jeudi 13 octobre 2016

Cinéma (16): Eric Rohmer

Le cinéaste Eric Rohmer est né en Limousin en 1920 et mort à Paris presque 90 ans plus tard.

Après avoir commencé comme critique cinéphile, il s'est lancé dans la réalisation. On le rattache à la Nouvelle Vague, ce mouvement qui voulait renouveler la façon de filmer comme les thèmes abordés.

Je confesse un certain goût pour son cinéma singulier, que je vais tenter d'analyser (de manière totalement subjective).

J'aime son style épuré, ses relations humaines alambiquées, ses dialogues châtiés, ses personnages bavards et intellectuels qui déclament plus qu'ils ne parlent.

Je ne sais plus trop par quel film je l'ai découvert, ni combien j'en ai vus, mais je me souviens du Genou de Claire (1970), de L'amour l'après-midi (1972), de La collectionneuse (1967), de Ma nuit chez Maud (1974), et des Contes des quatre saisons (1990 à 1998), ainsi que du sensuel court-métrage La cambrure (1999).

Les relations amoureuses tiennent une très grande place chez Rohmer. On peut même dire que c'est le thème qui l'a préoccupé en priorité et autour duquel tourne l'essentiel de son œuvre.

Adultère, démon de midi, fantasme, idéalisme, hédonisme, fidélité, moralité...toutes les facettes en sont explorées dans ses films.

Ceux-ci sont tout sauf du cinéma d'action.

Il ne s'y passe pas grand-chose, des gens s'interrogent, discutent, réfléchissent, flirtent ou plutôt badinent pour employer un terme qui va mieux avec ce cinéaste pour le côté désuet et mondain du mot.

Chez lui on parle plus qu'on agit, et si l'on se cherche, c'est toujours avec délicatesse, raffinement et subtilité. Le langage est très important, très stylé, très recherché, quasi aristocratique.

De fait, quand je regarde un film de Rohmer, j'éprouve une sorte de sentiment d'"Ancien régime", un peu comme dans un musée raffiné où tout est lisse et beau, sans vulgarité.

Cette impression est renforcée par le fait que ses intrigues se passent souvent dans un milieu bourgeois, un peu intellectuel, dans de beaux endroits, notamment pendant les vacances. Il y a souvent aussi un côté provincial.

Un autre sentiment qu'il m'inspire, c'est l'ascèse.

Des acteurs généralement jeunes et peu connus (il en a d'ailleurs révélé quelques-uns, comme Fabrice Luchini ou Arielle Dombasle), pas d’esbroufe, pas ou peu de musique...ce n'est pas encore Robert Bresson, mais je vois comme une sorte de cousinage avec lui.

En tout cas, avec Rohmer, on est à des kilomètres de la super production: petits moyens, pas de plan complexes, pas de décors compliqués.

Cette économie de moyens participe à l'impression d'intimité qui se dégage de ses films, devant lesquels on a presque l'impression d'être voyeur (ce qui fait partie du charme).

Il semblerait d'ailleurs que cet espèce d'amateurisme ait été un choix artistique et que le cinéaste aimait s'entourer de débutants, qu'il s'agisse des techniciens ou des acteurs.

Il disait affectionner de tourner à l'économie pour être plus à l'aise et aussi pour rentrer plus facilement dans ses frais, ce qui lui garantissait une forme d'indépendance.

On dit qu'il y avait dans son œuvre une cohérence globale. Ainsi plusieurs de ses films sont regroupés thématiquement: Les contes moraux (6), Les contes des quatre saisons (4), Les comédies et proverbes (6).

Ceux que j'ai vus l'ont malheureusement été dans le désordre, mais il doit être intéressant de les visionner à la suite pour mieux ressentir cette cohérence.

Rohmer occupe une place à part dans mon cinéma, et de temps en temps j'aime regarder un de ses films, en solitaire et quasi religieusement, comme on apprécie un mets délicat.

ICI la preuve que je ne suis pas le seul à qui son univers manque.

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