mardi 19 janvier 2016

Musique (11): C. Jérôme

Quand j'étais môme, C. Jérôme faisait partie des meubles.

Chanteur populaire mais pas méga star, on le voyait dans beaucoup d'émissions de télé, ses mélodies sirupeuses passaient à la radio, et tout le monde le connaissait.

Au même titre que d'autres artistes de variété qui avaient cartonné dans les années 70, on l'associait souvent à la ringardise, à une époque ridicule.

Enfant, j'avais néanmoins aimé ses ritournelles romantiques et simples, et aussi et peut-être surtout la chaleur qui émanait de l'homme, que ce soit lorsqu'il chantait ou lorsqu'on le voyait en interview, dans des émissions, etc.

Il donnait l'image d'une espèce d'artisan modeste, respectueux de son public, chaleureux et sans prétention (sa biographie va d'ailleurs dans ce sens).

A l'adolescence, je le trouvais bien sûr "commercial", pas assez rebelle, ringard, pas engagé, etc. Même si je dois reconnaitre que, dans un petit coin, le personnage me restait sympathique.

Il est mort, emporté par un cancer à la cinquantaine, quand j'ai commencé à travailler.

Les média en ont un peu parlé, et on est passé à autre chose.

Et puis curieusement, il m'est arrivé récemment de penser à lui, et de regarder quelques-unes de ses chansons sur YouTube avec un peu de nostalgie.

Les mélodies restent sirupeuses, les paroles gentillettes et gnan gnan, mais j'y retrouve une certaine émotion.

En analysant, j'ai réalisé que ce dont j'étais nostalgique lorsque je l'écoutais, c'était d'une époque bien précise de ma vie.

Et que dans le sourire de C. Jérôme, dans ses costumes nazes et ses textes un peu niais, je revoyais un monde plus naïf, plus gentil, moins cynique.

En fait, ses chansons me ramènent dans le salon parental avec toute ma famille réunie devant un vieux tube cathodique pour regarder les émissions de l'époque, souvent animées par l'indestructible (et insupportable) Michel Drucker, et dans lesquelles se succédaient les "vedettes" de la variété française, comme on disait alors: Joe Dassin, Karen Cheryl, Serge Lama, Michelle Torr, Chantal Goya, Michel Sardou, Nicolas Peyrac...et C. Jérôme.

Dans des décors de paillettes et de carton pâte, et avec une animation fleurant bon l'amateurisme, toutes venaient pousser la chansonnette en playback, l'une après l'autre ou ensemble, avec des titres le plus souvent légers et sans autre prétention que de distraire.

Un jour, il y a quelques années, mon frère aîné m'avait dit qu'il en avait marre des titres "sérieux" du rap ou du rock, des chansons engagées et des dénonciateurs, et que cette variété innocente et sucrée de notre enfance lui manquait parfois.

Depuis, la même maladie que C. Jérôme l'a emporté et je comprends mieux ce qu'il voulait dire.

Bien sûr, le monde n'était pas mieux à l'époque de la variété reine, mais ce monde-là a pour moi l'odeur de l'enfance, et le Lorrain C. Jérôme fait partie de sa bande son, avec sa joie simple et ses mots gentils.

Où qu'il soit, qu'il en soit remercié.

Écouter (si, si)
- La chanson de Bénabar Maritie et Gilbert Carpentier évoque le style d'émissions dont je parle, même si j'étais trop jeune pour me souvenir de celles des Carpentier.

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