jeudi 16 décembre 2010

Héritages de l'hexagone (3): Hymnes et devises

L’héritage français dont je vais parler aujourd’hui aura trait aux hymnes nationaux et aux devises de pays. En effet, l’influence de la France s’est faite sentir dans les choix de plusieurs de ces symboles nationaux.
 

Tout d’abord il faut savoir que notre devise « Liberté, Egalité, Fraternité » est partagée avec plusieurs pays.

D’origine ancienne, elle fut utilisée pour la France pendant la Révolution de 1789 mais ne devint effective et unique qu’à partir de la Troisième République.
 

Elle a été également adoptée par Haïti, dont les dirigeants se sont réclamés des idéaux de la Révolution dès qu'ils eurent arraché leur indépendance à la France.
 

De même, elle été celle du Venezuela (il me semble qu’ils l’ont changée depuis) dans une période où ses gouvernants étaient francophiles.
 

Dans un autre ordre d'idée, la devise de l'ordre britannique de la Jarretière, qui est également celle du souverain anglais, est toujours « Honni soit qui mal y pense », trace de l'époque où le français était langue officielle de l'Angleterre.

Et il est toujours surprenant pour nous français qui considérons l'anglais comme l'ennemi de voir cette devise dans notre langue s'afficher sur les trains, les édifices, les livres de la perfide Albion.


Concernant les hymnes nationaux, la France est citée directement ou indirectement dans plusieurs d’entre eux, toujours en référence à des événements historiques.


Ainsi, un couplet de l’hymne national polonais, « Mazurek Dąbrowskiego » (La mazurka de Dąbrowski), fait référence à Bonaparte.


« Nous traverserons la Vistule et la Warta,

Nous serons Polonais.
Bonaparte nous a donné l'exemple,
Comment nous devons vaincre. »
 

Cette référence s'explique ainsi: à l’époque des guerres napoléoniennes, la Pologne n’existait plus. Après trois guerres, le pays avait été conquis et partagé entre la Russie, l’Allemagne et l’Autriche.
 

Or l'empereur des Français, dans sa marche vers l’est, recréa un éphémère « Grand duché de Varsovie », et du coup s’attira la gratitude des polonais. C'est cet épisode qui est rappelé dans la mazurka de Dąbrowski.
 

L’hymne algérien, « Kassaman » (Nous jurons), cite lui aussi nommément la France dans un couplet.
 

« Ô France ! Le temps des palabres est révolu,
Nous l'avons clos comme on ferme un livre,
Ô France ! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes,
Prépare-toi ! Voici notre réponse,
Le verdict, Notre Révolution le rendra,
Car Nous avons décidé que l'Algérie vivra,
Soyez–en témoins! Soyez–en témoins! Soyez–en témoins! »
 

Cet hymne belliqueux fait bien évidemment référence à la longue lutte de l’Algérie pour se libérer de la tutelle coloniale.
 

Enfin, dans l’hymne allemand, « Deutschlandlied » (Chant d’Allemagne), il n’est pas fait directement référence à la France, mais à l’une de ses rivières, la Meuse.

« Allemagne, Allemagne avant tout,
Au-dessus de tout dans le monde,
Quand constamment pour sa protection et sa défense,
Fraternellement elle est unie.
De la Meuse jusqu'à Memel,
De l'Adige jusqu'au Belt,
Allemagne, Allemagne avant tout,
Avant tout dans le monde ! » .


La Meuse était en effet vue comme frontière naturelle par les partisans d’une Allemagne qui couvrirait tous les territoires contenant des peuples germaniques (pour la France, la frontière naturelle était le Rhin).
 

Les hymnes allemand et algérien font référence à des conflits entre leurs pays et la France, mais la perception et la vision qu’en ont les habitants du pays est différente.
 

En effet, si l’Allemagne a retiré de son hymne le couplet polémique (qui l’est d’ailleurs également pour d’autres pays, Memel étant notamment aujourd’hui la ville lituanienne de Klaipeda), la proposition de supprimer l’interpellation de la France de Kassaman a entraîné en Algérie un tollé monstrueux.
 

C’est un constat intéressant, car il donne une idée assez exacte des plaies non refermées que nous partageons avec notre voisin du sud, tandis que celles que l'on a pu avoir avec l'Allemagne semblent cicatrisées.
 

Je terminerais par « la Marseillaise » elle-même, notre hymne national, qui fut aussi celui de l’URSS aux débuts de la Révolution d’octobre, avant d’être remplacé jusqu’à la seconde guerre mondiale par « L’internationale », chanson co-écrite...par un français!


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