jeudi 3 septembre 2015

Egalité des sexes et des espérances de vie

Chaque 8 mars a lieu la grand-messe habituelle de la journée de la femme.

Tous les ans on ressort à cette occasion les habituels écarts, les injustices, etc, et l'on s'accorde à dire que les choses ne bougent pas.

Et pourtant.

Une évolution est bel et bien en marche, et si l’hyper sexualisation, la misogynie ordinaire et les inégalités de salaire sont hélas encore et toujours à l'ordre du jour, l'égalité progresse sur des plans auxquels on ne pense pas forcément, et pas toujours dans un sens positif.

Je pense ainsi à l'espérance de vie.

Cet indicateur est calculé en faisant la moyenne de l'âge de décès de toutes les femmes qui sont mortes depuis le moment où l'on a commencé à faire cette mesure.

Fort logiquement, la grande majorité de ces femmes décédées appartient à des générations plus anciennes.

Or, pour ces générations, le mode de vie des femmes était significativement différent de celui de leurs maris. D'une manière générale, on peut dire qu'elles ont été bien plus "tenues" et contraintes par la société que leurs descendantes.

Elles vivaient en effet le plus souvent chez elles, dédiées à la maison et aux enfants, dépendantes de leur mari.

Elles ne connaissaient pas les guerres qui ont marqué chaque génération de Français jusqu'à l'Algérie, et dont les morts faisaient baisser la moyenne masculine.

Elles ne fumaient pas, ne conduisaient pas, n'étaient pas autant exposées à la violence, travaillaient plus rarement.

En clair, elles étaient moins libres que leurs filles et petites-filles et moins sujettes que leurs conjoints aux morts violentes et aux conséquences de comportements à risque.

En revanche, elles ne maîtrisaient pas leur fécondité et le danger de mourir en couche était plus présent qu'aujourd'hui.

Mais depuis les années 60, tout a changé.

Premièrement les femmes peuvent décider quand et si elle auront un enfant, et le risque d'en mourir est devenu extrêmement réduit.

Deuxièmement, elles ont massivement investi le marché du travail, avec le stress et les difficultés qui vont avec, jadis plutôt réservés aux hommes.

Ce nouveau stress n'empêche hélas pas l'ancien, car cette évolution n'a pas fait baisser l'injonction de rester femme et mère selon les critères traditionnels, c'est-à-dire à la fois sexy, présente et dévouée.

Cette pression encore très forte et véhiculée tant par les médias que par une bonne partie de la société (y compris et paradoxalement par beaucoup de femmes) les oblige plus que les hommes à jongler avec tout en permanence et de manière épuisante.

Cette pub particulièrement ridicule donne une bonne idée de l'idéal de Superwoman qui est la norme souhaitée.

Conséquence: on constate que les femmes ont également rattrapé les hommes sur le plan des addictions.

Il est par exemple avéré que les cancers liés au tabac baissent chez les hommes depuis vingt ans, et augmentent en parallèle chez les femmes. C'est la même chose pour l'alcool, les médicaments dits de confort ou la drogue.

Un autre point qui différencie traditionnellement les hommes et les femmes est la capacité à se prendre en charge une fois seule.

Des études ont ainsi montré que la solitude à un âge avancé est souvent plus facile à gérer pour une femme que pour un homme.

Mais là encore, on peut supposer que c'est aussi parce que les hommes des générations précédentes s'appuyaient intégralement sur leur conjointe pour la vie sociale, la logistique, etc.

Aujourd'hui les jeunes hommes ne sont généralement plus dans ce cas.

En effet, même issus de cultures familiales ou ethniques machos, ils doivent le plus souvent passer par la case célibat avant de trouver leur moitié.

Ils sont donc de façon plus générale rompus aux fers à repasser, courses et autres gestion d'appartement que ne l'étaient leurs pères et grands-pères, et donc plus aptes à se prendre en main en cas de solitude prolongée.

Enfin, du fait de la possibilité pour les femmes de choisir leur partenaire et de divorcer (les séparations sont d'ailleurs le plus souvent de leur fait), les hommes doivent désormais eux aussi faire plus attention à leur physique, à leur look, se surveiller.

Bien sur, il existe toujours des différences: les inégalités économiques sont encore là, le lien avec les enfants est plutôt l'apanage des femmes, etc.

Mais malgré tout on constate quand même une convergence progressive des modes de vie, même si ce n'est pas forcément pour le meilleur (un homme aliéné par son physique et une femme qui fume ne me paraissent pas le summum du progrès...).

Tout ça pour dire qu'il me semble logique que cette convergence nous amène également un alignement de l'espérance de vie à moyen terme. A suivre donc.

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