lundi 13 décembre 2010

Littérature "étrangère"?

J’ai quelques fois eu l’occasion d’avoir de vraies discussions avec des étrangers, dans ces moments particuliers où le masque tombe et où l’on se laisse aller.

Ce genre d'instant est souvent l’occasion de remettre en cause ce qui semble évident, cela peut déstabiliser, faire réfléchir, interloquer, montrer une autre vérité, une autre vision du monde.

Cela souligne que pour chaque culture et chaque personne il y a un socle que je qualifierais de « non négociable », un ensemble de valeurs, de références et de points de vue qui constituent une base, un peu comme les axiomes en mathématique (ce constat peut d’ailleurs aussi valoir pour les milieux, les régions, etc.).

J’aime beaucoup lire des auteurs étrangers pour essayer de trouver ça, et je grappille dès que je peux des livres écrits par des auteurs issus d’autres pays.

Toutefois, mes connaissances en langues étant limitées, je me contente de lire ce qui a été écrit ou traduit en français.

Et c’est fort de mon expérience dans le domaine que je me suis posé la question qui a motivé l’écriture de ce post : a-t-on vraiment accès à la littérature d’un pays ou est-ce que l’on ne traduit que ce qui conforte les idées que l’on a déjà sur le pays en question ?

Je vais prendre l’exemple du continent d’où j’ai lu le plus d’auteurs, l’Afrique.

Concernant l’Afrique noire, j’ai noté une surreprésentation de romans sud-africains et parmi les auteurs sud-africains une surreprésentation des auteurs blancs.

Je me suis souvent demandé pourquoi une telle prééminence, alors que le français fait partie des trois langues les plus répandues dans le continent, et donc qu’on peut supposer qu’il y existe un certain nombre d’auteurs écrivant dans cette langue.

Certes l’Afrique du sud est le plus développé des pays d’Afrique noire, certes l'importance et l'histoire de la communauté blanche font qu’il y a des liens peut-être plus forts tissés avec l’Europe, mais tout de même.

Dans le même ordre d’idée, la plupart des livres d'auteurs de l’Afrique subsaharienne que j'ai lus (me basant souvent sur la critique pour les choisir) présentent une Afrique tourmentée, obsédée par les colonies et le rapport au blanc, il y a souvent un coté sordide, du sexe, de la superstition, etc.

En clair, tous ces livres semblent conforter l’image que l’on a de l’Afrique noire en France, cette espèce de mélange d’exotisme, de misérabilisme, de crainte et de relents (regrets ?) coloniaux. Et aussi un ethnocentrisme qui fait qu’on a du mal à imaginer l’Afrique « sans nous ».

En ce qui concerne le Maghreb, dont j’ai lu un grand nombre de livres, c’est à la fois semblable et plus subtil.

Semblable parce que chaque livre parle peu ou prou de la France ou de l’occident, qu’il semble que chaque maghrébin ne se définisse que par rapport à ça, ne se préoccupe que de ça.

Et plus subtil car la plupart de ces romans dénoncent les sociétés d’origine, demandent plus d’ouverture, de modernité et de démocratie.

Est-ce à dire que l’africain ou l’arabe moyen déteste son pays, rêve d’occident et de liberté dans le sens qu'on donne à ce mot ici ? Est-ce que seuls les gens qui pensent cela écrivent ?

Ou bien est-ce qu’on ne traduit que ce genre d’auteur? Voire est-ce que les auteurs soucieux d’être publiés en Europe jouent le jeu de ne pas sortir de ces thématiques ?

Question que je suis bien incapable de trancher, même si mes rencontres me laissent imaginer que la vérité doit être quand même plus proche de la deuxième option.

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