lundi 12 août 2013

Assaut

Dans un précédent post j'exposai la révélation que j'avais eue de ce que pouvait être le sport pour les gens qui y étaient vraiment accros, cette espèce de terrible envie de vaincre.

Aujourd'hui je voudrais parler de ma propre expérience dans le sport, de l’intensité de ce que j'ai pu ressentir parfois quand je pratiquais la canne de combat.

Ce sport français, assez confidentiel, est un cousin de l'escrime où l'épée est remplacée par un bâton court (jadis une canne) et où l'on s'affronte à l'intérieur d'un cercle selon une codification assez stricte et simple (il y a 6 coups autorisés).

Les combats, on dit "assauts", constituent l'aboutissement d'une longue série d'exercices, de mouvements et d'échauffement divers.

Ils commencent par la préparation vestimentaire.

On enfile tout d’abord son casque grillagé, dans lequel respirer n'est pas évident la première fois, puis ses protections (au minimum des gants) et enfin l'on attend son tour.

On sait qu'on sera scruté par ceux qui ont fini ou par ceux qui attendent leur tour. Cela ajoute à la tension.

Le moment arrivé, on se positionne l’un en face de l’autre, on se salue puis on croise les cannes attendant le cri "Assaut !" de l'arbitre qui donne le départ.

C’est à cet instant-là que la tension est à son maximum, et que l’adrénaline se libère.

Lors d'un assaut, deux options possibles.

Soit l'adversaire attaque directement et on va s'échiner à le parer, à riposter, à mobiliser toutes ses ressources pour ne pas être débordé (avec certains c'est illusoire, ils vous donnent l'impression d'avoir plus de membres que vous et que c'est quasi sans espoir).

Soit il est aussi circonspect que vous.

Commence alors un jeu d'observation où l'on tente de jauger l'adversaire, de le soupeser, où l'on simule éventuellement un coup juste pour le tester.

Attaquer, imaginer des enchainements, faire des feintes pour attaquer ailleurs, sauter, tourner, traverser l'aire pour se repositionner et déstabiliser, changer de main, se baisser brutalement, toutes les ressources sont mobilisées vers un seul but: la touche, atteindre le flanc, le mollet ou la tête de son adversaire tout en l'empêchant de faire pareil.

On a le cœur qui bat très vite, la respiration s'accélère, la transpiration tourne à l’aigre. On a parfois peur...

D'autre fois on ressent un sentiment de puissance. Le Graal c'est quand votre corps semble vous échapper, qu'il parait jouer de lui-même avec la vitesse, qu'on sent que l'on est celui qui mène la danse, qui déborde l'adversaire, qu’on le domine et qu’on va le vaincre.

Un assaut dure quelques minutes seulement, mais on en ressort épuisé et vidé par l'effort.

La griserie que ça peut procurer quand on se sent bien fait partie des sensations les plus fortes qu'il m'ait été donné d'éprouver.

Je suppose qu'on peut ressentir la même chose dans tous les sports, et que l’esprit de compétition doit s’approcher de ça...

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