mardi 14 décembre 2010

Scènes de métro (5): Mendiants, Religieux et Fous

Dans le métro et peut-être encore plus dans les stations elles-mêmes, on croise une quantité impressionnante de marginaux, de fous, de mendiants et de paumés.

On ne fait que passer à proximité de la plupart d’entre eux, mais certains vous interpellent, vous agressent, directement ou non, vous demandent de l’argent, et au minimum vous offrent le spectacle souvent trop triste de leur vie…

Voici une typologie sommaire des quelques-uns qui m’ont marqué ou que j’ai notés pour une raison x ou y.


Tout d'abord il y a les religieux.


La plupart du temps, ils sont discrets, et se contentent de lire avec une grande concentration des bibles ou ce que je suppose être des corans (je ne lis pas l’arabe mais ils ont l’air dévots en lisant).

Ces derniers sont plus nombreux pendant le Ramadan, et j'ai noté que pour les deux livres saints la majorité des lecteurs sont des noirs.


Parmi les religieux que j'ai rencontrés, je me souviens d’un couple de musulmans, tous deux habillés de façon traditionnelle, et qui m’ont jeté un regard noir parce que j’en avais touché un dans la cohue, le souillant sans doute…


Je me souviens aussi d'être tombé, une fois dans le métro, une fois dans le tram, sur un prêcheur noir (était-ce le même ?) haranguant la foule inerte à grands coups d’appels au Seigneur et de « repentez-vous ! » incongrus et fatigants dans le tram et le métro.


Ensuite il y a les « artistes ».


Certains, musiciens et/ou chanteurs, souvent des tsiganes mais pas forcément, sont plutôt bons et font leur job. Ca peut même être agréable de les écouter. Mais on tombe aussi sur d'autres qui sont épouvantablement mauvais, pathétiques, ridicules, et même quelques fois agressifs.


J’ai ainsi croisé plusieurs fois un marionnettiste qui tendait une tenture entre deux barres de métro avant de faire son show sur fond de la version originale de « Petit Gonzalez » braillée par un poste bruyant.


J’ai aussi vu un clown si mauvais qu’on avait envie de le payer pour qu’il se taise. Egalement un jeune homme dansant pitoyablement sur un fond de manele et de rap roumain inécoutable et un quadra usé à l'air aviné qui chantait atrocement et a capella « Sur la route de Memphis » (déjà que j'aime pas l'original...).


Mais il y aussi les chanteurs hélas « engagés », jamais à court de clichés, et qui s’en prennent obligatoirement et avec beaucoup d’originalité (sic!) à la France et à ses dirigeants.
 

Ainsi un musicien autoproclamé a-t-il récemment commis devant moi « Le blues de la révolution », le degré zéro de la création, en s’accompagnant d’un harmonica aussi poussif que les clichés qu’il sortait et que son assommant discours pseudo révolutionnaire anti-Sarkozy et anti-bourgeois.

Ma voisine, pimpante bourgeoise quadragénaire, se mordait les lèvres pour ne pas sourire. Ma station d’arrivée m’a fort heureusement préservée de la quête qui allait suivre.
 

Un autre soir, c'est un rigolo, d’origine maghrébine, qui nous a fait son show, critiquant avec ce qu’il croyait être de l’humour la France et les Français, insistant sur l’importance des origines, apostrophant les gens guitare à la main, etc. Là encore j’ai été sauvé par le gong, m’épargnant un bien pénible moment.

Après les musiciens « volontaires », il faut encore supporter les fêlés du walkman (ou plutôt de l'ipod) qui écoutent leur engin tellement fort qu'on en profite d'un bout à l'autre du wagon. J'ai ainsi pu étudier les paroles de diverses tendances du rap actuel, mais aussi celles de Lara Fabian et quantité d'autres choses plus ou moins digestes...


Et enfin il y a les fous, les obsessionnels, ceux qui sont définitivement dans leur planète.


Je me souviens d’un chevelu entre deux âges qui gueulait sa rage en s'adressant à quelqu'un qui « se branlait les couilles à Pearl Harbour ». J’avais du coup l’impression que sa vindicte allait vers des Japonais, et qu’il rejouait une scène d’engueulade qu’il avait du voir ou vivre. Très lourd et agaçant.


Je me souviens également d'un noir vêtu en plein hiver d'un tee-shirt, de grosses chaussettes sur des pieds enflés et d'un pantalon au sourire de plombier entrant hébété dans le wagon et poussant tout le monde jusqu'à ce qu'il soit assis.

Après ce petit tour d’horizon des spécimens étranges qu’on doit apprendre à côtoyer avec philosophie pour survivre, je vais poursuivre ma série en parlant des rencontres intéressantes ou étonnantes que j’ai faites et des gens qui m’ont accosté.


Début: Scènes de métro (1): Introduction
Précédent: Scènes de métro (4): Jours de grève
Suivant: Scènes de métro (6): Les Belles du métro

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