grèves ou manifestations), étaient censés revivifier la foi des ouvriers.

Toutefois, l'expérience tourna court quand le pape décida d'arrêter l'expérience et d'interdire les prêtres ouvriers.

Il semblerait que la crainte d'une "contamination" de l'église par des idées communistes alors en pleine expansion dans les usines en soit la cause.

Certains prêtres refusèrent toutefois d'abandonner leur mission, passant dans la clandestinité vis-à-vis de la papauté, jusqu'à ce que celle-ci les reconnaisse de nouveau, après Vatican II.

Ces prêtres ouvriers furent à l'époque assez médiatisés. Ils ont suivi l'évolution d'une classe ouvrière considérablement réduite et ne sont plus que quelques-uns.

4. La théologie de la libération

La théologie de la libération est née dans le contexte de la décolonisation et de la fin des modèles économiques traditionnels, notamment avec l'apparition du prolétariat urbain et des bidonvilles.

Elle a connu un grand succès en Amérique latine avant d'être condamnée par l'eglise catholique.

La théologie de la libération emprunte au marxisme son analyse de la pauvreté et sa condamnation du système capitaliste en tant que tel, elle dénonce la société de consommation (la nouvelle idôlatrie) et voit dans l'organisation de communautés chrétiennes de pauvres le moyen d'une alternative.

On peut considérer qu'elle puise ses racines dans les "reduciones", ces communautés d'indiens catholiques organisées par les jésuites au Paraguay avant d'être ouvertes à la colonisation et désavouées par la papauté (cet épisode singulier s'étant terminé par la mise hors-la-loi de certains jésuites ayant refusé la décision de Rome).

La théologie de la libération fut considérée comme hautement subsersive pendant la guerre froide, notamment par les américains, et elle fut également condamnée par la papauté.

Elle tomba en désaffection avec le recul des idées marxistes et se recycla pour partie dans l'altermondialisme.

5. Les catholiques de Chine

Le catholicisme chinois connait depuis l'instauration du communisme une situation analogue à celle de la France révolutionnaire. C'est en effet le gouvernement chinois qui nomme les évêques et non le Pape, contrairement à ce qui se fait dans le reste du monde.

Il y a donc présence d'une église catholique chinoise officielle, dite "patriote", et une église catholique "clandestine", composée de fidèles au Pape refusant la mainmise de l'état sur leur religion.

Il est à noter que le Pape refuse d'entériner cette division, déclare qu'il n'existe qu'une communauté catholique en Chine et accepte les ordinations de Pékin.

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